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MÉMOIRE

MÉMOIRE, n.f Fonction de reproduction d'un état vécu dans le passé et reconnu comme passé ; conservation des souvenirs ; le souvenir lui-même. La mémoire au sens courant est une fonction de l'intelligence, dont elle est l'habitus (elle constitue le savoir acquis non actuellement présent à la conscience claire). Le problème de la mémoire affective tient à ce que l’affectivité semble bornée à subir présentement ; cependant, les exemples célèbres de Proust indiquent qu'il est possible qu’il y ait des reviviscences d'états affectifs passés et reconnus comme passés. Chez Bergson, distinction classique entre mémoire-habitude (acquise par répétition) et mémoire pure (d'un événement singulier). — En cybernétique on appelle mémoire, par abus de langage, le stockage de signes qui pourront servir d'information aux utilisateurs (intelligents).

MÉMOIRE

Fonction psychologique qui reproduit un état de conscience passé en le reconnaissant comme passé. On y distingue généralement l’enregistrement ou fixation du souvenir, sa conservation, son rappel ou évocation, sa reconnaissance et sa localisation. Privilégiant les deux premiers moments dans ce qu’il nomme la « mémoire souvenir », Bergson peut affirmer que cette dernière coïncide en permanence avec le tout de la conscience, et la distinguer de la « mémoire habitude » qui organise l’action par reproduction d’un mécanisme acquis.

♦ Les théories philosophiques sur la mémoire peuvent schématiquement se classer en deux catégories, selon qu’elles admettent que la mémorisation est de nature « matérielle », par impression dans le cerveau (théorie physiologique : Descartes, Spinoza...) ou qu’elle est au contraire propre à la conscience et indépendante d’un support physiologique (théorie psychologique). Les recherches contemporaines ont prouvé aussi bien le rôle positif que tient dans la mémorisation la structure du souvenir (théorie de la Forme) que celui des repères sociaux qui facilitent l’exercice de la mémoire (M. Halbwachs : Les Cadres sociaux de la mémoire).

mémoire, persistance du passé. Tous les êtres vivants, les animaux les plus inférieurs ont une mémoire. On s’en aperçoit, par exemple, quand on transporte dans un aquarium des vers plats des plages de la Bretagne où ils vivent Leurs mouvements d’enfouissement et d’ascension dans le sable, jusqu’alors rythmés par les marées, persistent dans leur nouveau milieu durant quelques jours. La mémoire fixe les expériences vécues, les informations reçues et les restitue. On distingue la mémoire immédiate de la mémoire différée et encore plusieurs autres formes de mémoire ; il y en a autant que d’organes sensoriels (mémoire visuelle, auditive, tactile...). Certains psychologues, à la suite de P. Janet, soucieux de donner une signification précise à ce concept, considèrent que la mémoire doit se traduire par un acte : la conduite du récit (la verbalisation venant authentifier l’existence de la mémoire). Mais cette limitation n’est pas satisfaisante. D’après J. Delay, il est nécessaire de distinguer trois niveaux hiérarchiques dans la mémoire : le plus élémentaire, sensori-moteur, concerne uniquement les sensations et les mouvements ; il est commun à l’animal et à l’être humain. Le plus élevé, particulier à l’homme vivant en société, se caractérise par le récit logique z c’est la mémoire sociale. Enfin, entre ces deux niveaux, se situe la mémoire autistique, qui emprunte ses matériaux aux sensations, aux situations vécues, mais n’obéit qu'aux lois de l’inconscient. C’est elle qui fournit les éléments du rêve et, chez les malades mentaux, du délire : le passé n’est plus reconnu comme tel ; il est vécu comme présent. La mémoire autistique apparaît vers l’âge de trois ans. On observe à cette époque de la vie une indifférenciation du passé et du présent, du réel et de l’imaginaire. L’enfant prend ses rêves pour des réalités. Ce n’est qu’avec le développement des catégories logiques que la mémoire sociale s’installe durablement. La psychologie génétique montre que la mémoire est liée à la maturation du système nerveux. Elle ne fonctionne pas comme un mécanisme autonome. Elle est liée à tout le psychisme, aux perceptions aussi bien qu’à l’affectivité. Si l’on demande à des enfants de dessiner de mémoire un bonhomme, on s’aperçoit que les plus jeunes réduisent celui-ci à sa plus simple expression : un rond (pour la tête), d’où partent deux traits parallèles (figurant les jambes). La mémoire restitue ce qui est fixé, c’est-à-dire ce qui fut perçu comme essentiel. Les travaux des psychophysiologistes ont montré que la mémoire dépend, à la fois, de certaines zones localisées de l’encéphale (système limbique, peut-être même des groupes de neurones situés dans le cervelet, selon R. Thompson) et de l’ensemble du cerveau. Il n’y a pas de région spécifique de la mémoire : tout le cortex est concerné par l’évocation dès souvenirs, dont on ne sait où ni comment ils se conservent. Les recherches portant sur la fixation et la rétention des souvenirs sont extrêmement nombreuses. Elles ont permis de préciser certains aspects de ce problème : nous retenons bien ce qui nous concerne directement (les circonstances d’un premier amour, un échec cuisant) ; ce qui est agréable mieux que le désagréable ; ce qui est en accord avec nos convictions ; ce dont on doit se souvenir parce que c’est important. Au contraire, nous oublions facilement ce qui est neutre, mal structuré, peu significatif. La fixation des souvenirs est liée, à la fois, à la personne et au matériel à retenir. La compréhension des éléments, leur intégration dans le stock des souvenirs acquis, la répétition favorisent la rétention. Mais la mémoire n’est jamais vraiment fidèle. Le souvenir évoqué est toujours falsifié, car il correspond à une reconstruction de l’intelligence. La mémoire n’est pas un automatisme cérébral. C’est un acte du psychisme, l’expression de la personne tout entière.

