SOCIAL-DÉMOCRATIE ALLEMANDE
SOCIAL-DÉMOCRATIE ALLEMANDE
Au début du xxe siècle, la social-démocratie allemande désigne un parti, le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) fondé en 1875 par August Bebel (1840-1913) et Wilhelm Liebknecht (1826-1900), mais aussi un mouvement syndical puissant et un vaste réseau d’associations de chant, de sport, d’éducation, de théâtre… Alors qu’elle affiche un programme marxiste dont Karl Kautsky (1854-1938) se porte le garant, elle se distingue par son légalisme destiné à préserver les acquis. Ce positionnement est ébranlé par des débats de fonds sur la révision du marxisme voulue par Eduard Bernstein (1850-1932) ou sur la grève de masse préconisée par Rosa Luxemburg. Avec plus d’un million d’adhérents majoritairement ouvriers, ses élus et son organisation (finances, presse, unité), le SPD d’avant 1914 est alors le parti socialiste le plus puissant au monde.
Le ralliement à l’Union sacrée en août 1914 et son rôle dans l’écrasement des mouvements révolutionnaires insurgés en 1918 changent l’image de la social-démocratie allemande. Les opposants à la guerre sont exclus et fondent en 1917 le Parti social-démocrate indépendant (USPD). Les militants les plus radicaux de ce dernier, dont les « spartakistes » avec R. Luxemburg, font scission et créent en 1919 le Parti communiste d’Allemagne (KPD). Pendant la République de Weimar, le SPD devient un parti de gouvernement qui vieillit et stagne. Son modérantisme est appuyé par la Ligue générale des syndicats allemands (ADGB). Il s’ouvre davantage aux classes moyennes et aux agriculteurs en renonçant progressivement à l’idée d’un bouleversement révolutionnaire. De nombreuses organisations parallèles forment encore les éléments d’une communauté culturelle social-démocrate. Par le biais de l’urbanisme (Bauhaus), les élus locaux SPD soutiennent des réalisations profitant aux classes populaires.
Face au nazisme, les sociaux-démocrates, forts d’une adhésion ouvrière assez large mais légalistes, affaiblis par des rapports destructeurs avec les communistes qui les traitent de « social-fascistes », abandonnent la résistance clandestine à quelques groupes minoritaires et aux organisations de l’exil.
Dès mai 1945, Kurt Schumacher (1895-1952) reconstitue le parti, élément actif dans la mise en place des institutions provisoires. Dans la zone orientale, sous la pression des autorités soviétiques, SPD et KPD fusionnent en un seul parti, le Parti socialiste unitaire (SED), dont Walter Ulbricht est le premier secrétaire général. En 1949, le SPD ouest-allemand entre dans une longue phase d’opposition pendant laquelle il opère une mutation profonde. Avec le programme de Bad Godesberg en 1959, il abandonne le marxisme et s’affirme parti du peuple attaché à l’égalité et la justice. Il participe au pouvoir, d’abord dans le cadre d’une « grande coalition » avec la démocratie chrétienne (1966-1969), puis avec les libéraux. Willy Brandt (1969-1974), alors chancelier, développe des relations avec l’Est (Ostpolitik). Helmut Schmidt lui succède (1974-1982). Le parti qui affirme s’intégrer pleinement dans l’économie sociale de marché et qui participe à la construction européenne peine à faire aboutir des réformes sociales comme la cogestion dans les entreprises. La contestation vient des Jeunesses socialistes (Jusos), mais aussi d’« alternatifs » et d’écologistes. Le chancelier Gerhard Schröder, élu en 1998 après une nouvelle période d’opposition de seize ans, est représentatif d’une social-démocratie qui, sans renier la régulation sociale, se veut « moderne » en favorisant le libéralisme économique.
