Albert le Grand
Publié le 16/05/2020
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Albert le Grand1206-1280 Albert de Bollstädt ou Albert le Grand, qui est avec saint Thomas le représentant le plus illustre de l'Ordre desDominicains au XIIIe siècle, se donna pour but d'introduire dans la culture chrétienne, sous les auspices duPéripatétisme, la science grecque, arabe et juive dont on découvrait alors toute la richesse.
On divisehabituellement son œuvre en quatre parties : la Summa de creaturis (1245-1250), le Commentaire des sentences , de la même époque, un groupe de 21 traités où il expose l'ensemble du Péripatétisme (de 1250 à 1270 environ) et la Summa Theologica (1270).
En fait, Albert le Grand a de la philosophie péripatéticienne une idée fort large : il accueille, en effet, comme représentants de l'École, après Aristote, tout à la fois, Alexandre d'Aphrodisias,Thémistius, Porphyre, Denys l'Aréopagite, les Arabes (sauf Averroès), des Juifs comme Moïse Maimonide, etc.
C'estprobablement cette soif de savoir qui a conduit Albert à transformer les rapports entre la philosophie et la théologie.Sans doute le dernier mot reste-t-il toujours à la théologie, au dogme révélé ; mais les droits de l'analysephilosophique sont jalousement sauvegardés.
Par exemple à propos du problème de la création du Monde : sur leplan du dogme, Albert admet, avec saint Augustin, que le Monde a été créé par un acte volontaire de Dieu ; maisdès qu'il parle en philosophe, il attaque vivement l'augustinisme et accorde sa préférence à une explication“ péripatéticienne ”, en réalité néo-platonicienne, d'après laquelle la création procède de Dieu selon un ordrenécessaire, sans acte créateur.
De plus commencent à se circonscrire certains domaines (physique, médecine,etc.), où prévaudra désormais une analyse purement conceptuelle, donc philosophique et non théologique.
ToutefoisAlbert le Grand n'est pas simplement un compilateur ou un commentateur ; les doctrines qu'il rencontre nes'accordent pas toujours avec les dogmes chrétiens, et il lui faut chercher des solutions originales.Témoin l'immortalité individuelle de l'âme qu'Albert soutient vigoureusement contre Averroès ; si l'on admet en effetavec Aristote que la matière est le seul principe d'individuation, il est impossible de soutenir philosophiquement l'idéed'une destinée individuelle post mortem pour chaque âme ou chaque intelligence humaine.
Aussi Albert cherchera-t-ilun principe d'individuation à l'intérieur de l'intelligence elle-même : il distinguera l'intellect possible , sorte de donnée initiale brute, qu'il nomme (d'après Proclus) une “ hyliathis ” ou quasi-matière, et l'intellect agent , lumière venue de Dieu, qui ne nous appartient donc pas, et qui façonne l'intellect possible.
C'est sur ce dernier, une fois qu'il aura étéconduit de puissance en acte par l'intellect agent, que reposera l'immortalité individuelle.
Il était naturel que cetteœuvre si variée exerçât une influence durable, et sans parler de saint Thomas, on peut, de fait, en suivre les tracesjusqu'aux grands mystiques rhénans, Maître Eckhart et Nicolas de Cues..
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