SIERRA LEONE
État de l'Afrique occidentale, sur la côte atlantique, entre la république de Guinée et le Liberia ; capitale Freetown. Habitée par des tribus bantoues, les Buloms, (les Temnés, puis les Mendes), cette région fut découverte en 1462 par le Portugais Piedro de Cintra et reçut le nom de Serra do Leao (ce qui signifie « Montagne du Lion »). Au XVIIe et au XVIIIe s., le pays fut la proie des négriers jusqu'à la création, en 1787, de la Compagnie du Golfe de Saint-George, société antiesclavagiste anglaise, qui acheta un territoire aux chefs africains afin d'y installer des esclaves libérés. En 1792, plus d'un millier d'esclaves noirs libérés après avoir pris part aux côtés des Anglais à la guerre d'Amérique purent être installés en Sierra Leone. En 1808, la Sierra Leone devint colonie britannique ; les Anglais en firent la base de leurs patrouilles contre les négriers le long des côtes africaines, et la population de la colonie ne cessa de s'accroître d'esclaves ainsi délivrés. Dans les dernières années du XIXe s., l'Angleterre établit son autorité sur les chefferies de l'intérieur, qui furent réunies à la colonie en 1898. Le 27 avr. 1961 fut proclamée l'indépendance de la Sierra Leone ; le nouvel État dut faire face à de difficiles problèmes posés par le grand nombre des ethnies et surtout par la position privilégiée que s'étaient acquise les « Créos », descendants des anciens esclaves ramenés du Nouveau Monde à partir de la fin du XVIIIe s. Le pays connut plusieurs putschs militaires en 1967 et 1968 et le Premier ministre Sinka Stevens, appuyé par les Créos, s'efforça d'apaiser les disputes tribales ; en déc. 1969, il nationalisa les mines de diamant, principale richesse du pays, et, face à la succession de complots, il proclama l'état d'urgence en sept. 1970. Allié étroitement à son voisin guinéen Sékou Touré, S. Stevens proclama la république en avr. 1971. Sous sa direction, la Sierra Leone a recherché l'amitié des pays socialistes, d'abord de l'Union soviétique, puis de la Chine. Stevens fit adopter, d'abord par le Parlement, puis, en mai 1978, par un référendum qui fut très contesté, une réforme constitutionnelle instituant un régime à parti unique. Alors que le pays connaissait régulièrement des troubles - notamment estudiantins - durement réprimés, la situation économique ne cessait de se dégrader. Les exportations de cacao et de café étaient en baisse. En 1985, le chef de l'armée, le général Momoh, dauphin désigné de Stevens, devint président de la République. Touchée par la guerre civile du Liberia voisin (1989), d'où arrivaient de nombreux réfugiés, la Sierra Leone fut à son tour le théâtre d'une guerre civile, animée par le Front révolutionnaire uni (RUF), allié du Liberia rebelle de Charles Taylor. Malgré l'introduction du multipartisme en août 1991, suivit une longue période de troubles militaires et politiques, au cours de laquelle s'affrontèrent violemment les partisans du nouveau président Ahmed Tejan Kabbah (élu en 1996) et ceux de Foday Sankoh, chef du RUF. La présence de troupes mandatées par la communauté internationale (l'ECOMOG, dirigée par le Nigeria, puis les casques bleus à partir de 1999) ne put empêcher les cruelles exactions des rebelles du RUF contre les populations civiles, ni la prise d'otages de casques bleus en mai 2000. 00020000025300000CED 24D,Le même mois, peu de temps après l'arrivée de renforts britanniques, F. Sankoh ainsi que plusieurs responsables du RUF furent arrêtés à Freetown et, trois mois plus tard, le Conseil de sécurité de l'ONU approuva la création d'un tribunal international pour juger les crimes contre l'humanité en Sierra Leone. Cependant, les rebelles tenaient encore la moitié du pays et les combats reprirent dès que les forces de l'ONU approchèrent des mines de diamants. Le gouvernement et le RUF, privés du secours du Liberia, signèrent en nov. 2000 une nouvelle trêve ; A. Kabbah fut réélu en mai 2002.