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RUSSIE (campagne de, juin/déc. 1812)

Campagne menée contre la Russie par Napoléon Ier. De nombreuses raisons contribuèrent à la ruine de l'alliance que Napoléon et le tsar Alexandre avaient conclue à Tilsit (1807) et renouvelée à Erfurt (1808). Napoléon, absorbé par les affaires d'Espagne, avait dû renoncer aux grands projets d'expédition en Asie et au partage de l'Empire ottoman, désiré par le tsar. Le Blocus continental était ruineux pour les producteurs agricoles et les commerçants russes ; par l'oukase du 31 déc. 1810, Alexandre ouvrit ses ports au commerce des neutres et aux marchandises britanniques, et taxa les importations françaises. Le remariage de Napoléon Ier avec Marie-Louise et son alliance avec l'Autriche, l'annexion à l'Empire français du duché d'Oldenburg, qui appartenait au beau-frère du tsar, l'inquiétude des Russes devant l'extension du grand-duché de Varsovie contribuèrent également à rendre le conflit inévitable. Napoléon rassembla la plus grande armée qu'on eût jamais encore vue en Europe : au total, plus de 600 000 hommes. Sur ce nombre, on ne comptait guère plus de 200 000 Français, le reste étant composé de Polonais, d'Allemands, d'Autrichiens de Suisses, de Hollandais, d'Italiens. La Grande Armée était devenue une véritable armée européenne, mais ses contingents étaient de valeur et de loyauté très inégales. Napoléon croyait que quelques semaines lui suffiraient pour écraser l'armée russe et contraindre le tsar à la paix. Il bénéficiait, au départ, d'une écrasante supériorité numérique, les Russes n'ayant à lui opposer que trois armées fort distantes l'une de l'autre et totalisant 230 000 hommes. • L'entrée en Russie • La retraite L'entrée en Russie Les 24/26 juin 1812, la Grande Armée franchit le Niémen à Kovno (Kaunas). Progressant à marches forcées, malgré une forte chaleur qui fatiguait les troupes et décimait les chevaux, Napoléon voulait séparer la Ire (Barclay de Tolly) et la IIe (Bagration) armées russes ; mais le commandement russe, du fait de son infériorité numérique, par la force des choses et non par l'application d'un plan longuement élaboré, se trouva amené à adopter une stratégie de retraite continue qui entraîna les Français de plus en plus loin à l'intérieur des terres. Après une bataille qui coûta 15 000 hommes à la Grande Armée, les Russes parvinrent encore à s'échapper à Smolensk (16/19 août). Les soldats devaient de plus en plus vivre sur le pays, mais pillages et exactions suscitaient contre les envahisseurs une haine populaire qui donna aux opérations le caractère d'une guerre patriotique. Avec l'appui de la masse paysanne, l'armée du tsar pratiquait la tactique de la terre brûlée et faisait le vide derrière elle. Pour satisfaire son entourage, qui ne pouvait admettre qu'on abandonnât Moscou sans livrer bataille, le tsar remplaça Barclay de Tolly par le vieux et très populaire Koutouzov (17 août). Celui-ci tenta d'arrêter les Français sur la Moskova, à Borodino. Après une bataille d'un acharnement inouï, au cours de laquelle les Russes perdirent 50 000 hommes et les Français 30 000, Napoléon força le passage, mais sans parvenir à l'anéantissement de l'ennemi (7 sept.). Affaiblie depuis le début de la campagne par la disparition de 180 000 hommes, morts, prisonniers ou déserteurs, la Grande Armée fit son entrée dans Moscou le 14 sept. 1812. Dès le lendemain se déclencha l'incendie qui, pendant quatre jours, détruisit les trois quarts de la cité. Mais l'occupation de la capitale historique et religieuse de la Russie n'amena pas le tsar à traiter. Les forces de Koutouzov, qui restaient aux abords de Moscou, ne cessaient de se renforcer avec l'arrivée de l'armée du Danube (Tchitchagov), d'unités de Cosaques, et des troupes fournies par la levée en masse. Bien qu'ayant trouvé à Moscou d'importants approvisionnements, Napoléon ne pouvait songer à y prendre ses quartiers d'hiver, car les Russes le menaçaient d'encerclement. 00020000061A00000F3F 614,La retraite Le 19 oct., il commença sa retraite avec 95 000 combattants et 40 000 employés. Il comptait revenir à Smolensk par la route de Kalouga, qui traversait un pays encore épargné par la guerre. Mais la route de Kalouga resta aux mains de Koutouzov, et la Grande Armée dut reprendre l'itinéraire qu'elle avait suivi deux mois plus tôt et où elle ne trouva que dévastations. Aux tourments de la faim, au harcèlement incessant des Cosaques et des partisans s'ajoutèrent, à partir du 7 nov., les rigueurs d'un hiver exceptionnellement précoce et froid, au cours duquel la température descendit jusqu'à - 30 °C. Napoléon força le passage du Dniepr à Krasnoïe (15/17 nov.), mais Ney, deux jours plus tard, y laissa plus de 20 000 hommes. Malgré la carence de Schwarzenberg, qui, à la tête du corps autrichien, semblait déjà faciliter l'action des Russes, une nouvelle menace d'encerclement fut écartée grâce au passage de la Berezina (26/29 nov.), qui coûta encore 30 000 hommes. Le 29e Bulletin de la Grande Armée, daté de Molodetchno, le 3 déc. 1812, révéla à la France l'étendue du désastre. Deux jours plus tard, Napoléon remettait le commandement à Murat et se hâtait de regagner la France pour y reconstituer des troupes. Peu après, la Grande Armée repassait le Niémen. Elle ne comprenait qu'un peu plus de 10 000 hommes. De la campagne de Russie ne revinrent au total que 110 000 hommes ; Napoléon avait perdu 500 000 hommes. Mais les Russes étaient dans un état presque aussi pitoyable, ayant perdu, depuis Moscou, quelque 70 % de leurs effectifs.




