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Analyse linéaire lettre persane 161, Montesquieu

Publié le 11/03/2024

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« Les lettres persanes, Montesquieu Lettres persanes de Montesquieu est un roman épistolaire (=composé de lettres) qui met en scène deux persans, Usbek et Rica, lors de leur voyage en Europe au début du XVIllème siècle. Le regard éloigné et faussement naïf que les deux persans portent sur l'Europe permet à Montesquieu de faire la critique des institutions et moeurs européennes.

Parallèlement, une autre intrigue se noue à Ispahan, dans le sérail d'Usbek. Les femmes du harem, dont la favorite d'Usbek, Roxane, se révoltent contre la tyrannie de leur maître.

Cette intrigue orientale permet d'approfondir la ré exion sur la liberté menée par Montesquieu dans l'ensemble du roman.

La dernière lettre de son roman, la lettre 161, est écrite par Roxane au sultan Usbek.

Cette lettre constitue l'excipit des Lettres persanes. C'est un moment stratégique pour Montesquieu qui va af rmer l'idée maîtresse de son ouvrage : créer un nouveau langage au service de la liberté, notamment des femmes. Comment Montesquieu se fait-il l'avocat de la condition féminine dans cette lettre 161 des Lettres persanes ? Nous étudierons deux mouvements dans ce texte.

Dans un premier temps, nous verrons que Roxane apparaît comme une héroïne tragique (Du début de la lettre 161 à « le droit d'af iger tous mes désirs ? »), puis, qu'à travers elle, Montesquieu se fait l'avocat de la condition féminine (De « Non! J'ai pu vivre dans la servitude » à la n de la lettre 161). fl fi fl fi Roxane ouvre sa lettre sur un aveu « Oui, je t'ai trompé ». L'adverbe « Oui » donne l'impression que Roxane répond à une question préalablement posée, ce qui suscite immédiatement l'attention du lecteur et donne l'impression d'une tirade de tragédie.

Les deux premières propositions forment un alexandrin, rythme qui plonge le lecteur dans l'univers de la tragédie classique : « Oui, je t'ai trompé ; j'ai séduit tes eunuques » .

Roxane se pose comme une héroïne tragique: l'allitération en «j» (« Je me suis jouée de ta jalousie ») montre l'omniprésence de la première personne du singulier.

Le champ lexical du plaisir situe l'intrigue tragique dans le domaine amoureux: «trompé », «séduit », délices », « plaisirs ». Très rapidement, la lettre de Roxane devient pathétique avec la phrase courte et minimale « Je vais mourir ».L'utilisation du futur proche (« vais mourir», « va couler ») suggère l'accomplissement d'un destin inéluctable.

Le lecteur assiste à l'accomplissement du destin tragique de Roxane par le jeu sur les temps verbaux: futur proche (« vais mourir») puis présent de l'indicatif (« Je meurs ») puis le passé proche (« Je viens d'envoyer »).

Selon les codes de bienséances de la tragédie classique, la mort de l'homme aimé n'est évoquée que par euphémisme.

C'est le cas ici lorsque Roxane écrit : « le seul homme qui me retenait à la vie n'est plus.

»Roxane évoque également la mort des gardiens meurtriers par une allusion qui relève d'un style précieux, euphémisant : « fi fl fi fi fi fl mais mon ombre s'envole bien accompagnée.

Je viens d'envoyer devant moi ces gardiens sacrilèges ». Roxane déploie également un style élégiaque et lyrique pour évoquer l'homme aimé notamment par l'hyperbole « le plus beau sang du monde »Le mode interrogatif (« Comment..

? ») rappelle le monologue tragique.

Le champ lexical de la liberté (« af iger », « servitude », « libre », « indépendance ») montre que l'enjeu de la lettre est d'af rmer l'indépendance féminine et la.... »

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