LIBERTÉ
LIBERTÉ, n.f. ♦ 1° Sens courant, en dehors de toute considération philosophique : absence de contrainte (celui qui est en prison a perdu la liberté d'aller où il veut). ♦ 2° Sens politique. Ce que la société n'interdit pas (liberté de la presse, liberté de réunion, etc.). ♦ 3° Sens psychologique. Sorte de sentiment intérieur que l'on a d'agir par soi-même, selon le choix fait par sa propre volonté. ♦ 4° Sens moral. Consiste à faire ce qui doit être fait, à agir selon le bien ou par devoir. ♦ 5° Le problème métaphysique se pose du fait que 4 n'est pas identique à 3 : est-on réellement libre lorsque, agissant pour satisfaire telle tendance, on va contre ce que la raison et la moralité exigent ? Ainsi, on voit dans la liberté deux aspects différents et irréductibles, aspects bien mis en relief par Descartes : a) Choix, qui suppose indétermination absolue ; b) Rationalité, excellence, qui supposent, pour l'homme, obéissance à des normes : « Dieu seul est parfaitement libre, et les esprits créés ne le sont qu'à la mesure où ils sont au-dessus des passions » (Leibniz, Nouveaux Essais).
LIBERTÉ
♦ État de l’être qui n’obéit qu’à sa volonté, indépendamment de toute contrainte extérieure (l’homme fibre est le contraire d’un esclave).
♦ Au sens politique, les libertés concernent les différents domaines (physique, d’expression, de conscience, de pensée, religieux) où l’individu n’a pas à subir de contrôle de l’État dans la mesure où il est respectueux des lois. C’est en ce seul sens que les Anciens ont discuté de la liberté : être libre, c’est jouir des institutions d’une cité (polis), ne pas être esclave.
♦ Par opposition à l’ignorance ou aux passions, état de l’être qui juge ou agit consciemment en référence à la vérité ou à la raison, réalisant ainsi complètement ce qu’il estime correspondre à sa nature propre.
♦ La liberté morale fonde chez Kant l’autonomie de la volonté dont elle constitue le sous-sol métaphysique. En tant que telle, elle ne peut être énoncée que par un postulat de la raison pratique.
♦ Dans l’existentialisme, la liberté est constitutive de la réalité humaine immédiate (l’homme est, selon la formule de Sartre, « condamné à être libre »). Chaque individu bénéficiant d’une liberté absolue doit inventer ses propres valeurs, ce qui lui confère une responsabilité écrasante.
liberté, notion qui se définit, négativement, comme l'absence de contrainte; positivement, comme l'état de celui qui fait ce qu'il veut. Le problème philosophique est celui d'une définition et d'une preuve de la liberté, justifiant le « sentiment vif et interne » (Descartes) que nous avons d'être libre et qui se trouve en tout homme. Pour définir la liberté, il suffit d'en donner une description adéquate : 1° Au niveau le plus bas et proprement biologique, la liberté s'identifie avec la santé de l'organisme, que Leriche a définie comme « la vie dans le silence des organes ». L'homme malade se sent asservi à son corps : il n'est pas libre de faire ce qu'il veut; 2° A un stade plus élevé, la liberté s'identifie avec la spontanéité des tendances. L'homme est libre quand il peut réaliser ses désirs (épicurisme). Mais il y a des désirs contre lesquels nous luttons à cause de leurs conséquences fâcheuses pour l'organisme ou parce que la raison s'y oppose. La liberté ne saurait donc consister à se laisser aller à ses tendances (« nous n'avons pas conscience d'être libres, disait Platon, quand nous succombons aux passions »), mais à « choisir » entre ses tendances; 3° Au niveau de la conscience, la liberté se définit par la possibilité de choisir. Pour qu'il y ait choix, il faut plusieurs motifs, plusieurs possibilités d'action. Le choix peut être impossible lorsque tous les motifs se valent : l'âne de Buridan, placé entre deux sacs d'avoine identiques, meurt de faim au milieu parce qu'il n'a pas plus de raison d'aller à droite qu'à gauche. Une décision, dans ce cas, eût relevé de ce qu'on appelle la « liberté d'indifférence » ; mais une telle liberté n'est guère l'expression d'une personnalité; 4° Au sens le plus plein, la liberté se définit comme une « réalisation » volontaire, justifiée par le plus grand nombre de motifs; car notre action est alors non seulement l'expression d'un choix personnel, mais d'un choix capable de se justifier rationnellement aux yeux de tous les hommes. Après Platon et Spinoza (« l'action libre est celle qui se détermine en faveur du désir raisonnable »), Kant a donné toute son ampleur au « rationalisme » de la liberté : l'action est libre lorsque la conscience se détermine « contre » les désirs sensibles, en fonction d'un principe rationnel (par ex., faire l'aumône « par pitié », c'est céder au penchant; mais faire l'aumône « par principe », c'est agir librement, selon un principe rationnel); 5° On s'aperçoit qu'au fond la liberté ne consiste pas dans ce qu'on fait, mais dans la manière dont on le fait. La liberté est une attitude, celle de l'homme qui se reconnaît dans sa vie, qui approuve l'histoire du monde et des événements. C'est pourquoi la liberté consiste souvent à « changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde », à s'adapter à l'évolution et à l'ordre des choses. C'est à une telle conception (qui était celle des stoïciens) que sont revenus les philosophes modernes (Jaspers, Sartre) : l'homme devient libre lorsqu'il substitue une « attitude active » à une « situation subie », lorsqu'il prend parti à l'égard des événements de son temps, se définit par rapport au régime et par rapport aux autres hommes : bref, la liberté se prouve en se réalisant, lorsque l'homme réalise sa personnalité à travers les événements du monde, au lieu de les subir du dehors, comme un destin aveugle. Le problème social de la liberté est d'abord, et d'une façon très générale, lié au bien-être de l'homme. Une nation ne peut être libre lorsque la misère y règne : du dehors, elle dépend des nations les plus riches; mais, surtout, du dedans, les populations misérables ne peuvent avoir le sentiment d'être libres. La liberté requiert, sur le plan social, que tous les hommes d'une société puissent trouver du travail, et, sur le plan humain, une volonté des citoyens de travailler efficacement et de construire une économie. D'une manière plus particulière, le problème social de la liberté est de concilier la liberté individuelle et la loi sociale : a) Le point de vue selon lequel les libertés individuelles doivent pouvoir s'exprimer sans limites est celui que Platon nommait « démocratie directe » ou « anarchie ». Lorsqu'il n'y a plus que des individus, une société n'est plus possible. Du point de vue économique, la subordination des intérêts sociaux aux intérêts particuliers caractérise le libéralisme économique de la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis; b) Le point de vue selon lequel la loi sociale constitue un idéal auquel les individus doivent s'identifier caractérise l'étatisme, ou dirigisme des sociétés fondées sur un parti unique (démocraties populaires, U. R. S. S., Chine), n'admettant, en politique, qu'une seule idéologie, supprimant, en économie, propriétés et entreprises privées; c) En fait, il faut un minimum de loi pour qu'il y ait société, un minimum d'initiative individuelle pour qu'il y ait liberté. Les historiens et les philosophes modernes s'accordent à reconnaître une évolution nécessaire des pays communistes — contemporaine de l'élévation de leur niveau de vie — dans le sens de la propriété et des initiatives individuelles, et des pays libres dans le sens d'un certain étatisme politique (primat du gouvernement sur le parlement), garantissant la stabilité gouvernementale, et d'un certain dirigisme économique (qui se manifeste notamment par l'octroi ou le non-octroi du crédit), seul adapté aux dimensions des industries modernes. Qu'est-ce que la liberté? La liberté est un pouvoir d'agir et non de penser : « Je vous ai dit que sa liberté [de l'homme] consiste dans 'son pouvoir d'agir, et non pas dans le pouvoir chimérique de vouloir vouloir » (Voltaire, le Philosophe ignorant). « La liberté consiste à se déterminer soi-même » (Leibniz, Théodicée, § 319); Kant disait : à être «autonome ». Où est la liberté? Elle est dans la puissance de notre raison, de notre volonté sur notre vie : « Seul l'être rationnel, considéré comme tel, est absolument autonome, fondement absolu de soi-même » (Fichte, Samtliche Werke, t. IV, p. 36). « Etre libre, c'est réaliser l'idéal dans le réel » (Schelling, S. W., t. VI, p. 31). « Je veux être libre... signifie : je veux me faire moi-même ce que je serai » (Fichte, S. W., t. Il, p. 193). La valeur de la liberté. Seule la vie libre peut avoir une valeur morale. « Les actions sont par nature quelque chose de transitoire, de passager. Quand elles ne jaillissent pas d'une cause dont le lieu est le caractère ou le tempérament de la personne qui les accomplit, alors elles n'adhèrent pas à cette personne et ne peuvent, quand elles sont bonnes, lui conférer du mérite ni, quand elles sont mauvaises, lui apporter de la honte » (Hume, Traité, III). « Etre libre est un bien; devenir libre, c'est le ciel! » (Fichte.)
