44H ISTOIRE D E L A L ITTÉRATURELe l yrisme c ourtois.

« 1 / 2 44 HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE Le lyrisme courtois.

Si l'homme a besoin de raconter et d'écouter des histoires, il a besoin aussi d'exprimer ses sentiments -et c'est la poésie lyrique personnelle- ou d'évoquer, de chanter ses émotions ou celles de ses contemporains en face des événements - et c'est le lyrisme imper­ sonnel.

Le lyrisme est né en France dès le xie siècle, mais il s'est alors servi de la langue latine et de la langue d'oc.

Nous laissons de côté les œuvres écrites dans ces deux langues, nous limitant à la littérature d'expression française.

Le Limousin est la terre d'origine, puis d'élection, des troubadours et du lyrisme appelé pro­ vençal, d'un nom bien trompeur.

C'est, en effet, Guillaume IX (1071-1127), comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, qui rassembla à sa Cour divers poètes, attirés par sa magnificence et son goût pour les choses de l'esprit; il fut lui-même notre pre­ mier lyrique.

Non, sans doute, qu'il invente ce genre : ces poèmes qui s'ouvrent alors par une salutation au printemps, semblent avoir leur origine dans ces rondes de mai, populaires manifestations chantées de la joie du renouveau; quant à l'inspiration, faite de l'idéalisa­ tion de la femme, de la soumission de l'homme, elle semble venir des Arabes.

Quoi qu'il en soit, la poésie lyrique à ses débuts est avant tout caractérisée - et c'est ce qui justifie son nom - par l'union des vers et de la musique.

Elle est par conséquent composée de strophes toutes pareilles, permettant d'utiliser chaque fois la même musique.

C'est dire que la technique du vers doit être fort savante.

Le sentiment, lui aussi, semble obéir à une sorte de code rigoureux qui fait instinctivement douter de sa sincérité.

Il s'agit toujours de l'espoir irréalisable de conquérir une femme inaccessible, par la différence des conditions sociales, les liens du mariage, le qu'en­ dira-t-on.

Ne pouvant espérer une satisfaction véritable le poète ne peut connaître que l'espoir ou la souffrance; mais l'espoir suffit à son bonheur, et sa souffrance amoureuse n'est pas sans noblesse à ses yeux.

Si, chez 2 / 2. »