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La folie meurtrière (Médée, Sénèque, v. 910-937 et 945-957)

Publié le 08/12/2021

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MÉDÉE, SÉNÈQUE : La folie meurtrière
(v. 910-937 et 945-957)
Question 1 Montrez la manière dont Médée parvient à prendre une décision monstrueuse.
Après avoir commis un premier crime (le meutre de Créuse et de son père), Médée, malgré les
conseils de sa nourrice, refuse de s'enfuir. Il faut maintenant qu'elle se venge de Jason, afin de mettre un
terme à leur histoire. Elle souhaite redevenir ce qu'elle était avant de le rencontrer. Pour cela, elle prend une
décision monstrueuse, elle décide de tuer ses enfants : liberi quondam mei, vos pro parternis sceleribus
poenas date. Au tout début de sa tirade, Médée évoque ses crimes passés avec une certaine fierté, fierté qui
est mise en exergue par le verbe juvat qui est martelé au début de la tirade de Médée et qui met évidence le
paradoxe entre la notion de plaisir mais également de douleur. Elle fait un déroulement chronologique de
tous ses crimes depuis qu'elle est partie de Colchide : le meurtre de son frère rapuisse fraternum caput, suivi
par le vol de son père arcano patrem spoliasse sacro. A la fin du dernier vers, elle fait même don de la mort
de ses enfants à son père et à son frère : fratri patrique quod sat est, peperi duos. Cela montre bien la
volonté de Médée de lier le passé le plus lointain avec ce qu'elle va faire en créant une sorte de lien entre ces
trois crimes qui sont pourtant éloignés spatialement et temporellement. En quelques sortes, Médée essaye de
fausser la chronologie, de bouleverser l'ordre des choses puisqu'elle essaye de redevenir une virgo. Elle se
revendique même comme épanouie par le crime : Medea nunc sum. Par ailleurs, cette phrase qui ouvre la
tirade de Médée est très importante : ce sont ses crimes qui ont forgé son identité et qui vont la faire devenir
un monstre. Ces trois mots montrent qu'elle a, en quelques sortes, accompli tout ce qu'elle devait faire pour
devenir ce monstre mythologique, monstre qu'elle deviendra une fois qu'elle aura tué ses enfants. De plus,
nous pouvons relever dans ce texte la présence du triptyque caractéristique du théâtre sénéquien, le cycle
dolor, furor, nefas. En effet, Médée énonce les trois termes les uns après les autres : dolor au vers 5, furor au
vers 21 et nefas au vers 22. Médée ne semble pas avoir de prise sur ce que son furor a décidé. Lorsqu'elle
parvient enfin à comprendre ce que sa fureur attend qu'elle fasse, elle émet des réserves et semble à ce
moment-là partagée en deux êtres qui se tiraillent. Cette prise de conscience, cette hésitation, donnent lieu à
de nombreuses interrogations : le vers 20 est assez révélateur puisque Médée semble s'étonner elle-même du
crime qu'elle s'apprête à commettre. De même le vers 28 indique très clairement l'hésitation de Médée.
Encore une fois, on peut avoir l'impression que Médée est partagée en deux. Cette forme de dédoublement
entre une Médée humaine et une Médée inhumaine paraît nécessaire pour qu'elle puisse prendre cette
décision monstrueuse. Médée se dit obligée, malgré ses hésitations, d'accomplir un tel crime. Le seul motif
qui l'y pousse est le fait que ses enfants aient Jason pour père et Médée pour mère. Ils sont donc coupables
par leur naissance ; ils sont comme les héros tragiques sur lesquels le sort s'acharne en raison de leur
ascendance. Enfin, le paradoxe du vers 25 est révélateur de la décision de Médée : Medea mater : occidant,
non sunt mei ; pereant, mei sunt.
Question 2 Etudiez les deux aspects du texte : sa violence, son pathétique.
La violence de ce texte est dû, en grande partie, au fond plus qu'à la forme, notamment au travers du
rappel de tous ses crimes. En effet, dès le début de sa tirade, Médée rappelle les deux meurtres qu'elle a
commis précédemment. Chacun des deux meurtres est introduit par le verbe juvat qui est comme martelé et
chacun d'entre eux est associé à des images violentes : rapuisse fraternum caput, artus juvat secuisse.
D'ailleurs, l'image d'une violence inouïe qui entoure le meurtre du frère est comme un exemplum de cette
Médée qui va devenir héroïque au sens noir du terme. De plus, le vocabulaire du crime et de la faute est
omniprésent dans la tirade : scelus, fatimus, culpa, crimine, …
La pathétique de ce texte, quant à lui, est surtout présent à partir du vers 29 de cette scène : Médée
s'adresse à ses enfants pour qu'ils viennent à ses côtés ; ils savent donc ce qui les attend. Un paradoxe
apparaît également dans ce même vers avec l'expression cara prolex avec laquelle elle désigne ses deux
enfants : elle les appelle ainsi mais va les tuer. Médée renvoie donc ici une image très pathétique de la mère
qui aime ses enfants mais qui doit les tuer pour se venger et ainsi redevenir virgo.

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