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ESPACE

Du latin spatium, « champ de courses », « arène », « étendue ».

Milieu homogène, continu et illimité dans lequel tous les corps sont compris.

• Pour Descartes, l'espace a pour essence détendue, de même que les corps qu'il contient. • Pour Kant, l’espace n’est pas un concept tiré de l’expérience, mais la forme a priori en laquelle tous les objets sont perçus ; c’est en quelque sorte le prisme à travers lequel tout homme appréhende le monde.

ESPACE, n.m. (lat. spatium «lieu destiné à la promenade», «étendue libre»). Il faut se demander d'abord si l'on envisage l'espace comme une réalité. ♦ 1° Si on l'envisage comme une réalité, on peut le définir comme ce dans quoi se situent tous les objets que nous percevons. On arrive à la conception newtonienne suivant laquelle l'espace est une sorte de réalité contenant l'univers. Mais si tout doit être dans quelque chose, dans quoi se situerait ce réceptacle ? On peut dire aussi avec Descartes que l'espace est la propriété constitutive de toute substance matérielle et définir la matière par l’étendue. Il faut alors se représenter la réalité extérieure comme une succession de corps qui se touchent. "Si on nous demande ce qui arriverait en cas que Dieu ôtât tout le corps qui est dans un vase, sans qu'il permît qu'il en rentrât d'autre, nous répondrons que les côtés de ce vase se trouveraient si proches qu'ils se toucheraient immédiatement. Car (...) il y aurait de la contradiction que ces deux corps fussent éloignés, c'est-à-dire qu'il y eût de la distance de l'un à l'autre, et que néanmoins cette distance ne fut rien. Car la distance est une propriété de l'étendue qui ne saurait subsister sans quelque chose d'étendu." (DESCARTES, Principes II, 8, 18). Descartes nie donc l'existence du vide. Faut-il donc identifier espace et étendue ? Louis Lavelle (Dialectique du monde sensible § 47) distingue entre les deux : «L'idée d'espace est inséparable de l'idée de possibilité. Et c'est en cela que consiste la vraie différence entre espace et étendue.» ♦ 2° Si l'on renonce à envisager l'espace comme une réalité, on le définira comme «la représentation d'un milieu homogène, non limité, sans qualité sensible qui lui soit propre, c'est-à-dire vide, mais susceptible d'être rempli par n'importe quel corps. C'est l'idée d'un contenant indifférent à son contenu, d'un cadre dans lequel nos sensations viennent s'étaler » (Roustan-Burgelin, Psychologie). Plutôt que l'idée d'un contenant, trop matérielle, il convient de retenir celle de cadre. L'espace est le milieu idéal dans lequel nous situons tous les objets du monde extérieur. Milieu idéal signifie que l'espace n’est pas une chose ni une sensation, mais une production de l'esprit, une condition nécessaire de toute représentation du monde extérieur, une «forme a priori» de la sensibilité, disait Kant, une «vue préalable», disait Heidegger. — Il faut distinguer l'espace perçu de l'espace conçu. Dans la perception, chaque sens a un espace propre. La vue, le toucher, l'ouïe distinguent l'espace, chacun à sa manière. On peut discerner un aspect particulier de l'espace tactile (l'espace musculaire). Chacun de ces sens explore l'espace et le construit progressivement. Tout vivant a besoin d’un certain environnement spatial. L’espace géométrique a des propriétés idéales : il est homogène et isotrope, c'est-à-dire que toutes ses parties et ses directions ont les mêmes propriétés, elles sont continues et illimitées. Bergson disait de l'espace géométrique qu'il n'est jamais perçu, qu'il est conçu. L'espace de la géométrie usuelle est l’espace euclidien, à trois dimensions. C’est celui qui est le plus en accord avec notre perception. Mais il est possible de se représenter l’espace autrement et de construire des géométries non euclidiennes. Einstein et Minkowski ont présenté une conception quadridimensionnelle de l’espace. La théorie de la relativité considère en effet que, pour repérer un phénomène d’une manière complète, il faut recourir à quatre variables parce que la position qu’on doit lui assigner dans l’espace et celle qu’on doit lui assigner dans le temps ne sont pas totalement indépendantes l’une de l’autre.

ESPACE, ESPACE-TEMPS

L’espace est une des deux propriétés de l’extériorité par rapport à la pensée, l’autre étant le temps. Se définit de manière générale comme le milieu homogène et illimité contenant toutes les étendues finies et où la perception situe ses objets et leurs mouvements. Ses différentes parties bénéficient d’une extériorité mutuelle.

♦ La pensée philosophique de l’espace paraît s’être d’abord articulée à partir du « vide » des atomistes et de la notion de « heu » (contenu dans un autre et ainsi à l’infini). Platon le définit comme « réceptacle » et Aristote comme enveloppe immobile. Pour Descartes, l’espace physique n’est distinct du corps matériel qui s’y inscrit que pour notre pensée : il a pour essence l’étendue géométrique. Leibniz admettra inversement que l’espace est de l’ordre des essences idéales et n’est constitué que des relations de coprésence des choses. Kant y voit une forme a priori de la sensibilité, que l’on ne peut déduire de l’expérience ni ramener à un concept : il est au contraire ce qui rend l’expérience possible. Cet espace kantien paraît correspondre à notre perception quotidienne. C’est qu’il constitue la transposition philosophique de l’espace géométrique euclidien : continu, isotrope, homogène et tridimensionnel - lui-même construit par abstraction à partir de l’espace perçu. L’évolution des géométries a montré qu’il était en fait « culturel », les systèmes non euclidiens mettant au point des espaces à plus ou moins de trois dimensions, ou hyper-espaces.

