Alchimie du verbe
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
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Objet d’étude : « Ecriture poétique et quête du sens, du moyen âge à nos jours »
Séquence 4 : Le poète enchanteur
Lecture analytique n°3 : « Alchimie du verbe » d’Arthur Rimbaud, du recueil Une saison en enfer (1873).
Introduction
1) Présentation : auteur, époque, courant
Arthur Rimbaud naît en 1854, brillant élève, à l’adolescence, il rejette l’ordre établi et fugue à plusieurs reprises à
Paris et en Belgique.
Il abandonne les études et se tourne vers la poésie, entre 1870 et 1871, les poèmes de cette
époque ont été rassemblés après sa mort, en un recueil intitulé Poésies.
Sur l’invitation de Verlaine, il revient à
Paris mais il n’est pas bien accueilli dans les milieux littéraires où Verlaine l’introduit à cause de sa révolte,
perçue comme arrogante.
Les deux poètes partent en Belgique puis en Angleterre, leur voyage s’achève en 1873
après une dispute lors de laquelle Verlaine blesse Rimbaud par un coup de pistolet.
Rimbaud retourne dans sa
maison familiale où il termine son recueil Une saison en enfer en 1873.
Les poèmes en prose du troisième recueil
Illuminations , sont vraisemblablement composés entre 1873 et 1875.
Rimbaud n’a quasiment pas été publié de son
vivant, à part quelques poèmes dans des revues et le recueil Une saison en enfer , qu’il fait publier en Belgique en
1873, les autres publications sous forme de recueils lui sont posthumes.
En 1880, après plusieurs années d’errance
en Europe, Rimbaud part pour l’Abyssinie (ancien nom de l’Ethiopie) où il exerce différentes activités
commerciales, mais il est rapatrié à Marseille en 1891, blessé, et y meurt peu de temps après de la gangrène.
2) Présentation : œuvre (genre, contenu, message, fonction) : Une saison en enfer , est le 2e recueil de Rimbaud,
après celui de Poésies et avant celui des Illuminations .
Rimbaud y retranscrit une crise morale et poétique, comme
le laisse entendre la force de son titre avec le nom « enfer ».
3) Présentation : extrait (contenu, genre, forme de discours dominante, autre spécificité) :
- Titre : « Alchimie du verbe », « verbe » : au sens biblique : la parole, et par extension la langue, le langage,
« alchimie » : science occulte, secrète, qui veut transformer des métaux en or.
Le texte semble annoncer la
recherche d’un langage nouveau, mais cette quête appartient déjà à une période passée et révolue pour le poète.
- Le texte est rédigé en prose.
- Cet extrait-ci constitue la deuxième partie d’un poème intitulé « Délires ».
- Récit rétrospectif, énoncé à la 1 ère
personne du singulier, pouvant être considéré comme autobiographique, où
Rimbaud revient sur une période de sa vie en exposant ses conceptions d’alors, sur l’art et sur son écriture.
- Cet extrait-ci comporte des coupures, notamment à l’endroit de poèmes que Rimbaud a insérés dans son discours
autobiographique.
4) Lecture du texte.
5) Annonce de la problématique : nous demanderons dans quelle mesure ce texte « L’Alchimie du verbe » traduit-
il les conceptions esthétiques de Rimbaud.
6) Annonce du plan : pour répondre à cette question, nous observerons tout d’abord comment ce poème exprime
une remise en cause des critères de l’art reconnu à son époque, puis nous tenterons de définir de quelle recherche
d’un langage nouveau il est question, enfin nous étudierons le regard rétrospectif que porte Rimbaud sur ses
propres expériences, de la vie et de l’écriture.
Développement
1) Une conception esthétique de Rimbaud apparaît tout d’abord par la remise en cause des critères de
l’art reconnu à son époque
A.
En effet, Rimbaud rejette les artistes reconnus de son époque en poésie et en peinture
l.
2 et 3 : « je [...] trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne ».
Ces artistes
reconnus à son époque sont désignés par le groupe nominal : « les célébrités de la peinture et de la poésie
moderne ».
L’adjectif « dérisoires », est introduit par le verbe de jugement « je trouvais ».
Rimbaud montre qu’il
n’accorde aucune valeur aux artistes reconnus de son époque par cet adjectif, qui, en antithèse avec le nom
« célébrités », crée de l’ironie, et le met en valeur en le plaçant avant et non après le groupe nominal qu’il
caractérise.
Ce groupe nominal, révèle aussi le désintérêt de Rimbaud, car il est généralisant (par l’article défini au
pluriel et ce nom « célébrités ») alors qu’il est suivi a contrario par une énumération détaillant ses goûts.
B.
Rimbaud affirme en contre partie ses goûts esthétiques
l.
4 à 7 : Rimbaud énumère ses références relevant de l’art naïf et populaire : « peintures idiotes », « dessus de
portes », l’adjectif « idiotes » peut être compris selon différents sens, il peut exprimer le point de vue dévalorisant
de personnes n’accordant de valeur qu’aux peintures sur tableaux, d’artistes reconnus, ou encore, au sens de
« peintures simples », assumées et appréciées à cette époque sur laquelle il revient, comme telles par Rimbaud, car
l’origine grecque de « idiot », signifie «tout un, et donc simple », peintures sans prétention, appréciées pour leur
modestie.
Cette énumération contient d’ailleurs l’adjectif « populaire », au sens noble du terme : « enseignes,
enluminures populaires », au sens de savoir faire d’artisan, savoir-faire d’homme du peuple et apprécié par le
peuple, comme pour la confection des enseignes ou des enluminures qui sont des œuvres d’artisan, qui sont bien.
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