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PRÉSUPPOSÉ

PRÉSUPPOSÉ, n. m. Ce qui est supposé au préalable, ce qui est tenu pour vrai d’avance; en particulier, ce qu’on laisse entendre sans le formuler expressément (voir le mot implicite).

• Le présupposé peut être relatif à un fait, à une action. Dire « Charlemagne conduisit son armée aux frontières de son empire» suppose que Charlemagne existe, qu’il a un empire (on est donc après l’année 800, où il fut sacré empereur), qu’il a une armée et qu’il en est le chef.

• Le présupposé peut concerner une démonstration. Il est la base de départ, plus ou moins explicitée, sur laquelle se fonde celui qui raisonne. Toute la géométrie d’Euclide se fonde sur le « postulat d’Euclide». On le sait au début. Mais lorsqu’on se trouve dans les dernières propositions, on l’a un peu oublié. Le présupposé est devenu implicite. Un présupposé est donc souvent un postulat implicite (ou un élément acquis d’une précédente démonstration, qu’on suppose connu et accepté par le lecteur ou l’auditeur).

• Le présupposé peut enfin concerner l’énoncé d’opinions, de jugements de valeur, de conceptions préétablies. Consciemment ou non, le locuteur peut conduire son interlocuteur à admettre ces présupposés d’autant plus facilement qu’ils restent implicites. Si je dis par exemple «Avec 8 000 F par mois, elle gagne bien sa vie, pour une femme», je présuppose qu’il est normal que les femmes gagnent moins de 8 000 F, ou en tous cas moins que les hommes; ainsi, je tends subrepticement à faire partager cette conception. Si je déclare «Le bonheur ne peut être atteint en ce bas monde», mon présupposé est qu’il y a un autre monde, en haut, où le bonheur peut être atteint. Souvent l’énoncé explicite cache le présupposé implicite : l’art de l’explication de texte est d’élucider ces sous-entendus dont le locuteur lui-même n’est pas toujours conscient. Voir Énonciation.

PRESUPPOSE (adj. et n. m.) 1. — Ce qu’on prend explicitement pour accordé au début d’une recherche, d’une démonstration, d’une discussion. 2. — Ce que l’on prend implicitement pour accordé. 3. — (Logique, ling.) Notion utilisée, quoique diversement définie, par de nombreux auteurs (Austin, Strawson, Ducrot) pour décrire le fonctionnement de certains énoncés : « Fermez la porte ! » a pour présupposés « il y a une porte » et « la porte est ouverte » ; opposé à posé, c.-à-d., dans l’exemple, à l’ordre de fermer la porte. 4. —Présupposition : a) Syn. présupposé, b) Acte de présupposer ; en part., acte de parole (cf. sens 3) : « Présupposer, ce n’est pas dire ce que l’auditeur sait, ou que l’on pense qu’il sait ou devrait savoir, mais placer le dialogue dans l’hypothèse où il saurait déjà, tenir le rôle de quelqu’un dont l’auditeur sait que... » (O. Ducrot).