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FOLIE

Folie

Du latin follis, «sac, ballon gonflé d'air», d'où, par métaphore, «tête sans cervelle ». Dérangement de l’esprit, trouble mental particulièrement grave (synonyme : psychose).

• Quel que soit l'angle sous lequel on l’appréhende - possession diabolique, maladie nerveuse ou trouble psychopathologique -, la folie est toujours considérée comme l'outre de la raison.

FOLIE

Terme général utilisé en psychopathologie pour désigner les diverses formes d’aliénation ou de maladies mentales. La psychiatrie moderne, qui tente de classer ces dernières en névroses et psychoses, ne l’utilise plus que dans des expressions relativement précises (folie des grandeurs ou mégalomanie, folie de la persécution, etc.).

♦ La séparation entre folie et santé mentale est difficile à situer : apparaissant comme particulièrement perméable à la lumière de quelques exemples illustres (Hölderlin, Nietzsche, Artaud), mise en cause par le surréalisme, elle fait l’objet, dans l’antipsychiatrie, d’une sorte de renversement de perspective, par exemple lorsque D. Cooper évoque le « fou présent en chacun de nous, bien que la personne totalement normalisée ne porte en soi que le cadavre de son propre fou assassiné ».

♦ D’un point de vue différent, mais complémentaire, des auteurs comme M. Foucault (dans son Histoire de la folie) ou G. Deleuze s’attachent à montrer qu’il n’existe pas de folie « en soi », son repérage dépendant des époques, des lieux, des cultures : l’attitude à l’égard du fou a varié considérablement en Occident depuis le Moyen Âge, passant de la sympathie au rejet et à l’enfermement, du regard policier au contrôle médical. Chaque société nommerait ainsi « folie » un ensemble de caractères initialement perçus comme non conformes à la moyenne ; et, alors que dans de nombreuses sociétés traditionnelles celui que nous appellerions fou peut être admis de façon positive comme supérieur à l’homme normal parce que habité par un esprit et appelé en conséquence à des tâches importantes (sorcier), il est progressivement devenu en Occident l’envers négatif du rationnel, en raison de son inadaptation apparente, en particulier au travail, de son hostilité par rapport aux normes de vie (famille, hiérarchie), de son non-respect des convenances.

folie, trouble de l’esprit, déraison.

Ce terme, trop vague, n’est plus guère employé en langage médical, sauf dans quelques expressions telles que « folie des grandeurs » ou « folie circulaire ». La psychiatrie moderne a converti la déraison en maladie mentale. Elle a classé les affections en psychoses et névroses, imaginé toutes sortes de traitements (hydrothérapie, sismothérapie, chimiothérapie, psychothérapie...), mais elle reste incapable de dire pourquoi telle personne est folle. Plus grave encore, il n’est pas sûr que l’on sache distinguer un sujet fou d’un sujet sain. Au début des années 70, aux États-Unis, L. Rosenhan a organisé l’expérience suivante : trois femmes et cinq hommes (quatre psychologues, un psychiatre, un pédiatre, un peintre, une ménagère) devaient tenter de se faire admettre dans l’un des douze hôpitaux psychiatriques désignés, simplement en disant qu’ils entendaient des voix confuses. Sitôt admis, les pseudopatients devaient se comporter normalement, être disciplinés et aimables et dire que les voix avaient disparu. Tous, sauf un, furent admis avec un diagnostic de schizophrénie. Leur hospitalisation dura 19 jours en moyenne. La supercherie ne fut jamais découverte et ils furent renvoyés dans leurs foyers comme « schizophrènes en état de rémission ». Le danger d’une telle incertitude est extrême car quiconque se singularise d’une certaine façon risque d’être qualifié de « fou ».

folie, trouble profond de l'esprit. — Le terme de folie, qui groupait au siècle précédent tous les désordres de l'esprit, reste beaucoup trop général et n'est plus guère employé en psychiatrie, sauf dans quelques expressions comme folie des grandeurs, folie de la persécution. On considérait jadis les fous comme des êtres à part. On s'est aperçu qu'en fait tout individu comporte une part d'ombre, de pulsions, de désirs qui sont refoulés, maîtrisés ou canalisés par la vie sociale. Un homme en colère est fou pendant quelques instants. La folie résulte donc plutôt d'un déséquilibre entre les différentes composantes d'une personnalité, entre les différents aspects de la vie. Elle a, plus généralement, une signification sociale et désigne un comportement socialement inadapté : ainsi, un être psychologiquement fou (par ex., un épileptique) peut trouver un emploi socialement adapté (en Inde, il peut devenir un « schaman », c'est-à-dire un prêtre inspiré). La notion commune de « folie » désigne une perte du sens des responsabilités, ou perte du sens du réel (psychasthénie). Au terme de folie se sont aujourd'hui substitués ceux de névrose (altération des relations avec autrui) et de psychose (rupture des relations avec autrui). Le fou n'est plus parqué et laissé à son sort. Les médecins essaient de le traiter par injections de réactifs chimiques; mais, en vérité, seule l'analyse psychologique (psychopathologie) permet de porter des diagnostics sûrs et d'endiguer l'évolution des troubles au moment où ils sont encore guérissables.

FOLIE (n. f.) 1. — Terme générique (et non technique) pour les affections mentales. 2. — Toute déviation morale, intellectuelle, sociale. Le terme folie a une signification vague, qui varie selon les époques et les milieux sociaux. Le terme dénote en fait tout ce qu’un groupe ressent comme altérité par rapport à ses normes.

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