♦ En psychologie, on évoque un espace proprement psychologique, limité à la perception actuelle, non homogène ni isotrope - pour le distinguer notamment de l’espace physiologique qui s’organise autour de la vue. Les recherches menées en psychologie génétique (Piaget) ont montré qu’il y a initialement, pour le petit enfant, autant d’espaces que de domaines sensoriels, la construction d’un espace « général » qui inclut tous les autres ne s’effectuant qu’à la fin de la deuxième année.

♦ La réflexion sur l’espace ne doit pas négliger l’importance des pratiques humaines qui peuvent s’y déployer : ses diverses utilisations (esthétique, architecturale, militaire, économique, politique...) correspondent à des enjeux stratégiques et idéologiques qui justifient par exemple l’évolution récente d’une discipline comme la géographie, s’il est vrai que « le savoir de l’espace… est un pouvoir colossal » (Y. Lacoste).

♦ L’expression espace-temps fut lancée par Minkowski (en 1908) pour désigner le système des quatre variables (x, y z, t) nécessaires au repérage complet d’un phénomène selon la théorie de la relativité : il faut en effet y tenir compte solidairement de sa position dans l’espace (traditionnellement doté de trois dimensions: x, y, z) et de celle qu’il occupe dans le temps (ou quatrième dimension t).

espace, milieu homogène et indéfini dans lequel sont situés les objets sensibles. — On distingue, en toute rigueur, les notions d'espace et d'étendue l'espace a trois dimensions, l'étendue a deux dimensions; c'est une surface, tandis que l'espace est un volume. Leibniz et Kant ont considéré l'espace comme le fait d'une « intuition » indivisible, tandis que l'étendue correspond à une surface matérielle indéfiniment divisible. La notion d'espace est donc une notion qualitative, impossible à comprendre intellectuellement, au contraire de l'étendue, qui est mesurable et qui se définit exactement par les rapports des objets entre eux.

ESPACE (n. m.) 1. — (Sens vulg.) Milieu où nous situons tous les corps et tous les mouvements, souvent Syn. de étendue au sens 1. Les particularités d’une représentation déterminée de la spatialité sont souvent rapportées à celles des objets qu’on y rencontre (espace pictural), du sens qui la saisit (espace visuel, tactile) ou de l’activité qui s’y déploie (espace vital). 2. — Philosophiquement, l’espace correspond plus à un problème qu’à un concept déterminé ; toute définition vise à ressaisir unitairement l’expérience concrète de la spatialité et la conceptualisation qu’en donne la physique ; pour Aristote, l'espace ou le lieu est une enveloppe immobile ; Descartes confond l'espace physique et l’étendue géométrique ; Leibniz conçoit l'espace comme un ordre idéal de cœxistence (par opposition à cette conception qui rend l’espace relatif aux corps que l’on y rencontre, les newtoniens parlent d'espace absolu). Kant fait de l'espace une forme a priori de la sensibilité. 3. — Espace géométrique : expression employée pour désigner le concept d'espace utilisé par la géométrie et la phys. class., et qui se caractérise par cinq propriétés : continuité, infinitude, tridimensionalité, homogénéité (identité de tous les points), isotropie (identité de toutes les droites passant par un même point). 4. —Espace abstrait (math.) : structure abstraite qu’on peut définir par ses dimensions (un point est déterminé par n nombres), sa métrique (définition de la distance entre deux points) et des propriétés de celles-ci. 5. — Espace-temps : dans la théorie de la relativité, système de quatre variables (x, y, z, t), nécessaire pour définir un phénomène et ses propriétés physiques ; dans la physique class., les coordonnées « spatiales » (au sens 3) x, y, z, sont indépendantes de la coordonnée temporelle t (la distance S entre deux points est indépendante du temps) ; la physique relativiste ne conserve pas cette indépendance :

6. —Hyperespace : (Math.) espace à plus de trois dimensions.




ESPACE

1. Au sens courant, espace désigne une étendue déterminée (la maison occupe peu d'espace ; laissez un espace entre ces chaises). Tout particulièrement espace désigne l’étendue des airs (les satellites sont lancés dans l'espace). 2. Philosophiquement, espace désigne le milieu global dans lequel se situent tous les objets que nous percevons et toutes les étendues finies. L'espace, sa définition et la détermination de sa nature, est un problème philosophique complexe. 3. Espace géométrique : quand le mot espace n’est pas précisé, il renvoie le plus souvent à l’espace géométrique, c’est-à-dire à l'espace caractérisé par cinq propriétés : - continuité, - infinitude, - trois dimensions, - isotropie (propriétés identiques dans toutes les directions), - homogénéité.

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