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Énonciation, énoncé

Énonciation, énoncé Termes introduits par Lacan pour spécifier le discours au niveau inconscient et conscient. Lacan reprend cette distinction aux linguistes : l’énonciation est du côté de l’acte de parole et l’énoncé du côté du produit de cet acte. Lacan utilise principalement cette distinction pour mettre en avant la notion d’un sujet de l’énonciation, nulle part présent dans l’énoncé, où il est indiqué par un shifter (embrayeur) comme le «Je». Ce «Je», qui est ce que tout un chacun utilise quand il parle, ne peut donc signifier ce sujet d’énonciation, mais seulement l’indiquer dans l’énoncé.
ÉNONCÉ
Toute expression, dans un langage, d’un jugement, d’un ordre, d’un conseil, etc. Depuis Austin, on distingue en linguistique les énoncés constatifs (qui décrivent, ou constatent simplement, ce qui est et fournissent de l’information) des énoncés performatifs (qui produisent un événement n’ayant aucune chance d’apparaître en leur absence). ♦ En épistémologie, les partisans du néo-positivisme nomment énoncé performatif tout énoncé scientifique élaboré, en n’y comprenant rien de plus que la codification d’une expérience, qui n’a de sens que relativement au système symbolique dont il dépend.
ÉNONCÉ
Expression d’un jugement, d’un problème, d’un ordre... c’est-à-dire de toute proposition (les candidats écoutent l'énoncé des questions auxquelles ils devront répondre).
ENONCE (n. m.) 1. — (Lato) Expression linguistique d’une proposition. 2. — (Stricto) Syn. énonciation : sert à traduire l’angl. « speech act ». Toute phrase en tant qu’elle tire son sens d’un acte particulier du sujet (cf. l’impératif, la prière) ; en ce sens, on oppose parfois dénonciation, en tant qu’elle témoignerait, par des symboles qui, comme le pronom « je », n’ont de sens qu’en référence à l’acte singulier qu’elle constitue, aux propositions qui, constatant simplement un fait, ont pour propriété caractéristique d’être vraies ou fausses (cf. Benveniste) ; cependant, Austin et surtout Searle font remarquer que la proposition correspond aussi à un type d’énonciation, l’affirmatif ou le constatatif ; dès lors, une théorie de l’énonciation devient une théorie des rapports de la phrase aux sujets parlants, aux situations, aux conventions extralinguistiques. Ce dernier point n’est pas reconnu par tous les auteurs : « L’énoncé [...] c’est une fonction d’existence qui appartient en propre aux signes et à partir de laquelle on peut décider, ensuite, par l’analyse ou l’intuition, s’ils “font sens” ou non, de quoi ils sont signes, selon quelle règle ils se succèdent ou se juxtaposent, et quelle sorte d’acte se trouve effectué par leur formulation (orale ou écrite) » (Foucault). 3. —Énoncé protocolaire : chez Carnap, compte rendu codifié d’une observation scientifique. 4. —Énonciation : acte d’énoncer, cf. énoncé, sens 2.



Énoncé. Propos tenus par un locuteur, précédés et suivis d’un silence, et qui, à la différence de la phrase, ne sont pas nécessairement descriptibles ou organisés. Un énoncé représente le résultat d’un acte individuel et concret, l'énonciation. Sur le plan linguistique, il peut coïncider avec un discours comme avec un fragment de mot. Tout énoncé suppose un ancrage pragmatique : il est en effet prononcé par un sujet linguistique qui dit je, dans un endroit donné, qu’il désigne par ici, et dans un moment particulier, qu’il désigne par maintenant. Ces trois facteurs, le sujet parlant, et les circonstances spatio-temporelles de la parole, constituent les paramètres de l’énonciation. Tout énoncé porte la trace de cet ancrage pragmatique sous forme des déictiques qui renvoient aux circonstances de l’énonciation, et sous forme des modalités qui indiquent les appréciations que le locuteur porte sur les événements qu’il relate.

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