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OCCASION / OCCASIONNEL / OCCASIONNALISME

OCCASION, n.f. (lat. occasio « moment favorable »). Ce qui ne cause pas, c'est-à-dire ce qui ne donne pas une explication suffisante d'un effet, mais offre une circonstance favorable à sa production. — Ce qui déclenche une action quand l'ensemble des conditions nécessaires est déjà réuni. Ex. : une offre qui se présente est l'occasion d'un achat que nous projetions de faire. — Une rencontre est une occasion de querelle pour deux personnes entre lesquelles existait un différend. — Une tentation est une occasion de chute (L'occasion fait le larron). L'occasion n'est donc pas sans effet. Elle peut même déclencher des effets très importants, qu'elle n'aurait pas suffi à produire si les sources d'énergie qu'elle met en œuvre n’avaient pas existé par ailleurs. Elle peut être un catalyseur ; elle peut être « la goutte d'eau qui fait déborder le vase ». Elle peut n'être qu'un simple prétexte.

OCCASIONNALISME, n.m. Théorie philosophique suivant laquelle les causes naturelles que la science nous permet d'établir ne sont que des occasions (celles-ci entendues au sens de prétexte) de l'activité efficace de Dieu. L'occasionnalisme refuse aux réalités créées tout pouvoir efficace. Il a été soutenu par G. d'Occam, et, au xviie siècle par Geulincx, Cordemoy qui fut le maître de Malebranche, et Malebranche.

OCCASIONNEL, adj. Ce qui se produit à l'occasion de circonstances qui n'ont, parfois, aucun rapport avec l'effet ; qui, d'autres fois, ont agi comme facteurs favorables, mais qui n'étaient pas, par elles seules, capables d'entraîner l'apparition de l'effet. — Cause occasionnelle. Dans le langage scolastique et chez saint Thomas, la cause indirecte. Chez Malebranche, la thèse des causes occasionnelles se trouve principalement dans le XVe éclaircissement de la Recherche de la Vérité, dans les Méditations chrétiennes V et VI et dans les Entretiens VIL L'idée de cause conçue comme puissance efficace ne trouve pas sa place dans la philosophie de Descartes. L'idée de force n'est pas contenue dans l'idée d'étendue. L'intelligibilité mathématique que propose Descartes s'énonce en termes de rapports constants. En outre, dans l'idée de cause efficace, Malebranche voit « quelque chose de divin ». Voir dans le monde des causes efficaces, c'est, pour lui, penser de façon païenne. Selon Malebranche, Dieu agit dans l'ordre et par les voies les plus simples. Il agit par décrets immuables et selon des lois universelles. Malebranche lie donc de façon étroite la doctrine des causes occasionnelles à l'idée très moderne de loi. Dieu seul est cause, mais il n'agit pas d'une façon fantaisiste. Il a établi dans la nature un ordre constant dont nous pouvons connaître les effets par l'expérience. Malebranche croit à la science, et conçoit la physique comme une science expérimentale. Il a reproché à Descartes sa physique déductive. Les rapports entre ce qui se passe dans l'âme et ce qui se passe dans le corps sont expliqués par Malebranche par la théorie des causes occasionnelles : Dieu « a voulu que mon bras fut remué dans l'instant que je le voudrais moi-même (...), que j'eusse certaines émotions quand il y aurait, dans mon cerveau, certaines traces ».

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