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Autrui peut-il m'aider à me connaître?

Publié le 15/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Autrui peut-il m'aider à me connaître? Ce document contient 3007 mots soit 7 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Philosophie.

« Introduction: La connaissance de soi par soi semble vouée à l'échec.

Toutes les difficultés qu'elle présente se ramènent à celle-ci: dans cette entreprise, le sujet et l'objet ne font qu'un; celui qui tente de se connaître est à la fois juge etpartie.

Par conséquent, le caractère objectif d'une telle tentative peut être à bon droit mis en doute.

Mais pourpallier cet inconvénient, on pourra avoir l'idée de recourir à l'aide d'un tiers extérieur.

Je suis mal placé pourprétendre me connaître.

Autrui, peut-on espérer, pourra adopter un point de vue objectif sur moi-même et ainsime faire connaître qui je suis.

Cependant, il s'agit d'une idée paradoxale.

S'il est déjà si difficile de se connaîtresoi-même, comment autrui pourrait-il m'aider? I.

L'étranger Autrui, c'est l'autre, "celui qui n'est pas moi" (Sartre, l'Etre et le néant, III).

Certes, il m'est semblable, puisqu'ilest cependant un autre homme, un homme comme moi.

Mais c'est précisément ce qui me rapproche d'autrui qui,paradoxalement, m'éloigne de lui.

En effet, si nous sommes semblables, c'est que nous sommes tous deux douésde conscience.

Mais justement cela nous sépare de façon irrémédiable.

En effet, le domaine de la conscience estcelui de l'intériorité, une intériorité inaccessible et impénétrable pour l'autre.

Ma subjectivité est comme uneforteresse où je peux me réfugier et trouver la paix si l'on m'agresse.

Personne ne peut venir y troubler la paix queje décide d'y faire régner.

Pressé de questions, si je décide de garder le silence, personne ne pourra violer cetteintimité.

L'intériorité de la conscience est un refuge.

On peut bien m'obliger à faire ce que je réprouve, on ne peutpas contraindre mes pensées.

L'esclave peut ainsi rêver qu'il est libre. Mais "mon jardin secret est une prison" (Gaston Berger, Du prochain au semblable: esquisse d'une phénoménologiede la solitude).

En effet, ma subjectivité m'isole de façon irrémédiable.

Elle est à l'origine d'une solitudeessentielle, c'est-à-dire non pas due au hasard des circonstances, et à laquelle des circonstances plus favorablespourront mettre un terme, mais une solitude irréductible parce qu'elle tient à la nature même de l'homme.

Touthomme est nécessairement un étranger pour les autres.

Lévinas[Notice], dans Totalité et infini, en attribue lacause à cette "absence de patrie commune qui fait de l'autre l'Etranger".

Nous n'avons pas de "patrie commune",précisément parce que nous sommes deux consciences de soi.

De ce fait, chacun est intérieur à lui-même.

Entredeux intériorités, il n'y a pas de lieu commun, pas d'espace commun.

Entre autrui et moi, il y a une distance.Cette distance est absolue car elle est la distance qui sépare deux sujets.

Entre deux objets, la séparation n'estque relative, la distance est seulement spatiale, mesurable.

Même entre deux objets aussi éloignés qu'on voudra,la distance est relative.

Entre la Terre et une galaxie lointaine, la distance est considérable mais finie, limitée.Entre autrui et moi, la distance est infinie, absolue, incommensurable - impossible à mesurer.

La relation entre leshommes est donc à penser d'abord sur le mode de la séparation.

Toute communion (ne faire qu'un) est impossible.La communication elle-même et la connaissance mutuelle sont compromises.

Chacun est sujet de ses proprespensées.

Il est impossible d'être le sujet des pensées de l'autre, de penser à sa place.

Prendre conscience de soiest un acte solitaire.

De même, celui qui veut pratiquer l'introspection aura intérêt à fuir la compagnie des autres,qui ne pourrait que le détourner de soi, pour être seul avec lui-même.

Aussi bien, il est impossible d'éprouver ceque l'autre éprouve, de son propre point de vue, au point de coïncider avec ses émotions.

S'il donne les signes dela souffrance, on peut deviner ce qu'il éprouve, mais il est impossible de ressentir ce qu'il ressent.

Si c'est un amiqui souffre, j'en éprouverai de la pitié, il me fera de la peine, mais ce n'est pas là ce que lui ressent.

Il m'estimpossible de souffrir sa douleur.

S'il m'est cher, je souffrirai peut-être autant que lui, mais jamais de la mêmefaçon.

Dans ce genre de situation, ne sachant pas quoi dire, on lâche parfois un maladroit "je comprends" quiconstitue nécessairement un mensonge.

Seul dans la souffrance, je le suis aussi dans le plaisir.

DansUne vie, deMaupassant, Jeanne découvre avec inquiétude que son mari lui semble un étranger: "Elle sentait entre elle et luicomme un voile, un obstacle, s'apercevant pour la première fois que deux personnes ne se pénètrent jamaisjusqu'au fond de l'âme, jusqu'au fond des pensées, qu'elles marchent côte à côte, enlacées parfois, mais nonmêlées, et que l'être moral chacun de nous reste éternellement seul par la vie". Si autrui ne peut pas me comprendre, comment pourrait-il donc me connaître? Je ne peux pas compter sur lui pourme dire qui je suis.

Cependant, faut-il renoncer? Autrui est l'alter ego.

Il est l'autre.

Mais il est un autre moi.C'est-à-dire que comme moi, il est un sujet, un être doué de conscience.

De ce point de vue, il est tout de mêmemon semblable.

Voilà qui peut favoriser la connaissance.

D'autant plus s'il s'agit d'un ami car, selon. »

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