Albert le Grand1206-1280Albert de Bollstädt ou Albert le Grand, qui
Publié le 22/05/2020
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Albert le Grand
1206-1280
Albert de Bollstädt ou Albert le Grand, qui est avec saint Thomas le représentant le plus
illustre de l'Ordre des Dominicains au XIIIe siècle, se donna pour but d'introduire dans la
culture chrétienne, sous les auspices du Péripatétisme, la science grecque, arabe et juive
dont on découvrait alors toute la richesse.
On divise habituellement son œ uvre en quatre
parties : la Summa de creaturis (1245-1250), le Commentaire des sentences , de la même époque,
un groupe de 21 traités où il expose l'ensemble du Péripatétisme (de 1250 à 1270 environ) et
la Summa Theologica (1270).
En fait, Albert le Grand a de la philosophie péripatéticienne
une idée fort large : il accueille, en effet, comme représentants de l'École, après Aristote,
tout à la fois, Alexandre d'Aphrodisias, Thémistius, Porphyre, Denys l'Aréopagite, les
Arabes (sauf Averroès), des Juifs comme Moïse Maimonide, etc.
C'est probablement cette
soif de savoir qui a conduit Albert à transformer les rapports entre la philosophie et la
théologie.
Sans doute le dernier mot reste-t-il toujours à la théologie, au dogme révélé ;
mais les droits de l'analyse philosophique sont jalousement sauvegardés.
Par exemple à
propos du problème de la création du Monde : sur le plan du dogme, Albert admet, avec
saint Augustin, que le Monde a été créé par un acte volontaire de Dieu ; mais dès qu'il
parle en philosophe, il attaque vivement l'augustinisme et accorde sa préférence à une
explication “ péripatéticienne ”, en réalité néo-platonicienne, d'après laquelle la création
procède de Dieu selon un ordre nécessaire, sans acte créateur.
De plus commencent à se
circonscrire certains domaines (physique, médecine, etc.), où prévaudra désormais une
analyse purement conceptuelle, donc philosophique et non théologique.
Toutefois Albert
le Grand n'est pas simplement un compilateur ou un commentateur ; les doctrines qu'il
rencontre ne s'accordent pas toujours avec les dogmes chrétiens, et il lui faut chercher des
solutions originales.
Témoin l'immortalité individuelle de l'âme qu'Albert soutient vigoureusement contre
Averroès ; si l'on admet en effet avec Aristote que la matière est le seul principe
d'individuation, il est impossible de soutenir philosophiquement l'idée d'une destinée
individuelle post mortem pour chaque âme ou chaque intelligence humaine.
Aussi Albert
cherchera-t-il un principe d'individuation à l'intérieur de l'intelligence elle-même : il
distinguera l'intellect possible , sorte de donnée initiale brute, qu'il nomme (d'après Proclus)
une “ hyliathis ” ou quasi-matière, et l'intellect agent , lumière venue de Dieu, qui ne nous
appartient donc pas, et qui façonne l'intellect possible.
C'est sur ce dernier, une fois qu'il
aura été conduit de puissance en acte par l'intellect agent, que reposera l'immortalité
individuelle.
Il était naturel que cette œ uvre si variée exerçât une influence durable, et
sans parler de saint Thomas, on peut, de fait, en suivre les traces jusqu'aux grands
mystiques rhénans, Maître Eckhart et Nicolas de Cues..
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