Liberté
Du latin libertas, « liberté » (de liber, « qui n'est pas de condition servile », « libre »). - Par opposition à esclavage : condition d’une personne qui n’est sous la dépendance d’aucune autre. - Par opposition à contrainte : pouvoir de faire ce que l’on veut. - Par opposition à oppression (liberté civile) : droit de faire tout ce que les lois permettent, sous réserve de ne pas porter atteinte aux droits d’autrui. - Par opposition à déterminisme : pouvoir qu’aurait la raison humaine de se déterminer en toute indépendance (synonyme de libre arbitre).
• Liberté : « c'est un de ces détestables mots, écrit Paul Valéry, qui ont plus de valeur que de sens ; qui chantent plus qu'ils ne parlent ». • Spinoza nous apprend en effet que nous pouvons être libres (faire ce qui nous plaît) tout en étant asservis (à la boisson, par exemple). La véritable liberté réside plutôt dans la puissance de l'homme à se gouverner lui-même, à vivre sous la seule conduite de la raison. • Selon Hobbes, l'homme jouit, dans l'état de nature, d'une liberté naturelle en vertu de laquelle chacun use comme il le veut de son pouvoir propre. • En passant de l’état de nature à l'état civil, l'homme renonce, d'après Rousseau, à cette liberté naturelle, mais obtient en retour la liberté civile, qui est « obéissance à la loi qu'on s'est prescrite ». • La liberté de l'homme figure, chez Kant, au nombre des postulats de la raison pratique. Pour qu'une action puisse être qualifiée de morale, il faut en effet qu'elle soit absolument libre, c'est-à-dire non contrainte. • D'après Sartre, l'homme est « condamné à être libre » : il n'a d’autre choix que de se réaliser lui-même, que de se faire être ce qu'il est. Ce n'est qu'en cessant de vivre qu'il cesse d'être libre.
LIBERTÉ Un des mots les plus valorisés et les plus employés, aussi faut-il en distinguer les sens multiples. Liberté = absence de cause 1. Dans le sens le plus général, la liberté est la capacité qu’a l’être humain de décider et d’accomplir des actes dont il a l’initiative, qui ne sont pas déterminés par des causes physiques externes (la liberté est le fait d'échapper au déterminisme ). Cette liberté est considérée comme essentielle à l’homme par presque tous les philosophes, particulièrement par les existentialistes (« ce que nous appelons la liberté est impossible à distinguer de «l’être» de la réalité humaine», écrit J.-P. Sartre). 2. Absence de toute cause même interne (mobiles ou raisons). Cette liberté totalement gratuite est appelée liberté d’indifférence ou libre arbitre. Mais elle n’est plus guère invoquée puisque, par définition, elle ne se rencontre que dans des actes indifférents (prendre sans raison un chemin plutôt qu'un autre ; lever un bras plutôt que l'autre). De plus on peut douter que ces actes soient totalement sans cause (des préférences inconscientes ou des habitudes peuvent jouer). Liberté = absence de dépendance 3. Absence de contraintes physiques, état de qui n’est ni esclave ni prisonnier. Liberté physique (recouvrer la liberté, aller en liberté). 4. Absence de contraintes internes, telles les passions, les dérèglements ; état de qui est conscient et responsable. Liberté morale qui instaure une distinction dans les actions humaines entre ce qui est matériellement libre (sens 3) et ce qui est moralement libre : par exemple, ne sera pas qualifié de libre l’acte accompli sous l’emprise de la colère ou de la boisson. Donc sens normatif : il est sous-entendu que toute liberté n’est pas authentique, que seuls sont vraiment libres les actes réfléchis et assumés. S’oppose à irresponsabilité, à inconscience ou folie. 5. Limitation des contraintes sociales et politiques pesant sur les individus, droits dont jouissent les citoyens. Liberté politique qui s’oppose à l’oppression ou à l’inorganisation, la licence («la liberté consiste à ne dépendre que des lois», écrit Voltaire). Se dit surtout au pluriel : libertés de réunion, d’expression...