LOGIQUE
LOGIQUE, adj. suffixe et n.f. (gr. logos, terme fondamental de la culture et de la philosophie grecques à partir du Ve siècle av. J.-C.). Désigne l'intelligibilité, la clarté rationnelle, la lumière évidente de toute explication réelle, de toute connaissance vraie (scientifique ou philosophique) et aussi l'expression de cette connaissance. Pour les philosophes de la grande époque (Platon, Aristote), cette intelligibilité gouverne le monde en sa totalité comme dans ses parties (la vérité et l'être étant en correspondance parfaite). ♦ 1° Suffixe, -logue, -logique. Concernant la science que le radical détermine. Par exemple, psychologue, psychologie, concernant le logos de la psukhê (âme). ♦ 2° Substantif. La logique (gr. logikê, qui vient lui-même de logos), terme forgé par les stoïciens (Aristote disait organon « outil » [dont se sert l'esprit]), est une discipline particulière, qui est loin d'épuiser la richesse des sens du terme logos, a) En général, c'est la partie de la philosophie qui concerne la détermination des opérations intellectuelles, valides ou non ; elle ne traite pas des conditions psychologiques, mais des règles objectives. « La logique n'a ni à inspirer l'invention, ni à l'expliquer ; elle se contente de la contrôler et de la vérifier » (COUTURAT). b) Au sens strict. Logique « formelle », qui fait abstraction de toute matière du raisonnement. C'est pourquoi les termes peuvent être remplacés par des symboles conventionnels (par exemple, des lettres : « Tout A est B, or tout C est A, donc tout C est B »). La logique formelle traditionnelle a surtout pour domaine la théorie des syllogismes, constituée par Aristote (Organon) et dont Kant disait que, depuis Aristote, elle n'a fait ni un pas en avant, ni un pas en arrière : « Selon toute apparence, elle semble close et achevée ». c) Aujourd'hui, et depuis 1847, cette appréciation de Kant est considérée comme erronée : la logique formelle ancienne est une logique parmi d'autres. En effet, on appelle logique un système particulier partant d'un ensemble d'axiomes et de règles de déduction (une axiomatique). Ainsi, on peut rejeter le principe du tiers exclu et constituer une logique non bivalente (ne reconnaissant pas les deux seules valeurs du vrai et du faux). Ce sont les logiques plurivalentes (ou polyvalentes). Terme synonyme : « logistique ». Il y a ainsi une convergence entre logistique et mathématique, car le calcul opère dans l'une comme dans l'autre. Le mot grec logistikê signifiait « calcul ». Usages particuliers, a) Kant utilise le terme « logique », au sens transcendantal, pour désigner la partie de la philosophie critique qui étudie les opérations de l'entendement pur, c'est-à-dire distingué de la sensibilité (esthétique transcendantale) et de la raison (dialectique transcendantale). b) Hegel a établi une « science de la logique », système dialectique des rapports constitutifs des Idées pures, correspondant à la métaphysique traditionnelle. ♦ 3° Adjectif. Est logique ce qui satisfait aux règles de la logique, surtout au sens 2°a). Est parfois distingué de « rationnel », ce second terme concernant alors les choses réelles, alors que le premier ne s'appliquerait qu'aux opérations de l'esprit, opposition que les Grecs classiques n'acceptaient pas.
logique, au sens classique : science des lois de la pensée; au sens moderne : science des formes du discours. — La logique a été présentée comme l'art de « bien conduire sa raison dans la connaissance des choses, tant pour s'instruire soi-même que pour instruire les autres » (Logique de Port-Royal). La logique est essentiellement la science formelle des formes de concepts, de jugements et de raisonnements. Cette interprétation de la logique remonte à Aristote (384-322 av. J.-C.), dont l'Organon donne les principes et les éléments éternels de la logique formelle (théories du syllogisme, de la déduction, de l'induction) : l'élément le plus simple de la logique est l'idée ou concept; celui-ci se définit au point de vue de son extension et de sa compréhension. La compréhension est l'ensemble des qualités qui caractérisent l'objet du concept; l'extension, l'ensemble des êtres qui ont la même qualité. Par exemple, le concept de « chien » est celui d'un animal que l'on peut décrire avec une grande précision; il possède un grand nombre de qualités particulières (une grande « compréhension »). Celui de « vertébré » est beaucoup plus général (il possède une plus grande « extension »), mais reste beaucoup plus vague la compréhension est donc en raison inverse de l'extension. Le jugement se définît comme une relation entre deux concepts ; le raisonnement, comme une relation entre deux ou plusieurs jugements. Tels sont les trois éléments principaux de la logique formelle. Kant a fondé la logique transcendantale ou matérielle, qui est l'étude de la pensée appliquée au réel, s'incarnant dans les « méthodes » des sciences mathématiques ou physiques. Aujourd'hui, la logique formelle rejoint les mathématiques et se nomme logistique.