mémoire (tests de), épreuves destinées à apprécier la qualité de la mémoire et ses déficits éventuels. Les plus employés sont l’échelle composite de mémoire de D. Wechsler, à usage clinique, et les séries de chiffres ou de mots énoncées ou présentées au tachistoscope, une seule fois, à la cadence d’un par seconde. On utilise encore des formes géométriques plus ou moins complexes, ou d’autres épreuves semblables au jeu de « Kim » (des objets disposés sur un plateau doivent être décrits de mémoire après une brève exposition).

mémoire, persistance du passé. Le passé peut persister sous forme de simples habitudes; mais la mémoire désigne plus proprement la représentation du passé. — Les cinq éléments de la mémoire sont : 1° la fixation des souvenirs; 2° leur conservation; 3° le rappel ; 4° la reconnaissance ; 5° la localisation. Les troubles de la mémoire peuvent être des troubles a) de fixation (amnésie antérograde, émotion violente) ; d'une façon générale, pour qu'une chose soit fixée dans notre mémoire, il faut qu'elle soit « comprise » ; on ne se souvient bien que de ce que l'on a clairement compris; b) de conservation (atteinte des cellules du cortex); c) du rappel (amnésie rétrograde des vieillards, décrite par Ribot); d) de la reconnaissance (paramnésie ou sentiment d'avoir déjà vu ce qu'on n'a jamais vu, que Bergson a analysé particulièrement); e) de la localisation (désadaptation sociale, voyage, changement de société; cf. Halbwachs, les Cadres sociaux de la mémoire). En général, les souvenirs ou les événements oubliés sont ceux que nous « refoulons » dans l'inconscient (Freud), soit qu'ils choquent notre conscience sociale, soit qu'ils nous forceraient à réfléchir et à repenser notre vision des choses et des hommes.




Mémoire Du latin memoria, « aptitude à se souvenir » et « ensemble des souvenirs ». - Faculté de conserver les traces du passé et de s’y référer. - Proprement (au sens de la mémoire-souvenir), faculté de se représenter le passé comme passé et de le restituer sous la forme de souvenirs. • Comme le fait observer Nietzsche, un homme qui garderait en mémoire les moindres détails de sa vie « finirait par se perdre dans le torrent du devenir ». L'oubli n'est donc pas simplement un manque, mais une faculté positive qui permet à l'homme de ne conserver du passé que ce qui peut réellement lui être utile. • Bergson distingue la mémoire-habitude, ou conservation, dans le cerveau, d'impressions passées qui influent sur notre comportement sous forme d'automatismes, et la mémoire-souvenir, qui est seule capable de restituer les états de notre passé sous forme de souvenirs précis et situés.

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