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OBÉISSANCE

OBÉISSANCE, n.f. (lat. obœdientia « soumission »). Soumission aux ordres d’un supérieur. Soumission à un ordre supérieur. La soumission d’un sujet conscient de sa liberté et de sa dignité implique plusieurs choses. ♦ 1° La reconnaissance d’une autorité légitime : les parents pour les enfants, le professeur pour les élèves, le directeur dans l’entreprise, le gouvernement, le chef de l'Etat pour le citoyen, Dieu pour le croyant. En reconnaissant la légitimité de l’autorité, le sujet admet qu’en raison de son âge ou de son manque d’information ou d'expérience, il n’a pas, en tous domaines, la plénitude de la lumière et du discernement et qu’il a besoin d'un guide. ♦ 2° La reconnaissance de l'importance de la cohésion communautaire, l'abandon volontaire, dans ce but, jugé supérieur, de son jugement personnel. ♦ 3° Le premier ressort de l'obéissance, après l’acceptation de l'autorité et de la nécessité de la cohésion communautaire est la confiance. Elle repose sur la conviction que celui qui commande est compétent et a en vue le bien de ceux qu'il dirige. ♦ 4° L’obéissance peut être servile si elle se pratique sans réflexion ni critique, et n’a d’autre motif que la peur d’une sanction, ou l’intérêt, l’espoir d'une récompense, d'un honneur, d'un profit. Elle est volontaire, libre et noble lorsque, non seulement l’autorité est reconnue, mais lorsque le sujet lui accorde son adhésion intérieure en raison de sa sagesse et de sa valeur. ♦ 5° Seul l’anarchiste qui ne veut « ni Dieu, ni maître » refuse toute obéissance. Celle-ci a souvent été mise, par les philosophes, au rang des vertus. Les stoïciens, qui ont accordé une grande importance à l'indépendance vis-à-vis des autres hommes et même de l'autorité établie, ont recommandé l’obéissance à Dieu. Dieu se manifeste aux hommes par la loi naturelle, c'est-à-dire « la raison souveraine innée qui nous recommande ce que nous avons à faire » (CICÉRON, De legibus I, 6). Obéir à cette loi, c’est être libre, puisqu'elle nous commande ce qui est conforme à la nature et à notre nature d'hommes. La conception kantienne du devoir insiste sur la soumission du sujet empirique (c'est-à-dire tel ou tel individu particulier) à une loi qui lui est extérieure et transcendante. L'autonomie kantienne est, d'abord, obéissance. Mais, en réfléchissant, le sujet découvrira que la loi et la raison sont une seule et même chose et qu'en suivant la raison il n'obéit qu'à lui-même. ♦ 6° La vision religieuse du monde, qui voit en Dieu non seulement le Créateur, mais l'auteur de la loi éternelle et de la loi morale inscrite dans le cœur de chacun, consciente des limites du jugement individuel, admet comme vertu l'obéissance à la loi divine, non seulement reconnue par la raison, mais aussi interprétée par l’Église. Pascal (Entretien avec M. de Saci) a critiqué la « superbe » stoïcienne qui ne reconnaît pas la nécessité d'une autorité supérieure et de l'aide divine pour juger du bien et parvenir au salut.

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