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Liberté - Schelling

Liberté

• La liberté est le présupposé le plus intime de toute philosophie. Elle se définit comme pouvoir du bien et du mal. •• Alpha et oméga de toute philosophie, la liberté se conjugue tout d’abord comme « liberté absolue », celle du Moi absolu fichtéen, ou représentation de moi-même comme d’un être absolument libre, le « moi-même » en question n’étant pas le moi fini, empirique et contingent que je suis à titre personnel, mais le Moi à partir duquel je suis. De la liberté en Dieu (qui est loin de se résumer au fait que Dieu aurait pu ne pas créer le monde), il faut distinguer la liberté humaine thématisée à partir de 1809, telle qu’elle a pour répondant un Dieu vivant, sur la lancée de l’histoire, et aux risques et périls de celui-ci. Jusqu’à la découverte de l’idéalisme, le concept de liberté a fait défaut selon Schelling à tous les systèmes modernes, à celui de Leibniz comme à celui de Spinoza. En dernier ressort, la liberté se confond avec la nécessité bien comprise : être libre, ce n’est pas avoir le choix, c’est ne pas avoir le choix. ••• Si la liberté ne peut être sauvée que par la contingence des actions, « alors elle ne mérite pas d’être sauvée » (O. M., 187). En définissant la liberté en son concept « réel et vivant » comme pouvoir du bien et du mal, Schelling articule de manière décisive la question de la liberté à celle du mal. Définie comme étant aussi pouvoir pour le mal, la liberté doit avoir une racine indépendante de Dieu. La « querelle du panthéisme » fournit en 1809, dans les Recherches sur l'essence de la liberté humaine, le cadre dans lequel ces questions se trouvent abordées. Si rien ne peut être en dehors de Dieu et si, d’autre part, la liberté conçue comme pouvoir du bien et du mal doit avoir une racine indépendante de Dieu, il faut que les choses aient leur fondement en ce qui, en Dieu, n’est pas Lui-Même (O. M., 145), le mal n’ayant de relation à Dieu qu’à travers ce qui, en Dieu, n’est pas proprement Dieu. Le projet de Schelling fut d’élaborer un « système de la liberté ». La liberté n’est pas seulement affranchissement, mais disponibilité, elle n’est pas seulement liberté de, mais liberté pour, comme l’est la « liberté du chrétien » selon Luther. Entièrement libre à l’égard de son être propre, l’Absolu est absolument délié (absolutus) et absolument déliant (absolvens), affranchi affranchissant, libéré libérant, relativement transcendant, c’est-à-dire transcendant au sein d’une relation où se joue, comme liberté grande, la réversibilité du lien.

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