Databac

Les sciences de l'hommes (cours de philosophie)

[sociallocker] CONSTITUTION D'UNE SCIENCE DE L'HOMME

PREMIÈRE PARTIE: LES SCIENCES HUMAINES

L’expression sciences humaines a remplacé, à partir des livres de Dilthey (1883), le terme d’anthropologie par lequel étaient désignées, chez Kant, les sciences de l’homme. Depuis le début du xxe siècle, les sciences humaines se développent et se différencient, cherchant à combler leur retard méthodologique et théorique sur les sciences de la nature. Dans l’Antiquité, il n’y a pas de science de l’homme qui soit indépendante ; cependant Hippocrate décrit, du point de vue médical et psychologique, des types de caractères..., et les grands philosophes étudient indirectement le fonctionnement de l’esprit (ex. : le « Traité de l’âme » d’Aristote), les fondements de la politique (ex. : la « République » de Platon) ou les mœurs sociales des pays étrangers (ex. : Xénophon). Au Moyen Age, l'a priori dogmatique de l’histoire chrétienne et de la métaphysique empêche le développement d’une science autonome de l’homme, et la Renaissance, avec l’humanisme, revient à l’homme, à son exploration, à sa connaissance propre et à sa destinée historique. Les sciences humaines se développent au xvie siècle dans leurs dimensions : psychologique (Montaigne, Rabelais), médicale (Ambroise Paré), historique (Jean Bodin), poli tique (Machiavel, Th. Morus et les utopistes, G. Postel, Althusius, etc.), philosophique et religieuse (Érasme, Luther et les débats sur la liberté), etc. Une anthropologie mécaniste se développe au xviie siècle (Harvey et la circulation du sang, la physiologie mécanique de Descartes), et l’idée d’une nature humaine commence à apparaître contre l’idée d’une détermination surnaturelle de l’homme. Le progrès des sciences expérimentales au xviiie siècle (physique, chimie, physiologie,zoologie, médecine) amène lentement l’idée que l’homme, étant un être de la nature, doit faire l'objet d’une science naturelle. Cette idée est l’objet d’un long conflit car, à la même époque, les progrès de la zoologie aboutissent à la découverte des singes anthropoïdes et des fossiles humains. L’anthropologie devient le germe et le drapeau des sciences humaines, et elle est, au début, paléontologique. Durant le même xviiie siècle, un autre pôle des sciences humaines, l’histoire, se détache de la métaphysique providentielle pour chercher, comme l'avait recommandé Bodin, sa méthode propre, et sa dimension humaine. On découvre "l’historicité" de l'histoire ; la critique des textes bibliques, par exemple, comme le dit Gusdorf, suppose une révolution intellectuelle et spirituelle. "L’histoire révèle l’humanité à elle même". Le matérialisme du xviiie siècle (et des encyclopédistes) favorise l’essor des philosophies de la nature et de la culture, ainsi que les philosophies de l’histoire. Montesquieu commence une science de la nature sociale. Vico fait l’étude comparée des civilisations, Rousseau, en plus de ses œuvres politiques, attire l’attention sur la psychologie de l'enfant dans ses rapports avec la pédagogie. Certains se mettent activement à chercher des modèles mathématiques pour les nouvelles sciences (tel Condorcet et sa mathématique sociale). Le xixe siècle, submergé par les idées révolutionnaires, accélère la constitution des sciences de l’homme, conditions d’une action politique, sociale, pédagogique, économique..., dans la mesure même où elle en faisait le responsable des événements et de l’histoire. Ce second retour à l’homme (après la Renaissance) est décisif pour la formation et la différenciation des sciences humaines. La sociologie est créée par A. Comte et sert de tremplin à tous les socialismes, autant que les sciences économiques ; la psychologie se crée expérimentalement à partir de 1760, ses chaînes par rapport à la méta physique étant secouées depuis les ouvrages de Darwin et par le développement rapide de la physiologie et de la neurologie. Stuart Mill propose de formuler la nouvelle méthodologie, et malgré les tentatives pour ramener à l’unité d’une seule science (Hegel, Marx) les nombreuses voies découvertes, les sciences humaines se multiplient.[/sociallocker]

— I — Les 12 sciences humaines de base.

« Les sciences humaines » écrit Gusdorf (dans «Introduction aux sciences humaines», 1960) "poursuivent chacune pour sa part l’investigation du fait humain total. Seulement ce fait n’est pas un donné matériel qui puisse faire l’objet d'un inventaire définitif. Un fait total n’est pas un fait comme les autres puisqu’il englobe tous les autres. Il s’agit là d’une limite épistémologique consacrant l’avènement d’un ordre différent de réalité ". C’est dire que le «découpage » des sciences humaines en « spécialités » différentes est un artifice. Il y a une unité fondamentale des sciences humaines, cette unité étant d'abord leur communauté

Liens utiles