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OUBLI

OUBLI, n.m. (lat. oblivio « action d'effacer le souvenir »). ♦ 1° Disparition provisoire du champ de la conscience de tout ce qui, dans nos souvenirs et notre savoir, n'est pas utile à la situation présente. Cette disparition fait partie du fonctionnement normal de la mémoire, qui est sélectif. ♦ 2° Perte d'un certain nombre de souvenirs. Le problème est de savoir s'il y a réellement perte, ou simplement absence de rappel. Selon Bergson, la perte des souvenirs n'est qu'apparente ; un souvenir n'est jamais détruit, mais on peut se trouver dans l'impossibilité de l'évoquer. ♦ 3° Dysfonctionnement de la mémoire, qui n'évoque pas le souvenir au moment où nous voudrions qu'elle le fasse (oubli d'un rendez-vous, d'une tâche que nous devions accomplir). Ou impossibilité d'évoquer un souvenir, par exemple un nom, une adresse, alors que nous sommes conscients d'en avoir connaissance. Personne n'échappe à ces oublis, s'ils sont exceptionnels et momentanés. ♦ 4° Phénomènes pathologiques consistant dans l'impossibilité soit de mémoriser (oubli immédiat), soit d'évoquer telle ou telle catégorie de souvenirs. On appelle ces maladies de la mémoire des amnésies. ♦ 5° Disparition de la mémoire collective, par manque d'intérêt (personnages, usages tombés dans l'oubli). ♦ 6° Détachement, absence totale d'égoïsme (oubli de soi). ♦ 7° La psychanalyse s'est intéressée aux oublis. Elle a vu, dans certains d'entre eux des réactions de défense du sur-moi. Ces cas sont, en réalité, des refoulements. La vie subconsciente du souvenir « oublié » peut être génératrice de névroses et la cure psychanalytique consiste précisément à les ramener à la conscience.

OUBLI Défaillance normale de la mémoire qui ne parvient pas à rappeler un souvenir. Certains théoriciens (Bergson notamment) admettent toutefois que ce dernier serait en réalité conservé - sauf dans les cas pathologiques d’amnésie où la capacité même de fixer les souvenirs peut être atteinte. Nietzsche conçoit l’oubli comme pouvoir actif chargé de maintenir l’équilibre et la tranquillité de l’esprit et capable de faire table rase dans notre conscience : sans cette faculté positive d’oubli, nulle jouissance de l’instant présent ne saurait exister. Ainsi, chez l’homme, « animal nécessairement oublieux », l’oubli serait le signe d’une santé robuste. On considère, en psychanalyse également, que l’oubli est un phénomène normal - qui n’en relève pas moins de la cure : c’est qu’il résulte d’un refoulement et témoigne d’une défense du sur-moi contre des phénomènes désagréables. Les troubles névrotiques trouveraient pour leur part leur origine dans l’oubli durable de traumatismes : dès lors, le retour à la conscience de ces derniers (grâce aux associations libres, aux analyses de rêves, etc.) serait la clef de la guérison.

oubli, effacement normal des souvenirs. De nombreuses observations confirment, en grande partie, les vues de H. Bergson et de S. Freud selon lesquelles le passé vécu n’est jamais réellement aboli. Le souvenir persiste indéfiniment ; dans certaines circonstances, sous l’influence de forces inhibitrices, il disparaît, mais il resurgit, plus tard, à l’occasion de circonstances plus favorables. La narcoanalyse, provoquée par l’injection intraveineuse de barbituriques, qui diminuent l’inhibition, permet d’exhumer des souvenirs depuis longtemps oubliés. L’exploration du passé par la psychanalyse permet de faire les mêmes découvertes. D’après Freud, l’oubli correspond à l’éloignement de la conscience de souvenirs désagréables ou non conformes aux exigences du sens moral. Il est dû au refoulement. Ce n’est pas un effacement automatique et progressif, mais la résultante d’un ensemble de forces convergentes qui repoussent, temporairement, hors du champ de conscience, le souvenir. On n’oublie pas un projet ou un rendez-vous qui tient à cœur. Au contraire, ceux qui nous ennuient ont tendance à sortir de notre mémoire.

oubli, absence ou disparition de la mémoire. — L'oubli peut être dû à des causes multiples : 1° à une incapacité de fixer des souvenirs; l'individu oublie au fur et à mesure. Cette impossibilité est le plus souvent liée à des causes physiologiques ou affectives assez précises; c'est le cas lors des « chocs » ou des émotions intenses; 2° à une incapacité de conserver les souvenirs. C'est ce que l'on appelle proprement l'absence de mémoire. L'oubli est dû dans ce cas à une absence d'effort de mémoire, à un travail insuffisant pour renouveler la fixation par la répétition. « Il faut oublier sept fois pour retenir », dit le proverbe; 3° à une incapacité de se rappeler les souvenirs que nous avons en nous. Ce type d'oubli caractérise les vieillards; Ribot le nommait l'« amnésie antérograde » : ce sont les souvenirs les plus récents qui disparaissent les premiers; les vieillards se souviennent de leurs souvenirs d'enfant et oublient ceux de l'âge mûr, a fortiori ceux de la vieillesse. Dans cette forme d'oubli « antérograde », ce sont d'abord les « noms propres » qui disparaissent les premiers (parce qu'ils ont été les derniers appris); ensuite les noms communs qui désignent les « choses »; puis ceux qui désignent des « qualités » (blanc, noir, etc.); enfin les « verbes » ; 4° à une incapacité de reconnaître les souvenirs qui nous reviennent; de les restituer dans leur contexte primitif. Il n'y a de souvenir que si l'on peut le « réintégrer » (dit Höffding) dans un ensemble; 5° à une incapacité de focaliser dans le temps les souvenirs. C'est en ce sens que la mémoire du temps a des « cadres sociaux » (Halbwachs); si nous n'avions pas de calendrier, nous n'aurions pas de passé déterminé et ordonné. Quelle que soit sa forme ou sa cause (un choc, l'âge, un refoulement dans l'inconscient, etc.), l'oubli n'en reste pas moins la condition de notre action actuelle et de toute création véritable dans l'ordre de la culture, de la science ou des arts.

OUBLI. Les troubles de la fonction mnésique sont tantôt le résultat manifeste d’un déficit organique, comme on le constate dans les atteintes cérébrales, tantôt de nature psychogène. Le souvenir de certains événements ou de certaines personnes est ainsi refoulé dans l’inconscient et son évocation difficile voire impossible. En effet, l’évocation d’un souvenir tend à reproduire l’état affectif qui avait accompagné l’expérience initiale. La conscience s’y refuse dans certaines circonstances. Dans ces cas, l’oubli porte sur un ou une catégorie d’événements. Il est « en secteur ». Chez certains sujets on note un oubli portant sur toute la période de leur enfance, oubli lacunaire. La psychothérapie permet la réévocation de ces souvenirs et leur liquidation affective.

OUBLIE. Tout ce qui a été enregistré par la mémoire et n’a pas été remémoré. Depuis Abramowski, on connaît son existence par le fait qu’il se manifeste par des phénomènes de « résistance » au cours des efforts de rappel.

OUBLI (n. m.) Fait qu’un souvenir ne soit pas rappelé ou ne puisse l’être ; pour Freud, l’une des espèces de l’acte manqué.

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