Fables de Jean de LA FONTAINE
Fables de Jean de LA FONTAINE, 1668, 1678, 1679, 1694, Le Livre de poche, Classiques Hachette.
• La Fontaine a porté à une manière de perfection le genre fort ancien de la fable qui consiste, rappelons-le, à démontrer une vérité morale générale à l’aide d’une histoire dont les acteurs sont le plus souvent des animaux. Il a emprunté la plupart de ses sujets à ses devanciers, au Grec Ésope (vie siècle av. J.-C.), au Latin Phèdre (1er siècle av. J.-C.), à divers conteurs, et même aux fabulistes orientaux; mais il a métamorphosé ses modèles et pouvait se vanter d’avoir composé une ample comédie à cent actes divers (V, 1 ). Cette comédie s’est constituée par étapes. En 1668 ont paru les six premiers livres.
• Au livre I, des apologues célèbres, La Cigale et la Fourmi, Le Corbeau et le Renard, Le Loup et l’Agneau, illustrent le rôle de l’égoïsme, de la ruse et de la force dans la société. D’autres peignent le goût de la liberté (Le Loup et le Chien), l’attachement à la vie (La Mort et le Bûcheron), la revanche du petit (Le Chêne et le Roseau). De l’ensemble se dégage une sagesse désabusée fondée sur la conscience des défauts des hommes.
• Au livre II, La Fontaine continue d’enseigner la prudence et le scepticisme en des fables parfois susceptibles d’applications politiques (Conseil tenu par les Rats. La Chauve-souris et les deux Belettes).
• Au livre III, se distinguent de brillantes scènes de la comédie animale (Le Renard et le Bouc, La Belette entrée dans un grenier, Le Chat et le vieux Rat) et des leçons sur la vie en société (Le Meunier, son Fils et l’Àne, Les Grenouilles qui demandent un roi).
• Le livre IV enseigne la méfiance (Le Loup, la Chèvre et le Chevreau) et l’application personnelle (L’Œil du Maître, L’Alouette et ses petits avec le maître d’un champ), la concorde familiale (Le Vieillard et ses Enfants). Le Jardinier et son seigneur constitue une spirituelle satire de la noblesse campagnarde.
• Le livre V incite chacun à se contenter de sa propre condition (Le Bûcheron et Mercure, Le Pot de fer et le Pot de terre, La Vieille et les deux Servantes) et conseille le travail et la modestie (Le Laboureur et ses Enfants, L’Ours et les deux Compagnons).
• Le livre VI prêche le respect de la Providence (Jupiter et le Métayer), le sérieux (Le Lièvre et la Tortue), le courage personnel (Le Chartier embourbé) Le conte de La Jeune Veuve termine le recueil par une aimable satire des femmes.
• Dans les livres VII et VIII (1678), la satire de la société contemporaine se fait plus précise et porte particulièrement sur la cour (Les Animaux malades de la peste, Le Lion, le Loup et le Renard, Les Obsèques de la Lionne). Aux tracas causés par l'argent (Le Savetier et le Financier), aux calculs ambitieux si joliment raillés dans La Laitière et le Pot au lait, La Fontaine préfère la nonchalance de l’épicurien (L’Homme qui court après la fortune), et il oppose à l’aveuglement du peuple la lucidité du sage (Démocrite et les Abdéritains).
• Les livres IX, X et XI (1679) confirment la confiance du fabuliste en la Providence (Le Gland et la Citrouille) et sa fidélité à l’épicurisme (Le Songe d’un Habitant du Mogol) Il abandonne parfois la satire pour le lyrisme confidentiel (Les Deux Pigeons) ou les débats d’actualité (Discours à Mme de la Sablière sur l’intelligence des animaux, contre la théorie mécaniste de Descartes).
• Au livre XII (1694), La Fontaine résume dans Les Compagnons d’Ulysse la conception pessimiste des passions humaines qui domine l’ensemble de ses fables, mais exhorte plus loin à la confiance en la nature (Le Philosophe scythe). Il termine en invitant les hommes à faire retraite pour mieux se connaître (Le Juge arbitre, l'Hospitalier et le Solitaire).
• Comme le genre l’exige, les Fables proposent une sagesse. Elles enseignent une prudence réaliste que La Fontaine nuance d’une nonchalance souriante. Elles constituent aussi, en même temps que la comédie des défauts de l’homme éternel, une peinture de la société du xviie siècle, au même titre que les Caractères de La Bruyère. Mais ce qu’on y goûte le plus est sans doute le talent du conteur.
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