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SUJET

SUJET. n.m. (lat. subjicere « mettre dessous », « assujettir »). ♦ 1° Ce terme peut être entendu en un sens grammatical (ce dont les choses s'affirment), ou en un sens métaphysique (la substance, l'être auxquels on rapporte les accidents). — Dans la pratique, il s'emploie en beaucoup d'autres sens. ♦ 2° Ce dont on parle, matière sur laquelle on compose (traiter un sujet, le sujet d'une étude, d'une conversation). ♦ 3° Dans la théorie de la connaissance, celui qui connaît par opposition à l'objet connu. Il faudrait encore distinguer : a) Le sujet empirique, le moi individuel ; b) Le sujet universel : le « je suis » de Descartes ; c) La condition a priori de la pensée, le sujet pur, l'ego transcendantal. ♦ 4° La personne consciente. ♦ 5° La personne dont le comportement et les réactions seront étudiés en psychologie expérimentale. ♦ 6° Tout simplement, une personne (un sujet exceptionnel, un mauvais sujet). ♦ 7° Le motif qui inspire des sentiments (un sujet être prédisposé à, être porté à - N.B. Il est parfois difficile de distinguer sujet et objet dans l'usage qu’on en fait. Comment faire la différence entre le sujet et l'objet d'une conversation, d’une démarche, d'une lettre ? — On pourrait dire que le sujet est ce dont on parle, et l'objet ce qu'on se propose. Il arrive aussi que le sujet auquel on attribue des qualités soit un objet matériel. En tant qu'il est ce que l'on décrit ou que l'on définit, il est sujet ; en tant que chose, réalité matérielle, il est objet.



