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Dialogue des orateurs de Tacite

Dialogue des orateurs (Dialogus de oratoribus). Dialogue attribué à Tacite et que l’on s’accorde généralement à dire de sa main, malgré les différences de style par rapport à ses ouvrages ultérieurs, différences peut-être dues au fait que l’ouvrage appartient à un autre genre littéraire. On ne pense plus qu’il s’agit d’une œuvre de jeunesse : dédicacé à Lucius Fabius Justus, consul en 102 apr. J.-C., il fut peut-être publié cette année-là ou peu de temps après. Tacite y examine les prétentions de l’éloquence contre les autres branches de la littérature et les raisons de son déclin depuis Cicéron. Le dialogue a pour cadre la maison d’un poète, Curiatus Matemus. Les autres interlocuteurs sont deux orateurs éminents, Marcus Aper, un avocat, et Julius Secundus, tous deux d’origine gauloise et qui furent les maîtres de Tacite, ainsi que Vipstanus Messala, un homme de haute naissance. La scène est censée avoir lieu en 75 apr. J.-C. Les vingt-sept premiers chapitres constituent une introduction. Aper, juriste au sens pratique, soutient la supériorité de l’éloquence sur la poésie, à cause des distinctions qu’elle apporte. Matemus, idéaliste porté à la méditation, dédaigne la richesse et le pouvoir, auxquels il préfère une vie tranquille et le commerce des Muses. Aper refuse de croire à un quelconque déclin de l’éloquence. Messalla, champion des temps anciens attaque les orateurs contemporains. A la demande de Matemus, il examine les causes du prétendu déclin de l’éloquence (chap. xxviii), déclin admis pour acquis pour les besoins de la discussion. Messala incrimine le laxisme dans l’éducation des jeunes gens, qui contraste avec la rigueur de l’éducation ancienne, ainsi que le mauvais enseignement dispensé aux orateurs dans les écoles de rhétorique. Il y a ensuite une lacune de plusieurs pages dans le manuscrit. Lorsque le texte reprend, c’est un autre personnage (Matemus, probablement) qui est en train de parler. Il affirme que le déclin de l’éloquence tient à un changement dans les mœurs politiques. L’éloquence a fleuri sous la République à une époque de troubles et de révolutions, lorsque les débats politiques inspiraient les orateurs. La tranquillité de la vie publique sous l’Empire a supprimé ces motivations mais elle a apporté des compensations. Pour Tacite, le déclin de l’éloquence était inévitable car celle-ci était liée aux institutions politiques, elles-mêmes en déclin. Il est intéressant de comparer cet ouvrage avec celui, presque contemporain de Quintilien, De l'Institution oratoire (publié dans les années 90), qui s’attache plus aux questions techniques et littéraires. C’est dans la bibliothèque de Fulda, en Allemagne, que le dialogue, qui se trouvait dans un codex contenant également les autres œuvres mineures de Tacite, fut découvert au début du XVe siècle, grâce aux efforts du savant florentin Niccolo Niccoli.




Empereur romain (275/76). Prétendant descendre de l'historien Tacite, il multiplia les éditions de son œuvre et fit placer sa statue dans les bibliothèques. Après une longue carrière de fonctionnaire consciencieux et intègre, il fut choisi par le Sénat pour succéder à l'empereur Aurélien. Il abandonna son immense fortune à l'État, lança des réformes, voulut restaurer l'autorité sénatoriale, repoussa les Goths en Cilicie. Il mourut au cours de cette campagne.

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