Algérie 1999-2000 Les limites de la politique de "concorde civile"
Publié le 10/09/2020
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Algérie 1999-2000
Les limites de la politique de "concorde civile"
L'"effet Bouteflika" n'aura pas vraiment eu les résultats escomptés, ni pour
l'homme politique lui-même - élu à la magistrature suprême le 15 avril 1999, à
l'issue d'un scrutin contesté par ses six adversaires qui s'étaient retirés à la
veille du vote "pour dénoncer les fraudes" -, ni pour la société - avide avant
tout de paix et d'une amélioration de ses conditions de vie tant sur le plan
social qu'économique.
Un an après son élection à la présidence algérienne,
Abdelaziz Bouteflika était toujours confronté aux violences des groupes
islamistes armés radicaux refusant sa politique de réconciliation nationale, et
aucune réforme n'avait été engagée pour remettre à flots une économie délabrée
par un passage brutal au libéralisme imposé par le FMI et par une décennie de
guerre civile larvée.
Son arrivée à la tête de l'État avait pourtant soulevé des
espoirs au sein de la population, dont une partie voyait en lui l'homme capable
de mettre fin aux tueries et aux attentats qui, de sources officielles, ont
provoqué la mort de plus de 100 000 personnes, fait un million de victimes et
causé quelque 20 milliards de dollars de dégâts depuis 1992.
Soutenu par le sérail restreint des "décideurs" militaires, le cinquième
président élu de l'Algérie post-indépendance s'est d'emblée attaché à restaurer
l'unité sociale du pays en promouvant une politique de "concorde civile" et en
donnant une "légalité" à des accords qui auraient été conclus, avant son
élection, entre la hiérarchie de l'Armée nationale du peuple (ANP) et les
islamistes armés (AIS - Armée islamique du salut -, branche armée du Front
islamique du salut - FIS dissous).
L'attitude de l'AIS et du FIS
Le 6 juin 1999, l'AIS, en trêve unilatérale depuis octobre 1997, a annoncé par
la voix de son chef, Madani Merzrag, qu'elle déposait les armes, se plaçait sous
l'autorité de l'État et appelait à l'arrêt des violences.
Il était relayé, six
jours plus tard, par le chef historique du FIS, cheikh Abassi Madani, donnant
ainsi à la décision de l'AIS la caution politique du parti islamiste.
Le 8
juillet, la loi sur la "concorde civile" était adoptée à une très forte majorité
par le Parlement.
Elle a été massivement approuvée (98,63 %) lors du référendum
du 16 septembre suivant, qui a pris l'allure d'un "plébiscite" pour le président
de la République.
Cette loi, appliquée du 13 juillet 1999 au 13 janvier 2000,
prévoyait une amnistie partielle ou totale des islamistes armés non coupables de
crimes de sang et de viols et n'ayant pas déposé de bombes dans les lieux
publics.
Quelque 1 800 islamistes armés ont bénéficié de cette amnistie, qui a été suivie
d'une autre, s'appliquant à près de 2 500 combattants de l'AIS.
Par ailleurs,
comme gage de sa bonne volonté et malgré les réticences de partis et
d'associations s'inscrivant dans la mouvance laïco-républicaine, le président
Bouteflika avait fait procéder à la libération de plus de 10 000 sympathisants -
ou considérés comme tels - des islamistes armés, croupissant dans les prisons
surpeuplées, à la suite de procès bâclés.
Tous ces gestes n'ont pas abouti à un vrai retour de la sécurité.
Le pays est
demeuré en proie à des assassinats et à des tueries, bien que la violence ait
notablement baissé et que les grandes villes soient apparues désormais
épargnées.
Ces violences ont été attribuées par la presse algérienne aux Groupes
islamistes armés (GIA) d'Antar Zouabri et aux Groupes salafistes pour la
prédication et le combat (GSPC) de Hassan Hattab.
Depuis la fin du calendrier
d'application de la loi sur la "concorde civile", le 13 janvier 2000, et selon
un décompte établi par les médias locaux, ces groupes auraient assassiné plus de
500 civils et militaires..
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