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HISTOIRE - HISTOIRE (PHILOSOPHIE DE L’)

HISTOIRE, n.f. (gr. emprunté par le lat. historia, de historein « chercher à savoir », « s'enquérir », « raconter »). ♦ 1° Suivant une conception qui remonte à Aristote et qui s'est prolongée jusqu'au XVIIIe siècle, l'histoire consiste à amasser des documents, à recueillir des données de fait, sans souci de les systématiser. Elle concerne essentiellement la mémoire. Bacon soulignera qu'elle porte sur l'individuel et non sur le général. Elle ne peut donc pas être une science. En ce sens, on a parlé longtemps d'histoire naturelle. L'histoire naturelle était surtout descriptive. Selon cette conception, quand elle porte sur des faits humains, l'histoire est surtout récit. L'idée de chronologie, place des événements dans le temps, a été mise en valeur par les encyclopédistes. ♦ 2° Dans son sens actuel, l’histoire est l'étude du passé, et particulièrement du passé des sociétés humaines, des événements qui ont influé sur le destin des nations, comme les guerres, mais aussi des mœurs, des institutions, des formes de gouvernement. Par extension c'est le passé lui-même (1940, 1968... c'est de l’histoire). Actuellement, l'histoire veut être une science. C’est une science difficile, car les faits ont disparu, sont souvent connus d'une façon fragmentaire, il faut les reconstituer. L’explication est toujours risquée. La notion de cause n’y a pas le même sens qu'en physique, et l’on peut se demander s'il y a des facteurs déterminants. L'effort scientifique de l'historien porte sur la critique des documents et la recherche d’explication des faits et de leur succession. La philosophie de l’histoire est la recherche de lois générales qui présideraient à l’évolution des sociétés humaines (voir par exemple, Bossuet, Vico, Hegel). — L'expression de sens de l'histoire, fréquemment utilisée depuis Hegel, est assez équivoque. On peut entendre soit que l'ensemble des événements est orienté et se dirige vers un but. Soit que de la succession des événements se dégagent des significations et des enseignements. — La préhistoire porte sur le passé très ancien pour lequel nous ne disposons pas de documents écrits mais simplement des traces (ossements, pierres, poteries etc.).

HISTOIRE

♦ (Sens anciens.) Chez Aristote, l'historia désigne un simple rassemblement de documents, sans souci d’explication ou de systématisation. Dans la classification des sciences de Bacon, l’histoire, connaissance de l’individuel, est une science de la mémoire, distincte de la poésie (science de l’imagination) aussi bien que de la philosophie (science de la raison ayant pour objet le général). Tous les auteurs classiques marquent la différence entre l'histoire naturelle qui décrit et classe les êtres de la nature, et l'histoire humaine qui, ainsi que le souligne l'Encyclopédie, implique une chronologie (mais aussi de la conscience, selon Hegel qui contestera en conséquence la possibilité d’une histoire propre à la nature).

♦ (Sens actuel.) Science du passé de l’homme, généralement limitée à la connaissance des sociétés pratiquant l’écriture, la préhistoire couvrant la période antérieure. Le récit historique, qui est d’abord (chez Hérodote) simple enquête personnelle, a mis des siècles à affirmer sa rigueur et ses méthodes, passant ainsi progressivement d’une discipline littéraire à une discipline scientifique : s’appuyant sur des documents dûment critiqués, il cherche à définir des faits reconstruits et à expliquer leur succession. Une telle explication (qui distingue l’histoire de la pure chronique où les événements sont simplement recensés dans l’ordre de leur apparition sans que soit mise en évidence la moindre causalité) peut s’effectuer en fonction de principes différents, qui ont donné naissance à différentes écoles d’historiens : théorie de l’espace vital, rôle des grands personnages, lutte des classes, etc. L’importance de l’histoire humaine, ou plus précisément de l’historicité de l’homme, n’a pu être appréciée en philosophie que lorsque l’être humain a commencé à être conçu, non plus comme dépendant d’une définition essentielle et étemelle (provenant en particulier de la création divine), mais comme résultant de transformations progressives : moment qui s’inaugure au xviiie siècle - notamment avec Rousseau - et qui trouve toute son ampleur dans les systèmes de Hegel puis de Marx au point que, pour la majeure partie de la pensée contemporaine, le point de vue historique en philosophie demeure essentiel.

