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Arthur Rimbaud

Publié le 09/12/2021

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Tout le monde connaît Rimbaud, et nul ne sait rien de lui. Une image légendaire, qui tend à bientôt devenir une icône, voilà le Rimbaud qui encombre les manuels, les livres d'histoire et de morceaux choisis. On en a fait le fondateur d'un ordre quasi religieux, le fameux " ordre " symboliste : il a suffi de deux beaux contresens, l'un sur Bateau ivre, l'autre sur les Voyelles. Bien éloigné de représenter un poème symboliste, le Bateau ivre n'est qu'un lieu commun de la poésie parnassienne ; lisez le Parnasse contemporain : ce ne sont que bateaux saouls. Quant aux Voyelles, dont on fait le manifeste, ou l'évangile, de la prétendue audition colorée, lisez-les avec soin : les vers qui sont censés illustrer la voyelle U ne contiennent que des I : U cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ainsi des autres... Alors ! On en a fait un demi-dieu de la secte surréaliste : en isolant de l'oeuvre entier certains poèmes, les Mains de Jeanne-Marie, par exemple ; en divulguant plusieurs documents inconnus, Obscur et froncé, Un coeur sous une soutane, par autre exemple, Aragon et Breton ont dressé Arthur Rimbaud contre les trois tabous qu'il s'agit de violer : la religion catholique, l'amour de la patrie et la morale sexuelle. Mais leurs disciples atténuent la virulence de ces textes et s'efforcent d'attirer le poète vers la Kabbale et la Magie, moins directement dangereuses à nos sociétés.

« Arthur Rimbaud Tout le monde connaît Rimbaud, et nul ne sait rien de lui.

Une image légendaire, qui tend à bientôt devenir uneicône, voilà le Rimbaud qui encombre les manuels, les livres d'histoire et de morceaux choisis. On en a fait le fondateur d'un ordre quasi religieux, le fameux " ordre " symboliste : il a suffi de deux beauxcontresens, l'un sur Bateau ivre, l'autre sur les Voyelles.

Bien éloigné de représenter un poème symboliste, le Bateauivre n'est qu'un lieu commun de la poésie parnassienne ; lisez le Parnasse contemporain : ce ne sont que bateauxsaouls.

Quant aux Voyelles, dont on fait le manifeste, ou l'évangile, de la prétendue audition colorée, lisez-les avecsoin : les vers qui sont censés illustrer la voyelle U ne contiennent que des I : U cycles, vibrements divins des mers virides,Paix des pâtis semés d'animaux, paix des ridesQue l'alchimie imprime aux grands fronts studieuxainsi des autres...

Alors ! On en a fait un demi-dieu de la secte surréaliste : en isolant de l'oeuvre entier certains poèmes, les Mains deJeanne-Marie, par exemple ; en divulguant plusieurs documents inconnus, Obscur et froncé, Un coeur sous unesoutane, par autre exemple, Aragon et Breton ont dressé Arthur Rimbaud contre les trois tabous qu'il s'agit de violer: la religion catholique, l'amour de la patrie et la morale sexuelle.

Mais leurs disciples atténuent la virulence de cestextes et s'efforcent d'attirer le poète vers la Kabbale et la Magie, moins directement dangereuses à nos sociétés. On en a fait un catholique : sa vie (qu'on réduit à deux anecdotes suspectes : l'affaire du sale petit cagot, et laprétendue mort chrétienne) devient celle d'un fils repenti, puis d'un saint, parastate de sainte Jeanne d'Arc, frère desainte Thérèse d'Avila, annonciateur de la petite sainte Thérèse de Lisieux. On en a fait un fasciste, un bon Germain, un vrai Celte, l'anti-Virgile ; on en a fait un communard, un communiste,un stalinien ; on en a fait un bon bourgeois et de son existence une vie vraiment " charmante " (à cet homosexuel,on prête jusqu'à six maîtresses ; il n'est point mort de sa vérole, mais d'une synovite, d'une gangrène, ou d'unepiqûre d'épine) ; on en a fait un vrai voyou, le parangon des pervers, le héros de la drogue. Albert Camus a salué en Rimbaud un " aventurier de l'absurde ", Jean-Paul Sartre, un poète existentialiste qui " sechoisit " dans " l'angoisse ", Isidore Isou, l'arrière grand-père du lettrisme. Mieux encore, ou pis : on en a fait un dieu.

