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Bakounine et l'Etat

Publié le 15/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Bakounine et l'Etat Ce document contient 2131 mots soit 5 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Philosophie.

« On répondra que l'État, représentant du salut public ou de l'intérêt commun de tous, ne retranche une partiede la liberté de chacun que pour lui en assurer tout le reste.

Mais ce reste, c'est la sécurité, si vous voulez, cen'est jamais la liberté.

La liberté est indivisible : on ne peut en retrancher une partie sans la tuer tout entière.Cette petite partie que vous retranchez, c'est l'essence même de ma liberté, c'est le tout.

Par un mouvementnaturel, nécessaire et irrésistible, toute ma liberté se concentre précisément dans la partie, si petite qu'ellesoit, que vous en retranchez.

C'est l'histoire de la femme de Barbe-Bleue, qui eut tout un palais à sadisposition avec la liberté pleine et entière de pénétrer partout, de voir et de toucher tout, excepté unemauvaise petite chambre, que la volonté souveraine de son terrible mari lui avait défendu d'ouvrir sous peinede mort.

Eh bien, se détournant de toutes les magnificences du palais, son âme se concentra tout entière surcette mauvaise petite chambre ; elle l'ouvrit, et elle eut raison de l'ouvrir, car ce fut un acte nécessaire de saliberté, tandis que la défense d'y entrer était une violation flagrante de cette même liberté.

C'est encorel'histoire du péché d'Adam et d'Ève : la défense de goûter du Fruit de l'arbre de la science, sans autre raisonque telle était la volonté du Seigneur, était de la part du Bon Dieu un acte d'affreux despotisme ; et si nospremiers parents avaient obéi, toute la race humaine resterait plongée dans le plus humiliant esclavage.

Leurdésobéissance au contraire nous a émancipés et sauvés.

Ce fut, mythiquement parlant, le premier acte del'humaine liberté.

BAKOUNINE Introduction : Ce texte est extrait du troisième point (antithéologisme) qui relève d'une Proposition motivée au comité central de la ligue de la paix et de la liberté par Bakounine .

Fidèle au mouvement anarchiste dont il est l'un des pères fondateurs, Bakounine entend produire ici une critique de l'Etat au non de la liberté de l'individu.

La pierrecentrale de l'édifice est l'individu face à l'Etat qui le phagocyte.

Dans le premier point, Bakounine a évoqué lefédéralisme et dans le second le socialisme.

Ainsi le premier point est une défense du « salutaire principe du Fédéralisme , — principe dont les derniers événements dans les États-Unis de l'Amérique du Nord nous ont donné d'ailleurs une démonstration triomphante ».

Ce sera le modèle d'Etat qu'entend défendre la ligue.

Le second point sefait l'apologie du socialisme : « La seconde question pour le peuple est celle de loisir après le travail, condition sine qua non de l'humanité ; mais pain et loisir ne peuvent jamais être pour lui obtenus que par une transformation radicale de l'organisation actuelle de la société, ce qui explique pourquoi la Révolution poussée par une conséquencelogique de son propre principe, a donné naissance au socialisme ».

Enfin le point qui nous intéresse cristallise sur une critique virulente de la religion : « Après avoir exposé nos idées sur le Fédéralisme et le Socialisme , nous croyons devoir, messieurs, vous entretenir d'une troisième question, que nous croyons indissolublement liée auxdeux premières, c'est-à-dire sur la question religieuse ».

Et c'est au cours de ce débat avec la religion et sacomposition avec les institutions politiques que se pose la question du rapport de l'Etat et de la liberté.

Ainsi l'Etatest-il un oppresseur et c'est bien ce que montre la première partie de ce texte (du début jusqu'à « Par unmouvement naturel, nécessaire et irrésistible, toute ma liberté se concentre précisément dans la partie, si petitequ'elle soit, que vous en retranchez ») et cette démonstration sera illustrée longuement par un exemple (de « C'estl'histoire de la femme de Barbe-Bleue » à « la défense d'y entrer était une violation flagrante de cette mêmeliberté ») ce qui permet alors à Bakounine de redéfinir la liberté tout en retournant l'idée d'une chute originaire, doncd'une catastrophe pour l'humanité, en en faisant l'acte de naissance de la liberté humaine (de « C'est encorel'histoire du péché d'Adam et d'Ève » à la fin).

C'est suivant ces trois moments logiques que nous entendons rendrecompte du texte. I – la liberté inaliénable a) Afin de bien comprendre la première phrase il peut être utile de connaître sinon la doctrine de l'auteur en tantqu'il est anarchiste ou du moins la phrase qui précède directement cet extrait.

Bakounine vient de définir l'Etat après une longue analyse comme « là où commence l'État, la liberté individuelle cesse et vice-versa ».

Dès lors lapremière phrase est une réponse ou plutôt une objection qu'il se fait lui-même.

Il teste la valeur de l'argument qu'ilvient de proposer en convoquant la thèse adversaire pour mieux la combattre.

Pour ce faire, Bakounine reprend ladéfinition maintenant classique de l'Etat par la mission qu'il se donne.

L'Etat doit permettre la sécurité de tous et lacohabitation des différentes liberté.

L'Etat a donc pour but l'intérêt général qui n'est pas l'intérêt de l'individu commel'avait déjà mis en exergue la dualité de l'homme individu-citoyen chez Rousseau .

Ainsi, la règle suprême en matière de droit doit être « res publica suprema lex », le salut public est la loi suprême.

Cependant, pour que cela soitpossible, dans les théories du contrat, comme c'est le cas chez Hobbes , les individus doivent se soumettre au souverain.

Dans le passage de l'état de nature à l'état civil, l'homme troque une partie de ses limites pour les mettredans le fond commun afin de mettre fin à un état de guerre permanent. b) Il s'agit donc d'assurer la sécurité de tous et de permettre la propriété.

Les théories contractuelles montrentalors une métamorphose de la liberté dite naturelle, pouvoir de faire ce que veut, en liberté civile, liberté de faire ceque je dois vouloir.

Ainsi dans un cas tout est permis tandis que dans l'autre je dois jouer avec la contrainte de. »

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