RUSSIE (Campagne de, juin-décembre 1812). Nom donné à la campagne menée contre la Russie par Napoléon Ier. Elle fut son premier grand désastre militaire entraînant l'anéantissement de la Grande Armée. L'alliance qui avait été conclue en 1807 entre l'empereur et le tsar Alexandre Ier à Tilsit et renouvelée à Erfurt ( 1808) ne résista pas au temps. Alexandre Ier redoutait une résurrection de la Pologne à partir du grand-duché de Varsovie et Napoléon reprochait au tsar de ne pas appliquer fermement le Blocus continental. Le conflit était inévitable. Alexandre Ier signa une alliance avec les Turcs (traité de Bucarest) et avec la Suède (traité de Saint-Pétersbourg). De son côté, Napoléon força la Prusse et l'Autriche à lui fournir des contingents, ces deux pays souhaitant en réalité le succès de la Russie. L'armée qu'il réunit fut la plus grande qu'on ait jamais vue en Europe : plus de 600 000 hommes, dont 200 000 Français, le reste étant composé de Polonais, d'Allemands, de Suisses, de Hollandais et d'Italiens (« l'armée des 20 nations »). Le déséquilibre des forces était impressionnant. Les généraux russes, redoutant d'affronter Napoléon, adoptèrent une stratégie de retraite continue, entraînant les Français de plus en plus loin à l'intérieur des terres. L'armée du tsar faisait aussi le vide derrière elle : avec l'appui des masses paysannes, la tactique de la terre brûlée fut systématiquement pratiquée, empêchant l'envahisseur de se ravitailler. Au bout de deux mois de campagne, une première bataille, d'une grande violence, se livra à Borodino, près de la rivière Moskova (septembre 1812) et, quelques jours plus tard, les Français entraient dans Moscou vidé de ses habitants et incendié. Craignant l'arrivée de l'hiver, Napoléon décida d'arrêter la campagne. La Grande Armée effectua en novembre-décembre 1812 une retraite qui tourna à la catastrophe : le froid, les privations, le harcèlement des Cosaques, les épisodes tragiques comme le passage de la rivière Berezina (novembre 1812) coûtèrent la vie à des milliers de soldats. De la campagne de Russie ne revinrent au total qu'environ 110 000 hommes, les Russes ayant perdu de leur côté près de 70 % de leurs effectifs. Le désastre militaire, immédiatement suivi de la défection de l'Autriche (1813) et du soulèvement de la Prusse (1813), provoqua l'effondrement de la domination napoléonienne en Europe. Voir Charles XIV Bernadotte, Cent-Jours, Coalition (Sixième), Leipzig (Bataille de).

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