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analyse linéaire Arrias

Publié le 21/07/2025

Extrait du document

« ANALYSE LINEAIRE ARRIAS Mouvement 1: La Bruyère esquisse le portrait satirique d'un personnage pédant et egocentrique (ligne 1 à 4) Dans ces quelques lignes, La Bruyère entre directement dans le vif du sujet.

Il énonce les défauts ciblés.

Arrias ne fait pas l'objet d'un portrait physique, aucune information n'est donnée sur son apparence extérieure.

Il apparait ainsi comme un personnage désincarné.

Cela permet au lecteur de s'y identifier et de se projeter, et de laisser ses défauts (sa pédanterie et son ego surdimensionné) occuper tout l'espace du texte.

Ainsi, ses défauts donnent une allure caricaturale à ce portrait. Dès la première phrase, le ton est donné et le narrateur, subrepticement, laisse en laissant apparaître son point de vue, sans toutefois jamais l'imposer au lecteur. Dès la première ligne, le présent de l’indicatif « veut le persuader », « se donne pour tel », semble donner une dimension de vérité générale au portrait : Arrias est un personnage type qui représente un caractère, un stéréotype. La première phrase est saturée par le champ lexical de la tromperie qui met en évidence le masque que porte le personnage : « persuader », « se donne pour tel », « mentir », « paraître ».

Ce champ lexical permet à La Bruyère de dénoncer le caractère théâtral d’une société qui fonde tout sur le paraître. La répétition de l'adverbe « tout », la paronomase « lu »/ »vu », mais aussi la construction syntaxique parallèle vont dans le sens de l'hyperbole, de l'exagération. Cette dimension hyperbolique est renforcée par l'adjectif épithète « universel », qui laisse entendre qu'Arrias se targue de tout savoir, et qu'il aurait un savoir encyclopédique.

Ce savoir, toutefois, ne semble reposer sur rien.

Le champ lexical de l'illusion, l'hypocrisie avec les termes « veut persuader», « se donne pour tel », « mentir », « apparence », « paraître », se conjugue à un autre champ lexical, celui de la connaissance avec les termes « lu », « vu », « ignorer », « universel ».

Ces deux thématiques s'associent dans l'esprit du lecteur qui comprend que ce prétendu savoir est superficiel. Par ailleurs, la construction des toutes premières propositions de cette première phrase repose sur un mode binaire.

L'affirmation hyperbolique de son savoir est suivie d'une proposition qui en montre l'aspect superficiel. La démesure d’Arrias ne peut que déplaire au lecteur du XVIIème siècle influencé par l’esthétique classique et le modèle de l‘honnête homme, et se retrouve le comparatif de supériorité : « il aime mieux mentir que… » qui valorise le vice (« mentir ») au détriment de la vertu « se taire ». Mouvement 2 : Mise en situation du personnage d'Arrias (ligne 4 à 12) Après avoir esquissé les premiers traits du portrait d'Arrias, La Bruyère le met en action, puisqu'il le met dans une situation, qui ne fera que confirmer sur le mode de l'expérience, les traits de caractère déjà énoncés. Là encore, nous voyons que le moraliste installe le lecteur dans une posture d'observateur, et le laisse à même de juger.

Il l'accompagne, sans jamais imposer son point de vue.

Arrias se retrouve donc à la table d'un Grand, ce qui sera l'occasion de se montrer pédant, égocentrique, et même grossier. On observe tout d'abord l'absence de repères spatiaux temporels.

Le lecteur n'en sait pas beaucoup sur les circonstances de la situation.

Cet univers désincarné, qui rappelle celui des fables, laissera ainsi le loisir aux défauts d'Arrias de s'épanouir.

Ainsi, on remarque par exemple que les quelques indices dont nous disposons sont précédés d'articles indéfinis « une cour », « un grand », « une région ».

Cette indétermination donne des allures de fable à ce qui va être dit et octroie une dimension apologétique à cette saynète. Les convives, par ailleurs, ne sont quant à eux jamais nommés.

Ils sont tout juste désignés par le pronom personnel sujet à la 3e personne du pluriel « ils ».

L'hôte, quant a lui simplement désigné par la périphrase imprécise « un grand ».

Une façon de renforcer l'aspect désincarné des personnages, mais surtout, une manière de montrer comme ceux-ci « ne comptent pas », qu'ils ne sont que des figurants, et sont inexistants face à l'égo d'Arrias, qui seul nom prononcé. Aussi, on remarque que le champ lexical de la parole « parle », « parole » « dire », « discours », « récité », « historiettes » sature l'espace textuel.

Une façon de signifier au lecteur combien notre personnage monopolise la parole, en étalant ses connaissances. Ces connaissances sont bien sûr superficielles et approximatives, puisqu'il récite des « historiettes », ce qui laisse place à une dimension fictive avec le préfixe – ette, et qu'il ne dépasse pas le niveau de l'anecdote. Les propositions juxtaposées, le champ lexical de la parole témoigne toutefois d'une habileté, puisque sait se montrer volubile, et parler pour ne pas dire grand-chose.

Ces propositions, courtes, juxtaposées s'enchainent et s'accumulent, mimant formellement une superposition de savoirs supposés, aussi brefs que superficiels, et dénués de liens logiques, prononcés de manière presque mécanique. Par ailleurs, l'ensemble des propositions commence par le pronom personnel sujet à la 3e personne du singulier « il », ce qui témoigne de l'hyper-présence de son égo démesuré, puisqu'il est au centre de toute action. Par son comportement, se dessine en filigrane, le portrait de l'anti-honnête homme : Arrias se montre vaniteux quand l’honnête homme sait se faire discret et mesuré.

Il est égocentrique alors que l'honnête homme s'emploie à mettre en valeur son interlocuteur, Arrias prend la parole sans jamais la laisser aux autres, quant l’honnête homme manie l'art de la conversation.

Il bafoue toutes les règles de bienséance, n'hésitant pas à interrompre autrui, ou encore à rire de ses propres plaisanteries.

Il se montre par ailleurs volontiers grossier, puisqu'il aborde à table la question des « femmes du pays ». Mouvement 3 : Chute de la saynète et d’Arrias : révélation des mensonges d’Arrias (ligne 12 à15) Un élément perturbateur, désigné par le pronom indéfini « quelqu'un », qui reflète encore une fois le caractère anonyme de tout ceux entourent Arrias, vient interrompre la logorrhée verbale de notre personnage.

Cette intervention est mentionnée de manière brève et efficace, ce qui contraste avec le flot de paroles débité par Arrias..... »

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