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Alain Borne, « Printemps » extrait des Poèmes à Lislei. Commentaire

Publié le 19/12/2021

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« S'il est une saison qui inspira les poètes, c'est bien le printemps et ses floraisons qui inaugurent celles de la poésie, ses chants qui sont déjà des poèmes. Mais Alain Borne, dans « Printemps » extrait des Poèmes à Lislei, ne peut évoquer la beauté sans l'associer à la douleur. En effet, les six strophes du poème sont sous le signe de la grâce de toutes choses au printemps ; mais, en même temps, l'on y décèle la présence pesante de la guerre.

Au- delà de la référence historique, le poète a une visée métaphysique et transcrit pour nous le néant du monde. Le texte s'offre comme le développement de son titre : « printemps ».

Le terme revient d'ailleurs au vers 7 avant d'être précisé à la strophe 4 : nous sommes au mois de « mai » (v.

18). La caractéristique de ce printemps est la renaissance de la nature.

Le premier vers attribue à Dieu ce phénomène de recommencement : « Dieu récrit la nature.

» Mais c'est surtout la floraison qui tisse le texte, ce cycle vital qu'exprime l'éclosion du « lilas blanc » (v.

7), des « marronniers » (v.

9), et ces fleurs sans nom pleines de «pollen» (v.

15).

La métaphore florale désigne aussi les astres de la dernière strophe, devenus « tiges de lumière en quête d'un fruit » (v.

23). Le lien entre tous ces éléments est le « vent léger » (v.

14), respectueux de ce printemps puisqu'il « laisse aux fleurs leur pollen » (v.

15). Cette végétation fleurie n'est animée que d'un oiseau, les « colombes » (v.

6) qui ont toujours été les préférées d'Alain Borne.

Les humains sont évoqués légèrement par le possessif singulier de l'individualité, « ma vie » (v.

3) ; par la dualité que suppose « l'amour » (v.

2 et 18) ; par le pluriel collectif « des hommes » (v.

24). Pourtant, malgré le manque de présences plus tangibles, le texte est empreint de sensualité.

Lors des deux mentions de l'amour apparaît l'adjectif « douce » (v.

2 et 19) qui suggère une tendresse physique puisque l'eau est «douce aux paumes» (v.

19), de la même façon que les « mains de mousseline » (v.

6) appellent la légèreté. Car tous les sens du poète sont sollicités dans cette évocation du printemps.

La vue ne paraît pas la plus importante, et deux couleurs seulement sont significatives de cette nature renaissante : le «blanc» (v.

7) du lilas et des colombes que le substantif « ailes » (v.

7) permet de confondre et qui fait pâlir la campagne (v.

4) ; l'autre teinte est « l'or de mai » (v.

18) qui désigne le soleil.

Nous verrons comment le sang pervertit cette vision virginale du printemps.

La troisième strophe est celle de l'ouïe et nous fait osciller des « fêtes du silence » (v.

12) au « sable chanteur » (v.

10).

Si le « lilas blanc » (v.

7) contient en soi son parfum, le vent se dote lui aussi d'une « odeur » (v.

4).

Les sensations tactiles enfin complètent cette synesthésie par le contact délicat de la « mousseline » (v.

6), du « chemin tiède » (v.

5), et le « piège » que « tresse » l'eau, « si douce aux paumes » (strophe 5).

L'allitération en [s] qui parcourt cette strophe souligne la douceur du toucher.

Le [f] du mot « fées » (v.

20), à la fin de la strophe, en est un écho assourdi et le [e] muet prolonge cet effet sonore. La campagne évoquée dans le poème est baignée de délicatesse.

Mais les événements se calquent sur le cycle des saisons : ce printemps mêle sa floraison à l'émergence de la guerre. La présence de la guerre est manifeste dans un certain nombre d'éléments spécifiques qui parcourent le poème comme une litanie.

Le mot « sang » est récurrent : aux strophes 1, 2, 4 et 6.

Il est relayé par la « musique morte » dans la strophe 3.

Ainsi, seule la strophe 4, strophe de l'amour et des fées, échappe à l'emprise du sang.

Le mot est rendu plus puissant par la construction grammaticale du complément de nom, intrinsèquement lié à des substantifs : « songe de sang » (v.

3), « vent de sang » (v. 16), « fruit de sang » (v.

24).

Au vers 9, c'est l'image qui lui donne cette force, animant les marronniers qui sont « en sang », comme s'ils étaient des hommes.

Le substantif « sang » se trouve par ailleurs toujours à des places importantes du vers, soit à la fin où il rime avec « vent » (v.

3), soit à la césure de l'alexandrin (v.

9) ou des octosyllabes (v. 16 et 24).

La guerre ensanglante donc et surtout représente un fardeau mis en valeur par la force des verbes : « la musique morte s'écrase dans le bruit » (v.

13), ce que souligne l'allitération en [r] ; et le vent « plombe nos vies» (v.

17).

Faut-il y voir non. »

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