RÉUNIONS (politique des)
Politique d'expansion territoriale sur les frontières de l'Est poursuivie en pleine paix par Louis XIV, après le traité de Nimègue (1678). Inaugurée par Croissy, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, cette politique consistait à exploiter les clauses imprécises des traités qui cédaient des territoires et des villes « avec leurs dépendances ». Louis XIV créa dans le parlement de Metz, dans le conseil souverain de Brisach et dans le parlement de Besançon des « chambres de réunion » chargées de rechercher les terres et fiefs qui avaient relevé des Trois-Évêchés, des villes d'Alsace ou de Franche-Comté, afin de prononcer, par arrêts de justice, leur réunion à la Couronne, exploitant ainsi la complexité du régime féodal de ces régions. Ces chambres adjugèrent ainsi à la France des terres, villes et villages qui appartenaient à l'Électeur de Trèves, à l'Électeur palatin, au roi de Suède, à l'évêque de Spire, au duc de Wurtemberg... Sans tenir compte des protestations de la diète germanique de Ratisbonne, Louis XIV, en sept. 1681, concentra en Alsace près de 30 000 hommes, qui investirent Strasbourg et sommèrent la ville de reconnaître pour maître le roi de France, en vertu d'un arrêt du parlement de Brisach ; la municipalité dut s'incliner, et, le 8 oct. 1681, Louis XIV fit son entrée dans Strasbourg. L'Allemagne, où la France avait compté jusqu'alors tant d'alliés et de clients, se groupa presque tout entière contre Louis XIV dans la guerre de la ligue d'Augsbourg (1689/97). Au traité de Ryswick (1697), Louis XIV dut restituer toutes les « réunions », sauf celles d'Alsace.