SUMATRA
Deuxième île d'Indonésie, située à l'O. de l'archipel de la Sonde. Très anciennement peuplée, elle fut peut-être la Taprobane de Pline et la Iabadiu ou Sabadiunésos de Ptolémée. Au VIIe s. apr. J.-C. se constitua autour de Palembang le royaume de Çrivijaya, qui fut un foyer de civilisation bouddhique jusqu'à l'arrivée de l'islam, au XIIIe s. Au Moyen Âge, Sumatra entretenait d'actives relations commerciales avec la Chine et l'Inde. Elle fut visitée par de grands voyageurs comme Marco Polo en 1292 (qui l'appelle « la petite Java »), Oderic de Pordenone en 1318 ou Ibn Batouta (v.) en 1340. L'Italien Ludovico di Varthema la fit connaître de nouveau à l'Europe en 1505. En 1509, les Portugais fondèrent leur premier établissement à Sumatra, mais ils furent chassés par les Hollandais, qui, pour contrôler le détroit de Malacca, entreprirent d'imposer leur suzeraineté au sultan d'Atjeh, dans le N. de l'île. Au S. de l'île, en dépit de la résistance des sultans locaux, la Compagnie hollandaise des Indes orientales réussit à établir des comptoirs à Palembang (1620), à Indrapura (1664) et à Padang (1666), mais elle dut faire face jusqu'à la fin du XVIIIe s. à la concurrence des Anglais, dont le principal centre se trouvait depuis 1685 à Bengkulen. Les Hollandais entreprirent alors la soumission systématique de l'île ; après des guerres longues et coûteuses, cette soumission était à peu près obtenue en 1873. Occupée par les Japonais d'avr. 1942 à août 1945, Sumatra fut ensuite comprise dans la nouvelle république d'Indonésie ; mais le particularisme musulman de l'île, qui avait si longtemps tenu en échec les Hollandais, se retourna alors contre la politique centralisatrice de Djakarta et prit le caractère d'une rébellion ouverte, notamment en 1956/58. Sumatra conservait un fort particularisme dans les régions des populations batak (au nord), minangkabau (côte ouest) et à Medan (émeutes en 1994), mais ce fut dans la région d'Atjeh que l'opposition au pouvoir central se montra le plus déterminée. En effet, à partir de 1976, le Mouvement Atjeh libre mena une guérilla indépendantiste islamique, durement réprimée par l'armée, qui fit 5 000 morts en dix ans. La démocratisation de l'Indonésie permit un cessez-le-feu en sept. 2000, mais le président Wahid excluait d'accorder plus qu'une autonomie relative à un territoire aussi riche en pétrole et en gaz naturel. Voir INDONÉSIE. L'Indonésie indépendante.