N'est-il pas né les yeux ouverts ? N'est-il pas " unique " ? Ne forme-t-ilpas, avec Lautréamont (mais avec Germain Nouveau, mais avec Hart Crane) un ou plusieurs couples dioscuriques ?N'a-t-il pas reçu le don des langues ? N'a-t-il pas prophétisé sa vie, sa mort, l'importance de la côte des Somalis, ladéfaite de Guillaume II, le plan de New York, les camps nazis de concentration, le mariage de sa soeur avec PaterneBerrichon ? N'avait-il point les traits mêmes de tout surhomme : un iris, des bras, une virilité, bref : tout surhumain ?N'a-t-il point incarné l'Ange Porte-Lumière, Lucifer ou Satan ? Cela parfois se discute.

Mais si l'on en vient à parfois douter de Rimbaud-Lucifer, c'est qu'on tient que Rimbauddouble Jésus ou l'améliore.

Né à Bethléem, on le trouve au milieu des docteurs, puis dans le désert, pour lesquarante jours d'épreuve, puis au Mont des Oliviers, puis sur la croix.

Orthodoxes et monophysites discutentâprement sur les deux natures ou non de Rimbaud-Jésus.

Les membres de sa famille peu à peu sont divinisés.

LeDieu Rimbaud, à qui l'on dresse des autels, pour qui l'on chante des prières, le Dieu Rimbaud, dont on vénère lesreliques, dont avec piété on imite l'existence, le Dieu Rimbaud, qui pour ainsi dire a fondé le sacrement de suicide(sacrement que s'administreront Jacques Vaché, René Crevel, Hart Crane, Rabearivelo, Jacques Rigaut, entreplusieurs) ; le Dieu Rimbaud, qui a fait deux miracles au moins, est aussi le Dieu Protée : voici qu'on l'associe aumythe bonapartiste, au culte de l'Empereur ; le voici embarqué sur le navire Argo, avec Jason et ses complices, maissur la caravelle où Colomb attend les Indes ; sur ces routes de l'aventure, il rencontre les grands maudits, etd'abord le Juif errant ; le Juif errant, c'est-à-dire Ismaël, c'est-à-dire Caïn, c'est-à-dire Prométhée, c'est-à-direenfin Icare ; le maudit bientôt se lie avec don Juan, ce maudit de l'amour, avec Faust, ce maudit de laconnaissance.

Bref, Rimbaud nous est tous les dieux.

Il a son propre comput : " Le temps des ASSASSINS " ; commel'écrit le poète Louis de Gonzague Frick :On proclame son aséité. Autant que les difficultés qu'on a voulu lire en ces textes, les fugues et les voyages de Rimbaud lui assurent dansles lettres et dans l'histoire des religions une place qu'il ne gardera pas. Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud naît à Charleville, le 20 octobre 1854, de Frédéric Rimbaud, officier sorti du rang,directeur d'un bureau arabe, qui ne put longtemps supporter le caractère de son épouse, née Vitalie Cuif, paysanneriche et bornée, bigote par surcroît.

Abandonné à l'influence d'une mère inculte, mais d'autant plus autoritaire, lejeune Arthur, qui se découvre un peu prodige, et la gloire de son collège, accumule en soi des forces de révolte queplusieurs fugues, et de nombreux poèmes qu'il écrit à seize ans, n'arrivent point à épuiser.

Son professeur derhétorique, Georges Izambard, lui fait lire Hugo et Rabelais.

Entre-temps, démangé du désir de gloire littéraire, le. »

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