STYLE

STYLE. n.m. (lat. stilus «poinçon pour écrire»). ♦ 1° Comme chacun, jadis, maniait le poinçon et chacun, maintenant, la plume, à sa façon, et a une écriture qui le caractérise, chacun a aussi sa manière personnelle de rédiger : son style. ♦ 2° Par extension, manière personnelle de se comporter, d'agir. ♦ 3° Caractéristiques de l'art d'un artiste, qui imprègne son œuvre de sa personnalité. — Caractéristiques de l'art d'une époque {style Renaissance, style Louis-Philippe). ♦ 4° Au XVIIe siècle, dans la langue philosophique, manière d'exposer des connaissances. On lit dans le Discours de la Méthode, de Descartes (Ve partie) : «De la description des corps inanimés et des plantes, je passerai à celle des animaux et particulièrement à celle des hommes. Mais, pour ce que je n'en avais pas encore assez de connaissance pour en parler du même style que du reste...»

STYLISER, v. tr. Représenter une réalité, une forme, un objet, un caractère de façon simplifiée, épurée, de sorte qu’on en dégage l’essence (et rien qu’elle). «Styliser» n’est pas seulement simplifier ou schématiser : c’est tenter par la même occasion de saisir la nature profonde de ce qu’on représente, qu’il s’agisse d’un objet concret (ramené à sa ligne, à son dessin, à son épure idéale) ou d’un objet abstrait (le caractère d’un personnage dans une nouvelle, dans une pièce de théâtre). Un interprète musical peut styliser; un caricaturiste stylise constamment; un décorateur fait de même. La volonté de stylisation s’oppose en quelque sorte à la volonté de réalisme : la première recherche la forme essentielle, qui symbolise son objet; l’autre recherche la forme pleine et substantielle, qui se voudrait un équivalent du réel.

STYLE, n. m. Au sens littéraire, manière propre qu’a un écrivain d’écrire; art original qu’il manifeste dans son expression, et qui permet de le reconnaître entre tous. Le style de Voltaire, le style de Racine, le style de Hugo sont tels que l’amateur est rapidement capable de dire «C’est du Voltaire, du Racine, du Victor Hugo». Bien entendu, si l’on approfondit la question, on comprend vite que le style ne se limite pas à la virtuosité langagière de l’auteur : sa sensibilité, sa vision des choses, son humeur entrent pour beaucoup dans sa façon d’écrire, ce qui a permis à Buffon d’énoncer sa célèbre formule «Le style est l’homme même», et à Proust d’ajouter, de façon très pertinente : «Le style pour l’écrivain, aussi bien que la couleur pour le peintre, est une question non de technique mais de vision ». Dans Le Degré zéro de l’écriture, Roland Barthes a introduit une nuance entre le style et l’écriture : le style serait l’expression du moi instinctif, biologique, lié aux profondeurs secrètes et à la mythologie intérieure de l’écrivain, tandis que l’écriture représenterait le choix social qu’il effectuerait d’un certain code littéraire, en fonction de l’idée qu’il se fait de la forme. Le style serait personnel, l’écriture en quelque sorte « politique ». Cette distinction a été discutée. Il se trouve que le mot écriture est devenu synonyme du mot style (lequel intègre la dimension sociale que Barthes donnait à l’écriture). La notion de style s’est naturellement étendue à toutes les productions artistiques, y compris au mode d’être des personnes en société. On parle aussi de style d’une époque, d’une école artistique, du comportement d’une catégorie de personnes (le style de vie).

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STYLE Désigne en esthétique l’ensemble des caractères singularisant l’œuvre d’un artiste, quel que soit son domaine. Parmi les théories que la stylistique a élaborées, en ce qui concerne la littérature, pour rendre compte des effets propres à un style, on retiendra en particulier celle qui relie le style à l’élaboration du texte, par opposition au texte neutre ou « normal » (malgré toute la difficulté qu’il y a à définir celui-ci). Une autre thèse affirme que le style est produit par les connotations propres à chaque écrivain, provenant de sa culture propre et de sa biographie, consciente et inconsciente. C’est ce dernier aspect que, de diverses façons, la stylistique génétique tente d’explorer, en s’appuyant sur divers emprunts à la psychanalyse, au marxisme ou aux sciences humaines. De façon moins précise, le style se réfère aussi au type d’art qui caractérise un pays, une époque, une région (style gothique, Louis XVI, breton, etc.).