" Assassins !
Publié le 23/05/2020
Extrait du document
«
“ Assassins ! Buveurs de sang ! A mort ! Vive la
Révolution ! ” Les soldats qui injurient un général et lui arrachent
ses étoiles en ce début du mois de juin 1917 n’en peuvent plus.
Depuis un mois et demi, les actes d’indiscipline et de mutineries
prennent de l’ampleur.
Les incidents se multiplient entre Soissons et
Reims comme en Champagne.
Ce n’est pas un hasard.
C’est là que l’offensive voulue par le
général en chef Nivelle, en dépit des critiques, des réticences et des
doutes émis au sein même du haut commandement et du
gouvernement, a été catastrophique.
Les vagues d’infanterie,
lancées en avril vers le Chemin des Dames, ont été décimées par les
mitrailleuses ennemies.
Les chars, engagés pour la première fois, ont subi un massacre
entre Craonne et Berry-au-Bac.
Nivelle avait promis une avance des lignes d’une dizaine de
kilomètres.
Au soir de la première journée de bataille, c’est à peine
si l’on a avancé de 500 mètres.
Dans les jours qui suivent, l’armée
française compte 147 000 tués ou disparus.
Ce sont les journées les
plus sanglantes d’une guerre qui a commencé trois ans plus tôt.
Les poilus n’en peuvent plus de la boue, du pain qu’il faut
pendre à un fil au milieu de la cagna pour qu’il soit hors d’atteinte
des rats.
Ils n’en peuvent plus de devoir dormir avec des godasses
trempées, dans des capotes mouillées.
Ils n’en peuvent plus des
odeurs pestilentielles des excréments et du sang, du bruit terrible
des barrages d’artillerie et des cris des blessés tombés dans des
trous.
Les deux tiers de l’armée française signifient leur ranc œ ur.
Certains régiments sont prêts à monter sur Paris pour exiger la paix.
Pourtant aucune des unités qui est sur le front même ne bronche.
“ Nous ne sommes pas contre la guerre, mais contre cette manière
de faire la guerre ” affirment les soldats qui refusent de retourner à
la boucherie.
Les Conseils de guerre prononcent 554 condamnations à mort.
57 soldats sont passés par les armes.
Le 15 mai 1917, Nivelle a dû céder le commandement au
général Pétain.
Après qu’il a décidé l’arrêt d’une offensive vouée à
l’échec, qu’il a fait comprendre que la répression ne doit pas être.
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