MORAL / MORALE / MORALITÉ
- MORAL, adj. ♦ 1° Synonyme de «psychique», par opposition à «physiologique» et à «matériel» (une douleur morale) : ♦ 2° Opposé à «immoral» (contraire à la morale) et à «amoral» (qui est étranger à la morale). Qui est relatif à la morale, qui peut être jugé bon (par opposition à ce qui est jugé mauvais). ♦ 3° Certitude morale, nécessité morale : Qui n’ont pas la nécessité du vrai évident ou démontré. «J’appelle universalité morale celle qui reçoit quelque exception, parce que dans les choses morales on se contente que les choses soient telles ordinairement...» (Logique de Port Royal.)
- MORAL. n.m. ♦ 1° Phénomène de la vie mentale, par opposition à la vie du corps ; ♦ 2° Le moral est bon. État de l'humeur (terme familier).
- MORALE, n.f. ♦ 1° Ensemble de règles de conduite tenues pour absolument et universellement valables (ne pas mentir ; ne pas voler ; ne pas trahir sa parole ; être juste, etc.). C’est la partie de la philosophie qui établit, justifie et expose ces règles (exemples : l'Ethique à Nicomaque d’Aristote ; le Manuel d'Epictète ; le Traité de morale de Malebranche ; les Fondements de la métaphysique des Mœurs et la Critique de la Raison pratique de Kant ; le Traité des vertus de Jankélévitch, etc.) ♦ 2° Morale de situation. Négation du sens 1°, pour lui substituer une conception d'après laquelle les conduites peuvent varier en fonction des circonstances, qui sont ce qui nous détermine. Toute situation est alors tenue pour une exception (il n’y a aucune règle universelle) : c’est ce que Kant condamnait, conformément à la conscience morale commune, car, si je me mets ici et maintenant dans une exception, c’est que je refuse toute règle d’action valable universellement. ♦ 3° On emploie aussi ce terme pour désigner ce que l’on considère comme le système particulier d’un auteur (ou d’une civilisation) dans l’ordre des règles de conduite (la morale de Kant ; la morale de l'Ancien Testament).
MORALE
Ensemble des règles de conduite soit propres à une époque ou à une culture, soit considérées comme universellement valides. Théorie du bien et du mal, aboutissant à des énoncés normatifs.
- MORALITÉ. Caractère de ce qui est moral, c'est-à-dire conforme à la morale au sens 1°. «Toute la moralité de nos actions est dans le jugement que nous en portons nous-mêmes. S'il est vrai que le bien soit bien, il doit l'être au fond de nos cœurs comme dans nos œuvres, et le premier prix de la justice est de sentir qu'on la pratique. Si la bonté morale est conforme à notre nature, l'homme ne saurait être sain d’esprit ni bien constitué qu'autant qu’il est bon...» (ROUSSEAU).
- MORAL 1. — Qui concerne la morale. 2. — Qui est conforme aux règles de la morale ; opposé à immoral. 3. — Qui concerne l’esprit, la pensée : les sciences morales ; opposé à matériel, physique ; qui n’a d’existence que spirituelle : « Le droit est un pouvoir moral » (Leibniz) ; personne morale, cf. personne. 4. —Le moral : ensemble des facultés psychiques de l’individu ; état psychique de l’individu : un mauvais moral. 5. — Certitude, nécessité morale : cf. certitude, nécessité. 6. — Morale : a) Tout ensemble de règles concernant les actions permises ou défendues, et gén. suivies dans une société, qu’elles soient ou non confirmées par le droit positif ; Syn. mœurs au sens 3. b) Tout système de prescriptions, d’attitudes de jugements, concernant le bien et le mal. c) Ensemble des règles de conduite tenues pour inconditionnellement valables. d) Connaissance intuitive du bien et du mal ; Syn. sentiment moral : « La vraie morale se moque de la morale » (Pascal), e) Science (gén. normative) des fins de l’action humaine ; en part., toute théorie raisonnée des fins de l’action humaine ; se dit, par ext. (mais de façon impr.), d’une théorie expliquant la formation et le fonctionnement des règles ou des jugements moraux. 7. — Moralisme : a) Toute doctrine qui accorde une place prépondérante à la morale, b) Attachement excessif à la lettre des règles morales (péj.). Rem. : amoralisme et immoralisme ont des sens part. 8. — Moralité : a) Caractère de l’action conforme aux règles morales ; pour Kant, opposée à légalité, b) Valeur morale de l’individu, c) Caractère de ce qui concerne les mœurs. Rem. : opposée à immoralité seulement aux sens a et b.
MORALE nom fém. - 1. Partie de la philosophie qui traite de la conduite des hommes et s’attache à définir ce que sont le bien et le devoir. 2. Règles qui, dans une société donnée, définissent le comportement qui devrait être celui des individus. 3. Leçon qui se tire d’une fable. ETYM. : du latin mores = « mœurs ».
