Le bonheur selon Nietzsche et les stoïciens (rappel de cours)
4) Vivre chaque jour comme si c’était le dernier ou le premier d’une longue vie.
Absurde, pour un mortel de vouloir vivre sans penser à la mort, car c’est vivre comme si on était immortel => Négation de la condition de mortel. Vivre comme si on était Dieu. Absurde également, pour un mortel, de ne penser qu’à la mort, car c’est alors vouloir mourir de son vivant, oublier qu’il y a une vie avant la mort. D’où l’impératif de vivre comme si chaque jour était le dernier. Cette thèse a été soutenue par Marc-Aurèle, qui dans « Pensées pour moi-même » : « Voici la morale parfaite, vivre chaque jour comme si c'était le dernier, ne pas s'agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant ». Mort est une invitation à une vie plus intense et libre. Mettre de l’intensité dans nos vies, de la vie dans la vie. La mort (comme l’art) est le grand stimulant de la vie. Ne pas mourir avant d’avoir vécu. Nietzsche rêvait de s'installer à Naples au pied du Vésuve. Vivre dangereusement: "Croyez-moi ! Le secret pour récolter la plus grande fécondité, la plus grande jouissance de l'existence, consiste à vivre dangereusement !" Friedrich Nietzsche. Etre nietzschéen au sens d’une vie plus intense et plus libre: qui a appris à mourir, a désappris à servir. Impératif non pas moral comme chez Kant, mais impératif de l’ « Eternel Retour » (Nietzsche): Agis de telle manière que tu puisses vouloir que l’instant que tu vis puisse revenir une infinité de fois. Principe de sélection des instants de nos vies. Il y a des instants de nos vies que l’on ne voudrait, pour rien au monde, revivre. Pas forcément les plus douloureux mais les plus nuls, les plus médiocres.
Faire comme l’ « enfant » d’ » Ainsi parlait Zarathoustra » qui dit « oui » au présent de la vie, au présent de l’instant au point de vouloir toujours ce qu’une fois il a voulu. Trouver un principe d’éternité de vie : chaque nouvelle fois peut être aussi la dernière fois. Sagesse d’intelligence : vivre chacun de nos instants de vie comme si c’était le dernier. La vie commence quand on a compris que l’on en a qu’une ! Aime ta vie !
De même, nécessité pour l’homme de retrouver l’étonnement de l’enfant qui découvre tout pour la première fois. Voir le monde avec les yeux d’un enfant qui s’émerveille de voir les choses telles qu’elles sont. L’étonnement ne s'exerce pas sur des choses extraordinaires, mais tout simplement devant ce qui est, et dont la nature nous offre chaque jour le spectacle.
=> Qu’est-ce que le bonheur ? Une vie plus intense et plus libre.
5) « Deviens qui tu es » et « Sois celui que tu deviens ».
« Deviens qui tu es » : maxime de Pindare, un poète lyrique reprise par Nietzsche, notamment dans Le gai savoir. Création perpétuelle de soi-même. Se créer indéfiniment soi-même. Chacun a un style propre. Il y a quelque chose d'unique et d'original en chaque homme qui cherche à s'exprimer. Exprimer sans cesse sa propre originalité, travailler son style pour faire de soi quelqu'un d'unique. Devenir un esprit libre. Être seul la cause de soi. « Gai Savoir »: « Soyons les poètes de notre existence ». Sculpture de soi. Se tailler une existence à ses propres mesures. Ne pas vivre la vie d’un autre : " Restez vous-même, tous les autres sont déja pris." Oscar Wilde. Devenir la meilleure version de soi-même. Être acteur de sa propre vie. Vivre pleinement sa vie car il n’y en a pas d’autres. Faire de sa vie une œuvre d’art, pas forcément un chef d’œuvre mais une vie qui soit la nôtre. Ne pas vivre par procuration.
=> Qu'est-ce que le bonheur ? « Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant. » André Gide.