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Protogène, peintre

Protogène, peintre (Carie, fin du ive s. av. J.-C.).

Il vécut surtout à Rhodes, où il travailla dans la pauvreté jusqu’à environ cinquante ans. Il peignit en particulier des vaisseaux, dont deux trières sacrées des Athéniens, la Paralos et l'Ammonias. Il vivait modestement dans une petite maison au fond d’un jardin, dans un faubourg, jusqu’à ce qu’Apelle vienne à Rhodes et, ayant acheté très cher une de ses œuvres, le rende ainsi célèbre et considéré. C’était un artiste extrêmement soigneux et méticuleux, qui n’hésitait pas à passer plusieurs années sur une même œuvre, la perfectionnant sans cesse. Il lui arriva de donner quatre couches de peinture à un tableau comme son lalysos (héros éponyme d’une cité rhodienne) ; quand Apelle vit cette œuvre, il demeura stupéfait d’admiration. On cite une anecdote caractéristique du sérieux avec lequel il pratiquait son art : alors que Démétrios Poliorcète, v. 304, assiégeait Rhodes, Protogène peignait dans son jardin sans s’interrompre en dépit de la violence des combats; Démétrios, qui était venu lui rendre visite, s’en étonnant, l’artiste lui répondit qu’il croyait que ce dernier faisait la guerre aux Rhodiens et non pas aux arts. Démétrios ne prit pas la ville, mais protégea et encouragea le peintre. Il exécuta encore un satyre une flûte à la main, un Tlépolème, le roi Antigonos, la mère d’Aristote. Il était aussi statuaire et fondit des bronzes d’athlètes, d’hommes armés et de chasseurs. Sa rencontre avec Apelle est demeurée célèbre : lors de sa visite à l’artiste, qui était absent, Apelle, pour laisser une sorte de signature, traça un trait extrêmement fin sur une planchette laissée sur un chevalet et gardée par une servante ; à son retour, Protogène vit ce trait et reconnut là la main du grand artiste ; il traça au-dessus une ligne plus fine encore. Étant revenu de nouveau, Apelle partagea les deux lignes par un trait d’une finesse incroyable, de telle sorte que Protogène s'avoua vaincu. Cette planchette fut conservée et fit longtemps l’admiration et l’étonnement des Grecs, puis des Romains, qui la transportèrent à Rome.

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