Algérie 2005-2006: Une « réconciliation » pour le moins expéditive
Publié le 10/09/2020
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«
Encyclopédie de l'État du monde
Algérie 2005-2006
Une « réconciliation » pour le moins expéditive
La charte présidentielle « pour la paix et la réconciliation »
Annoncé en août 2005 par le président Abdelaziz Bouteflika, le référendum
populaire, organisé le 29 septembre suivant, a débouché sur l’adoption de la
charte « pour la paix et la réconciliation nationale », officiellement par 97,36
% des votants (pour une participation de 82 %).
Le président a été soutenu,
durant la campagne, par les partis de l’Alliance présidentielle : Front de
libération nationale (FLN), Rassemblement national démocratique (RND) et
Mouvement de la société pour la paix (MSP).
L’opposition, écartée des débats, a
contesté ces résultats et dénoncé la fraude électorale.
Au niveau international,
la France a qualifié la consultation de « démocratique », tandis que les
États-Unis, tout en regrettant que le débat n’ait pas été plus large, ont
déclaré respecter la « décision du peuple algérien ».
Si l’intitulé du texte ne pouvait qu’emporter l’adhésion d’Algériens éprouvés
par la longueur du conflit, les modalités de l’opération sont restées à la
discrétion de l’exécutif.
La charte avait pour ambition de « tourner la page »
des années de guerre, en réhabilitant les centaines de milliers de personnes
considérées, à des degrés divers, comme victimes de la « tragédie nationale ».
Mais ce texte, en excluant toute recherche de la vérité, en particulier quant
aux responsabilités dans les crimes perpétrés, a posé plus de problèmes qu’il en
a résolu, à commencer par celui de l’impunité.
Les acteurs étatiques, ou ceux
qui s’étaient mis au service de l’État, ont été exempts de toute poursuite.
Quant aux acteurs non étatiques, la démarche visant à identifier, parmi eux,
victimes et criminels a été monopolisée par la Présidence et ses services.
Tout
examen de la vérité, en dehors de ce dispositif, s’est trouvé par conséquent
interdit, éliminant ainsi le travail effectué par les organisations non
gouvernementales (ONG), pour recueillir preuves et témoignages.
Classées en
quatre catégories (victimes du terrorisme, victimes de l’État, disparus,
repentis des groupes armés) et recensées sur la base d’informations délivrées
par la police ou d’enquêtes menées par les services de sécurité et de
gendarmerie, les victimes se voyaient appliquer des traitements différenciés :
extinction ou commutation de peine pour les prisonniers, amnistie pour les
exilés et ceux qui rendirent les armes, indemnisation pour les familles de
victimes, certificat de décès pour les « disparus », acte d’état civil pour les
enfants nés dans le maquis, etc.
En principe, seuls les coupables de crimes de
sang étaient exclus de l’amnistie.
Pour appliquer la charte, une lourde machine
bureaucratique a été édifiée, opaque et inhumaine, ouverte à tous les abus et à
toutes les manipulations, broyant indistinctement victimes et coupables en une
masse confuse, ce qui a aggravé, parmi la population, le sentiment
d’humiliation, d’arbitraire et d’injustice.
Parallèlement, les autorités ont affirmé leur détermination à intensifier la
lutte antiterroriste et à renforcer la coopération internationale dans ce
domaine, justifiant ainsi le maintien de l’état d’urgence et la restriction des
libertés individuelles et collectives.
Et ce malgré une diminution notoire des
actes de violence : la police judiciaire a déclaré n’avoir enregistré, en 2005,
aucun acte terroriste dans la capitale.
En mars 2006, le comité des droits de
l'homme des Nations unies a déclaré l'État algérien coupable de graves
violations relatives aux disparitions forcées.
Élections partielles en Kabylie
En Kabylie, le gouvernement a organisé, le 24 novembre 2005, des élections
partielles pour remplacer les élus locaux, qu’il avait révoqués suite à un
accord passé avec une faction du mouvement des arouch (assemblées «.
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