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Renaud Camus

Né en 1946 à Chamalières, Renaud Camus a fait des études de droit, de philosophie et de sciences politiques et deux séjours comme lecteur dans des universités américaines. Renaud Camus a signé son second roman, Echange, Denis Duparc, nom d’un personnage de Passage, son premier livre. Qui renvoie à quoi ? Les images aux images ? Et l’on glisse d’une ville à l’autre, d’un court de tennis à une plage, du jardin de la ville d’enfance à un parc célèbre. Les mots aux mots ? Et une phrase appelle une citation, l’englobe si bien qu’elle s’en nourrit pour engendrer une autre phrase, un autre paragraphe ; ou encore le second roman est comme le miroir ou l’avatar du premier. Le texte à la vie ? Et le récit réinvente la maison et la saga familiales, le séjour en Amérique, les aventures amoureuses (le plus souvent homosexuelles), la douceur des arbres dans le parc et le bruit des balles sur les raquettes, la saison musicale à la Fenice. La vie aux livres ? Et les Indes prennent leur couleur par référence à Marguerite Duras et les beaux marins avec pantalon à pont ont d’autant plus de charme qu’ils rappellent Melville s’engageant comme boy sur un voilier. L’auteur à son personnage ? Ou l’inverse ? Et de Passage à Echange Denis Duparc se substitue à Renaud Camus et dans un change perpétuel et un passage incessant, peut-être est-ce Renaud qui se perd en Denis et Denis qui dit la vérité de Renaud. Ce qui frappait dans Passage, ce qui frappe plus encore après Echange, c’est la construction circulaire, quasi fantastique des récits de Renaud Camus, comme si ses livres, à travers une succession infinie de récits qui ne cessent de se refléter et de se reprendre les uns les autres, et dont chacun est d’une clarté parfaite, d’une écriture limpide, parfois même d’une élégance quasi-classique, ne formaient qu’un seul récit racontant sans jamais parvenir à les épuiser les deux aventures, à la fois parallèles et confondues, du réel et du texte. Tout — l’enfance, l’Histoire, la mémoire, le présent, l’ici et Tailleurs, le sexe, la jouissance, la solitude, la rencontre, la sensualité et le savoir, la vie et la mort — est pris dans cette construction vertigineuse et toujours maîtrisée, dans cette architecture savante et baroque de mots et de paragraphes. Et peut-être Camus est-il de tous les jeunes écrivains celui qui a su le mieux monter à la manière de Raymond Roussel une mécanique d’écriture. En ce cas, le premier paragraphe de Passage, qui est aussi le dernier Echange serait aussi à prendre comme référence à Roussel, l’auteur de la Vue : « Et de nouveau / Une table, une fenêtre, une table près d’une fenêtre, et la vue, les vues. » ► Bibliographie

Passage, 1975 ; Échange (signé Denis Duparc), 1976, Flammarion, collection Textes.

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