SOCIAL-DEMOCRATE ALLEMAND (Parti) en all. Sozialdemokratische Partei Deutschland ou SPD. Il est, avec la CDU-CSU, le deuxième grand parti de la RFA (République fédérale d'Allemagne) et joua jusqu'à la Première Guerre mondiale un rôle directeur dans le mouvement socialiste mondial. Fondé en 1875, il devint rapidement, quoique d'obédience marxiste, un parti réformiste dont l'objectif devait être, selon Bernstein, l'amélioration immédiate de la condition ouvrière par les voies du suffrage universel. Puissant grâce à l'importance de la classe ouvrière allemande, le grand nombre de ses permanents et ses rapports étroits avec les syndicats, le SPD réussit à imposer au gouvernement impérial la législation sociale la plus avancée d'Europe et devint, dès 1912, le premier parti politique d'Allemagne. Condamné pour son « révisionnisme » et sa participation à l'Union sacrée lors de la Première Guerre mondiale par l'aile gauche du parti, dirigée par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht ; celle-ci décida la création en 1917 de l'USPD, Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne, avant de rompre violemment après l'écrasement, en 1918, de la révolution spartakiste Attaqué sur sa gauche par un parti communiste qui ne lui pardonnait pas d'avoir trahi la révolution et qui capta bientôt une grande partie de sa base ouvrière, le SPD, contraint à des alliances au centre, se révéla impuissant à combattre la montée du nazisme puis fut dissous par Hitler (1933). Reconstitué en 1945, le Parti social-démocrate se heurta bientôt au problème de la division de l'Allemagne. A l'Est, le SPD se prononça pour l'unité d'action avec les communistes, les deux partis fusionnant pour former en 1946 le Parti socialiste unifié d'Allemagne ou SED. A l'Ouest, le SPD fut reconstitué sous la direction de Schumacher mais, victime de la guerre froide qui avantageait les forces conservatrices (CDU), il fut rejeté dans l'opposition durant 17 ans, combattant à l'extérieur la politique d'intégration européenne et atlantique défendue par Konrad Adenauer. Cependant, en répudiant l'idéologie marxiste et en acceptant le régime capitaliste de la libre entreprise et de la concurrence (programme de Bad-Godes-berg, 1959), le SPD, devenu un grand parti travailliste à l'anglaise, progressa sensiblement dans l'électorat allemand, accédant au pouvoir avec Willy Brandt et Helmut Schmidt. L'évolution à droite du SPD, qui laissait à gauche un grand vide (inexistence du PC), favorisa les mouvements d'extrême gauche et terroristes (bande à Baader) puis les mouvements alternatifs et « verts ». Le SPD est depuis 1983 dans l'opposition. En 1990, le SED est-allemand, qui avait été recrée en 1989, a fusionné avec son homologue de la RFA.
SOCIAL-DEMOCRATE ALLEMAND (Parti) en all. Sozialdemokratische Partei Deutschland ou SPD. Il est, avec la CDU-CSU, le deuxième grand parti de la RFA (République fédérale d'Allemagne) et joua jusqu'à la Première Guerre mondiale un rôle directeur dans le mouvement socialiste mondial. Fondé en 1875, il devint rapidement, quoique d'obédience marxiste, un parti réformiste dont l'objectif devait être, selon Bernstein, l'amélioration immédiate de la condition ouvrière par les voies du suffrage universel. Puissant grâce à l'importance de la classe ouvrière allemande, le grand nombre de ses permanents et ses rapports étroits avec les syndicats, le SPD réussit à imposer au gouvernement impérial la législation sociale la plus avancée d'Europe et devint, dès 1912, le premier parti politique d'Allemagne. Condamné pour son « révisionnisme » et sa participation à l'Union sacrée lors de la Première Guerre mondiale par l'aile gauche du parti, dirigée par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht ; celle-ci décida la création en 1917 de l'USPD, Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne, avant de rompre violemment après l'écrasement, en 1918, de la révolution spartakiste Attaqué sur sa gauche par un parti communiste qui ne lui pardonnait pas d'avoir trahi la révolution et qui capta bientôt une grande partie de sa base ouvrière, le SPD, contraint à des alliances au centre, se révéla impuissant à combattre la montée du nazisme puis fut dissous par Hitler (1933). Reconstitué en 1945, le Parti social-démocrate se heurta bientôt au problème de la division de l'Allemagne. A l'Est, le SPD se prononça pour l'unité d'action avec les communistes, les deux partis fusionnant pour former en 1946 le Parti socialiste unifié d'Allemagne ou SED. A l'Ouest, le SPD fut reconstitué sous la direction de Schumacher mais, victime de la guerre froide qui avantageait les forces conservatrices (CDU), il fut rejeté dans l'opposition durant 17 ans, combattant à l'extérieur la politique d'intégration européenne et atlantique défendue par Konrad Adenauer. Cependant, en répudiant l'idéologie marxiste et en acceptant le régime capitaliste de la libre entreprise et de la concurrence (programme de Bad-Godes-berg, 1959), le SPD, devenu un grand parti travailliste à l'anglaise, progressa sensiblement dans l'électorat allemand, accédant au pouvoir avec Willy Brandt et Helmut Schmidt. L'évolution à droite du SPD, qui laissait à gauche un grand vide (inexistence du PC), favorisa les mouvements d'extrême gauche et terroristes (bande à Baader) puis les mouvements alternatifs et « verts ». Le SPD est depuis 1983 dans l'opposition. En 1990, le SED est-allemand, qui avait été recrée en 1989, a fusionné avec son homologue de la RFA.
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