HISTOIRE (PHILOSOPHIE DE L’)

Toute conception admettant que l’histoire obéit à un sens, sinon à une intention. D’abord intimement liée à la philosophie politique (chez Aristote ou Machiavel) ou à la théologie (chez Bossuet), la philosophie de l’histoire devient consubstantielle à la philosophie elle-même chez Hegel et Marx. Elle implique chez ces derniers la conception d’une temporalité linéaire et orientée, à l’intérieur de laquelle la rationalité universelle se réalise progressivement. Mais certaines pensées (Platon, Vico, Nietzsche) s’articulent différemment sur une temporalité cyclique. Quoi qu’il en soit, l’aboutissement logique de toute philosophie de l’histoire consiste à faire de l’action historique conforme au sens affirmé le critère de la philosophie juste. La question qui se pose alors est de savoir si le propre de la philosophie n’est pas au contraire de toujours maintenir par rapport à l’action une distance telle qu’elle puisse la juger.

HISTOIRE

1. Sens courant : récit d’événements réels ou imaginaires (raconter une histoire).

2. Suite des états par lesquels une réalité a passé (l'histoire de ma vie ; l'histoire de la Chine).

3. Étude cherchant à connaître le passé humain (faire des études d'histoire ; consulter un livre d'histoire). Il s’agit donc de la connaissance du passé.

On remarquera que la langue française en ne proposant qu’un seul mot pour une connaissance (sens 3) et son objet (sens 2) peut conduire à de graves confusions si l’on mêle les problèmes que soulèvent ces deux sens. Ainsi l'histoire comme connaissance (sens 3) pose des problèmes de méthode — origine, sens et valeur des documents utilisés ; légitimité de l’interprétation fournie — tandis que l'histoire comme ensemble d’événements (sens 2) pose des problèmes d’ordre philosophique — obéit-elle à des lois, lesquelles ? va-t-elle vers une fin, laquelle ?... Le premier ensemble de questions (sens 3) relève de l’épistémologie , alors que le second (sens 2), plus général, concerne aussi bien la politique sur le sens et la fin de l’histoire) que la philosophie.

HISTOIRE (n. f.) 1. — Au sens étym., description non systématique des faits : histoire naturelle. 2. — Récits rapportant des événements ayant eu lieu dans le passé ou imaginaires. 3. — Ensemble des états par lesquels passe une réalité quelconque (individu, pays, civilisation, discipline scientifique), des événements qui lui arrivent, des déterminations qui règlent ces événements ; ail. Geschichte. 4. — Étude de l’histoire au sens 3 ; all. Historié ; (class.) l’histoire était plus particulièrement définie comme étude chronologique des faits sociaux considérés dans leurs particularités de temps et de lieu ; (auj.) on y fait entrer des considérations de structure. 5. —Historique : a) Qui concerne l’histoire aux sens 3 ou 4 : l’homme est un animal historique ; un ouvrage historique, b) Qui a réellement eu lieu, comme un fait historique, c) Mémorable, qui mérite d’être conservé par l’histoire : un événement historique. 6. —Historicisme : a) Méthode consistant à expliquer des faits, ou à exposer une doctrine, une science à partir de son histoire ; on dit parfois en ce sens historisme, b) Doctrine d’après laquelle la vérité est historique, c.-à-d. évolue avec l’histoire au sens 3 ; opposé à rationalisme, naturalisme ; souv. péj. : « Le marxisme n’est pas un historicisme » (Althusser). 7. — Historicité : caractère de ce qui est historique aux sens a ou b \ pour les existentialistes, caractère de l’homme en tant qu’il est une liberté engagée dans l’histoire.




NOUVELLE HISTOIRE

. Mouvement intellectuel, né en 1929 avec la fondation par deux historiens de la revue Les Annales, qui a totalement renouvelé l’étude de l’Histoire, dans ses méthodes comme dans ses contenus. La «nouvelle histoire» refuse en particulier la prépondérance de l’histoire «événementielle» (qui réduit l’histoire à des événements précis et à des hommes illustres), pour s’attacher à l’étude des civilisations et de leur lent devenir, pour mettre en lumière tout ce qui, traditionnellement, restait dans l’ombre : l’économie et la démographie, l’histoire des sciences et des techniques, l’évolution des mentalités, la vie concrète des diverses catégories sociales (paysans, ouvriers, artisans) dans leurs milieux.

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