MORALISTE nom masc. - Ecrivain qui, dans ses œuvres, traite des mœurs, de la conduite des hommes et de leur nature. Le terme a été tout particulièrement utilisé pour désigner quelques-uns des plus grands auteurs du XVIIe siècle comme Pascal, La Bruyère, La Rochefoucauld et La Fontaine. Les différences entre eux étaient considérables dans la mesure où ces moralistes défendaient des morales largement incompatibles : souci de la mesure et de l’adaptation au monde, austère idéal religieux, lucidité critique à l’égard de tout. Cependant, ces auteurs se retrouvaient dans la conviction que la littérature doit permettre à l’homme de s’analyser et d’analyser la société dans laquelle il vit afin de déterminer la ligne de sa propre conduite.
MORALITE nom fém. — 1. Forme dramatique propre à la littérature médiévale qui développe de manière allégorique un enseignement moral. 2. Enseignement moral qui se dégage d’un texte ou d’un événement. La moralité - au premier sens - visait à mettre en scène le combat que se livrent dans l’âme de chacun le Bien et le Mal. Les personnages, de manière claire, représentaient de façon allégorique les vices ou les vertus qui se disputent le cœur de l’homme. Ils se nommaient Raison, Foi, Péché, Désespoir. La plus exemplaire des moralités est peut-être à cet égard Bien-Avisé et Mal-Avisé qui raconte l’aventure parallèle de deux individus dont l’un progresse vers le salut et l’autre vers la damnation.
moral
, état d’esprit susceptible de varier depuis le découragement jusqu’à la confiance exagérée.
Cette notion se rencontre surtout en psychologie militaire et en psychologie industrielle. Le moral du travailleur est conditionné par la cohésion du groupe de travail auquel il appartient : la fierté d’appartenir à une certaine collectivité laborieuse suscite des dispositions d’esprit favorables. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les psychologues et les psychiatres se sont particulièrement attachés à l’étude du moral des populations civiles, soumises à la propagande radiophonique ennemie, et surtout à celle du moral des combattants. Une enquête portant sur quatre cents compagnies, dirigée par le colonel Marshall, révéla que plus des trois quarts des soldats n’utilisaient pas leurs armes sur le terrain, leur absence de combativité étant provoquée par la peur et un sentiment d’infériorité ou de culpabilité. Afin de réduire leur anxiété, les spécialistes de l’action psychologique multiplièrent non pas les exercices et les manœuvres (toujours artificiels, sinon ludiques), mais... les conférences ! En anticipant sur la réalité, en décrivant et en inventoriant minutieusement les dangers du front (auxquels chaque soldat s’efforçait de ne pas penser), ils diminuèrent les inhibitions et fortifièrent le moral des combattants. Par ailleurs, ces mêmes spécialistes créèrent des groupes à forte cohésion en appliquant la sociomé-trie aux petites unités combattantes, telles que les équipages de sous-marins et d’avions, les commandos, etc.
MORAL LE MORAL LA MORALE
L’adjectif moral est équivoque : 1. Opposé à physique ou matériel, moral qualifie ce qui concerne l’esprit (les qualités physiques et morales). Le nom correspondant est alors le moral. 2. Le moral : l’état psychique d’un individu (avoir bon ou mauvais moral). 3. Opposé à immoral, moral qualifie tout ce qui est conforme aux valeurs admises ou posées comme bonnes (agir de façon morale). Le nom correspondant est alors la morale. 4. La morale désigne : - l’ensemble des règles de conduite d’un groupe, déterminant ce qui est permis et interdit (la morale établie ; une morale relâchée). Synonyme de mœurs, - une théorie raisonnée du bien et du mal visant à formuler des règles de conduite. A peu près synonyme d’éthique — voir ce mot sens 2 — (Kant a proposé une morale rationnelle).
Liens utiles
- Devoir philo Deux sources de la Morale et de la Religion, Bergson : l'obéissance des individus au devoir moral
- LE PROBLEME MORAL - MORALE ET SCIENCE
- Richard Harené en 1919Philosophe anglais, professeur à Oxford, Richard Hare est un défenseur du prescriptivismeen morale : tout jugement moral a pour signification ultime un impératif moral (et nonl'expression d'un sentiment moral) et ainsi est en son essence universalisable.
- Dans ses Documents littéraires (1881 ), Zola affirme : « Je ne sais pas ce qu'on entend par un écrivain moral et un écrivain immoral ; mais je sais très bien ce que c'est qu'un auteur qui a du talent et qu'un auteur qui n'en a pas. Et dès qu'un auteur a du talent, j'estime que tout lui est permis. (...) Une page bien écrite a sa moralité propre qui est dans sa beauté, dans l'intensité de sa vie et de son accent. » Êtes-vous de l'avis de l'auteur ? Vous justifierez votre opinion et l'ap
- Victor Hugo a écrit : « Améliorer la vie matérielle, c'est améliorer la vie morale. Faites les hommes heureux, vous les- ferez meilleurs. » Est-il vrai que le progrès matériel entraîne nécessairement le progrès moral ?