Logique
Du grec logikè (sous-entendu tekhnè), « art du raisonnement ». - Nom : science des lois de la pensée. - Logique formelle : discipline normative qui étudie la forme (ou la structure) des raisonnements, indépendamment de leur contenu. - Adjectif : se dit d’un discours dans lequel les arguments s’enchaînent de façon cohérente. • La logique détermine la validité de nos raisonnements sans se préoccuper des objets sur lesquels ils portent. Bien que le raisonnement suivant soit faux de bout en bout, il est valide du strict point de vue de la forme : « Tous les reptiles sont blancs, or les corbeaux sont des reptiles, donc les corbeaux sont blancs ». • Aristote est le premier à avoir énoncé les conditions auxquelles le raisonnement doit satisfaire pour conclure de façon correcte. Dans son Organon (« outil » en grec), il explicite notamment les règles de la déduction (par laquelle d'un ensemble de prémisses découle une conclusion) ainsi que celles de l’induction (par laquelle des énoncés universels sont tirés de cas particuliers). • Chez Kant, la « logique transcendantale » est la science de la connaissance rationnelle « par laquelle nous pensons des objets tout à fait a priori ». • La logique aristotélicienne a été supplantée, au début du XXe siècle, par la logique moderne, qui pratique, à l’aide de symboles, le calcul des propositions et le calcul des prédicats.
LOGIQUE A| (n. f.) 1. — (Auj.) Science du raisonnement en lui-même, c.-à-d. sans considération des objets particuliers sur lesquels il est capable de porter ni du processus psycho. correspondant : « La logique a la fonction importante de dire ce qui s’ensuit de quoi » (S. C. Kleene). 2. — (Class.) Science des normes ou des instruments de la pensée vraie (cf. canon, organon) : « La logique est l’art de bien conduire sa raison dans la connaissance des choses, tant pour s’instruire soi-même que pour instruire les autres » (Port-Royal) ; science des lois nécessaires à la pensée. 3. — Ensemble des procédés de l’activité cognitive ; étude de ces procédés ; cf. la logique de la découverte scientifique (Popper). 4. — Ensemble des relations de dépendance existant entre des pensées, des études, des événements, et qui règlent l’apparition des phénomènes ou le fonctionnement d’une organisation : la logique des sentiments ; La Logique du vivant (F. Jacob). 5. — Hegel nomme logique la science de l’idée pure, c.-à-d. qui considère le développement de l’idée dans l’élément abstrait de la pensée ; il en fait une ontologie. 6. —Logique formelle : a) Étude des raisonnements, abstraction faite de leur matière ; cf. sens 1. b) Syn. sens 7. 7. —Logique symbolique : la logique au sens 1 en tant qu’elle considère essentiellement les règles de maniement des symboles indéterminés ; Syn. logistique, sens b. 8. — Logique mathématique : théorie des systèmes logiques comprenant notamment le calcul des propositions et celui des prédicats ; c’est la réalisation moderne de la logique au sens 1.9. — Logique transcendantale : pour Kant, « science de l'entendement pur et de la connaissance de raison par laquelle nous pensons des objets complètement a priori », c.-à-d. science des normes de la pensée en tant qu’elle est capable a priori de s’appliquer à des objets ; pour Husserl, « doctrine dernière de la science, [...] doctrine des principes et des normes de toutes les sciences », fondée sur une théorie non psycho. des actes de conscience. B | (adj.) 10. — Qui concerne la logique au sens 1 : la noncontradiction est un axiome logique. 11. — Qui est conforme aux règles de la logique (sens 1, 2 ou 3) : un raisonnement logique est un raisonnement bien déduit. 12. —Qui concerne l’entendement : les fonctions logiques de l’esprit. 13. — Syn. rationnel : la pensée logique. Rem. : logique aux sens 11, 12, 13, est opposé à illogique. C | 14. — Logicisme : a) Tendance à considérer la logique indépendamment de la psycho. ; en part., attitude de Husserl ; opposé à psychologisme, b) Théorie selon laquelle il n’y a pas de limite précise entre les math, et la logique, les premières n’étant qu’une extension de la seconde (Frege, Russell). 15. — Logistique : a) (Ant., scol.) Art pratique du calcul, b) Mot utilisé pour désigner la logique moderne ; Syn. logique symbolique, logique mathématique, logique algorithmique, algèbre de la logique, c) Art de combiner les moyens de transport, de ravitaillement et de logement des troupes.
LOGIQUE - Comme nom 1. Sens courant : la logique : relations de dépendance entre des phénomènes (la logique de la situation m'a conduit à agir ainsi...). 2. Sens classique : une des parties de la philosophie ; la logique vise à déterminer dans quelles conditions un raisonnement est valide (la logique considère la forme du raisonnement, non son contenu). Aristote a été le premier à analyser et classer les différents modes de raisonnement qu’il ramène à la forme du syllogisme — deux prémisses et une conclusion. Le plus connu des syllogismes est le suivant : prémisses tous les hommes sont mortels or Socrate est un homme conclusion donc Socrate est mortel. 3. Aujourd’hui la logique désigne la science du raisonnement en lui-même, sans considération des objets sur lesquels il porte. Elle est qualifiée de « mathématique » ou de « symbolique » parce qu’elle utilise non des mots mais des symboles comme les mathématiques. - Comme adjectif 1. Sens courant : inévitable (il était logique de l'attendre ici). 2. Conforme aux règles logiques du raisonnement (un raisonnement bien déduit est logique). 3. Synonyme de rationnel (la pensée logique).