SINGAPOUR
État insulaire de l'Asie du Sud-Est, au S. de la péninsule malaise. L'île fut achetée en 1819 au raja de Johore (aujourd'hui en Malaisie) par sir Stamford Raffles pour la Compagnie anglaise des Indes orientales. Érigée en port franc par Raffles, qui veilla à son premier essor jusqu'en 1823, Singapour fut rattachée en 1826 à la colonie britannique des Straits Settlements (v.), qui resta administrée jusqu'en 1867 par le gouverneur général des Indes. Après la conquête de la Malaisie, les Japonais s'en emparèrent, sans grandes difficultés (15 févr. 1942), firent 70 000 prisonniers et l'occupèrent jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. À la dissolution des Straits Settlements (1946), Singapour devint une colonie de la Couronne. L'Angleterre lui accorda son autonomie au sein du Commonwealth en 1959. Singapour entra dans la Fédération de Malaisie en sept. 1963 (v. MALAISIE. De la Malaisie à Malaysia). Mais l'antagonisme, entretenu dans un contexte de guérilla communiste chinoise, entre la population chinoise et les Malais provoqua des heurts violents, notamment pendant l'été 1964. Le 8 août 1965, Singapour fut exclue de la Fédération de Malaisie et devint pleinement indépendante. À la tête du pays depuis 1959, Lee Kuan Yew (v.), chef du Parti d'action du peuple (PAP), fit de Singapour, alors quatrième port du monde, un des principaux centres industriels de l'Asie. Une politique volontaire de développement des infrastructures publiques et de généralisation de l'éducation dota le pays d'une économie dynamique. Ayant bénéficié, dans les années 1960, de nombreuses délocalisations décidées par des multinationales, Singapour, qui investit elle-même, au cours des années 1980, 27 milliards de dollars à l'étranger, sous-traita désormais ses activités de montage en Malaisie et en Indonésie. Un quart de la population active travaillait dans la finance, faisant de Singapour un des premiers marchés mondiaux. De 1965 à 1995, le PNB par habitant avait été multiplié par dix et Singapour fut le pays qui se redressa le plus rapidement de la crise asiatique de 1997. Ce développement économique foudroyant se fit cependant au détriment des libertés syndicales et politiques. Le droit de grève était inexistant, la population encadrée, y compris dans le domaine des murs, et les médias contrôlés. À de nombreuses reprises, le gouvernement sévit contre l'opposition, notamment en 1987, même si celle-ci gagnait de plus en plus d'audience. Mais elle restait sous-représentée au Parlement, du fait d'un système électoral verrouillé. Loin de s'assouplir, le régime reste dominé par le PAP, au pouvoir depuis 1959. En 1999, Sellapan Rama Nathan devint président sans consultation électorale, toutes les autres candidatures ayant été invalidées. Cela n'empêcha pas le pays d'obtenir un siège temporaire au Conseil de sécurité de l'ONU en oct. 2000.