sujet, esprit qui connaît, s'opposant à l'objet qui est connu; en un sens pratique, le sujet de l'action est l'auteur, le responsable d'une action. — La distinction du sujet et de l'objet, de l'auteur d'une action et du contenu de son action suppose la réflexion : car, dans la connaissance naturelle, le sujet et l'objet sont intimement unis (je vois un objet dans le même temps que j'ai conscience de le voir). Les philosophies du sujet (Kant, Fichte, Lagneau, Husserl) sont des philosophies réflexives, dont le but a été d'approfondir I' « acte » de connaître (activité de la pensée), ou d'agir (acte de vouloir); elles aboutissent naturellement à un idéalisme, voire à un spiritualisme, qui réduit toute la réalité à une activité « de constitution », de nature spirituelle. — Les philosophies du sujet s'opposent aux philosophies de type marxiste, qui définissent le sujet à partir de son engagement primordial dans le monde et dans l'histoire. Bref, les philosophies du sujet restent des théories de la connaissance; elles s'opposent au réalisme des théories de l'action.
SUJET, n. m. Sens philosophique. Être humain en tant qu’être pensant, capable de connaître, par opposition à l’objet de la connaissance sur lequel s’exerce sa pensée. La raison, la conscience réflexive caractérisent le «sujet» humain au sens philosophique. Une des difficultés majeures qu’éprouve l’homme de se connaître lui-même, vient de ce qu’il est à la fois le sujet et l’objet de cette connaissance. • Le sujet humain, siège de la connaissance, est aussi placé au centre d’une existence, en relation avec le monde. Le sens du mot «sujet», dans le vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, s’étend donc à l'individu dans son ensemble, tel qu’il se vit, tel qu’il s’assume, tel qu’il se voit, tel qu’il se veut. Le sujet devient alors l’être humain dans toute sa «subjectivité», avec ses conditionnements, sa psychologie, son destin, sa liberté, ses questions. • Dans ce sens, on peut différencier le « sujet » et le « moi » : le sujet est porteur d’un moi, d’un psychisme individuel; mais il englobe ce moi : il peut choisir de le construire, se donner un « idéal du moi ». • On peut de la même façon différencier le «sujet» et «l’individu». Le mot individu s’applique communément à chaque être humain, considéré à l’état brut, si l’on ose dire, de l’extérieur. Le terme sujet indique qu’on parle de cet individu du point de vue de sa qualité propre, de sa subjectivité, de sa conscience d’homme plongé dans l’existence, plus ou moins maître de sa destinée. Le sujet, c’est l’être conscient animé de désir et en quête de sens. • On peut encore différencier le «sujet» et la «personne». Le mot personne, tel que l’idéalise le personnalisme par exemple, désigne alors le sujet devenu maître de sa vie, ayant trouvé les voies de son épanouissement. L’individu ne devient une personne que lorsqu’il est vraiment sujet de sa vie : conscient de son existence et maître de sa liberté. Pris au sens moral, le mot sujet devient alors synonyme de personne reconnue comme telle.
N.B. L’évolution des significations du mot sujet est assez révélatrice puisque le terme conserve actuellement des sens quasi opposés, dus à sa longue histoire.
Au départ, le mot sujet vient du latin subjectum, «ce qui est subordonné, ce qui est soumis à». Il désigne ce qui est soumis à la pensée ou à l’activité de l’esprit (le sujet d’une réflexion, le sujet d’un livre, le sujet d’une œuvre), aussi bien que ce qui est soumis à l’autorité politique (les sujets du souverain, les sujets d’une nation). Il désigne également le fait d’être le support de certaines actions (être le sujet d’une expérience médicale) ou de certaines influences extérieures ou intérieures (les passions sont subies par le sujet). Au sens linguistique, le « sujet » grammatical est ce à quoi se rapportent les actions, les sentiments, les pensées : le sens du mot n’est plus passif. Au sens philosophique défini plus haut, le sujet qui connaît est d’abord livré, soumis aux perceptions, expériences, connaissances subjectives qui s’impriment dans son esprit; mais il est aussi (tant bien que mal) maître de cette connaissance qu’il doit approfondir par la pensée et la « réflexion ». Ainsi, très insensiblement, le mot sujet est passé d’un sens passif (être soumis, être qui subit) au sens actif (être qui réfléchit, qui retentit, qui réagit), pour devenir, au niveau moral, synonyme de personne libre et agissante.
Du latin subjectum, « substance », « matière », « thème ». - En logique, l’être dont on affirme ou nie quelque chose. - L’esprit qui connaît, par opposition à la chose connue (objet). - En politique, l’individu soumis à l’autorité du pouvoir souverain. • Dans le jugement suivant : « Socrate est mortel », Socrate est le sujet, mortel le prédicat. • Chez Aristote, le sujet est identifié à la substance, support des attributs et des accidents : « Le sujet, c'est ce dont tout le reste s'affirme, et qui n’est plus lui-même affirmé d'une autre chose ». • Descartes est considéré comme le père des philosophies du sujet. Il est en effet le premier à affirmer que la vérité ne se fonde ni dans la tradition ni dans les autorités reconnues, mais dans le sujet conscient de ses propres actes de pensée. SUJET (n. m.) 1. — Traduction du grec hypokeimenon ; ce à quoi on rapporte les transformations, les accidents, ce qui sert de substrat ; Syn. substance au sens 1, opposé à accident. Rem. : les class. utilisent parf. en ce sens l’expression sujet d’inhérence. 2. — Ce à quoi, dans une proposition, on rapporte les propriétés, ce dont on affirme quelque chose : opposé à prédicat. Rem. : pour plus de précisions en ce sens, on dit souv. sujet logique. 3. — (Gram.) Ce qui, dans une phrase (dans les langues indo-européennes), régit le nombre du verbe. Rem. : en ce sens, on précise souv. sujet gram. 4. — Ce dont on parle, ce dont il s’agit, l’objet qu’on étudie : Syn. thème, matière au sens 7, objet au sens 4. 5. — Tout existant individuel, (en part.) celui auquel on rapporte une action au sens b, et (jur.) celui auquel on rapporte un droit. 6. — (Psycho.) L’individu soumis à une observation ou à une expérience. 7. — L’individu soumis à une autorité souveraine ; opposé à souverain, citoyen. 8. — L’esprit qui connaît par opposition à la chose connue, à l’objet ; en tant que tel, ce sujet peut être conçu : a) comme un être empirique, c.-à-d. comme le moi individuel concret ; b) comme un sujet transcendantal, c.-à-d. comme une instance qui, quoique toujours incarnée dans un être empirique, se définit par son rôle fondateur, actif, dans la connaissance, et en part, pour un ensemble de lois constituant les principes universels a priori de la pensée ; cette conception, qui remonte à Descartes et au rôle accordé au cogito, est clairement définie par Kant : elle suppose que toute représentation dépende en tant que telle de la constitution même du sujet. Rem. : en ce dernier sens, le sujet n’est jamais un objet, même pour lui-même : il se connaît comme sujet empirique, non comme sujet transcendantal. 9. — L’individu humain défini comme pure intériorité, pure activité, et comme liberté, et en tant qu’il est l’instance explicative dernière dans toute connaissance, toute donation de sens au monde, toute institution humaine : Syn. conscience au sens 3, homme. 10. — Philosophie du sujet : se dit auj. de toute philosophie qui, en quelque domaine que ce soit, accorde un rôle fondateur au sujet compris aux sens 8 b ou 9 ; Syn. philosophie de la conscience ; opposée à structuralisme.


SUJET 1. Sens courant : ce qui régit le verbe dans une phrase. On précise sujet grammatical (le sujet grammatical de la phrase précédente est «on»). 2. Ce dont on affirme quelque chose, ce qui reçoit des attributs ou prédicats. On précise sujet logique (une phrase le plus souvent se compose d'un sujet, d'un verbe et d'un prédicat). C’est ici que, par extension, sujet devient ce dont on parle (un sujet de discussion) alors qu’il conviendrait de dire objet . 3. L’esprit qui connaît les choses, les objets. L’opposition sujet/objet est au centre des théories de la connaissance. 4. Tout individu qui est la cause d’une action ou qui est doté d’un droit (être le seul sujet de sa décision; les sujets du droit). 5. L’individu soumis à une autorité politique. On précise sujet politique (le roi s'adresse à ses sujets).