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PHILIPPE VI DE VALOIS

PHILIPPE VI DE VALOIS (1293-1350), roi de France [1328-1350]. En choisissant le fils de Charles de Valois pour succéder à Charles IV, les grands féodaux ont favorisé l’accession au trône d’un des leurs, chevalier accompli et brillant seigneur aimant le faste. Il saura les en remercier en leur donnant une place importante dans la conduite des affaires - ce qui conduira aux rivalités dont la dynastie des Valois (qu’il inaugure) ne manquera pas d’être la victime sous le règne de ses successeurs. En dépit d’acquisitions territoriales (Montpellier, Dauphiné, héritage bourguignon, Brie et Champagne), son règne est surtout marqué par le malheur : début de la guerre de Cent Ans (avec le fâcheux épisode de Crécy, 1346), peste noire (1347), famines consécutives à l’interruption du commerce et des travaux agricoles.

Philippe VI de Valois (1293-1350) ; roi de France [1328-1350].

Fils de Charles de Valois et de Marguerite de Sicile, neveu de Philippe le Bel, P. est nommé régent à la mort de Charles IV le Bel (1er févr. 1328), dont la femme est enceinte. Celle-ci accouche d’une fille (1er avril 1328) et P. est proclamé roi de France et sacré à Reims le 29 mai. Il est reconnu roi malgré les prétentions que pouvaient avoir Edouard III d’Angleterre, fils d’Isabelle de France, et Philippe d’Évreux, petit-fils de Philippe III le Hardi, mais par les femmes. Les barons et pairs reconnaissent P. d’abord parce qu’il est prince français : la question de savoir si les femmes (qui ne peuvent régner) peuvent transmettre à un mâle le droit de régner, n’est pas encore posée de façon théorique et ne devient un enjeu de propagande qu’au cours de la guerre de Cent Ans. Au début du règne de P., Edouard III passe en effet sous silence ses revendications et prête hommage simple au roi (août 1329), puis hommage lige (1331). Le prestige du roi est alors grand : il remporte le 23 août 1328 la victoire de Cassel sur les Flamands révoltés contre le comte Louis de Nevers. Cependant les relations avec l’Angleterre se gâtent vers 1336-1337. Les causes de la guerre de Cent Ans seraient trop longues à énumérer ici, de même que le détail complexe de son déroulement. P. s’alliant aux Écossais et confisquant la Guyenne, Édouard III lance un défi au roi de France (19 oct. 1337). En 1340, il prend le titre de roi de France. La Flandre, secouée par des mouvements où s’illustre Jacques van Artevelde, est le terrain principal des opérations jusqu’en juin 1338, date d’un armistice. La guerre ayant repris, en Flandre et en Guyenne, la flotte française subit une défaite cuisante à L’Écluse, l’avant-port de Bruges (24 juin 1340). La guerre secoue ensuite la Bretagne jusqu’en 1346, année où Édouard III envahit le royaume et défait l’armée française à Crécy (26 août). Les Anglais s’emparent bientôt de Calais, après un long siège (reddition le 3 août 1347). Une trêve est signée le 28 septembre 1347. P. meurt à Nogent-le-Roi le 22 août 1350, avant la reprise des hostilités. La fin du règne est assombrie par l’apparition de l’épidémie de peste noire qui ravage toute l’Europe. Le roi a réuni de nouveaux territoires au domaine royal : son apanage (Valois, Chartres, Anjou et Maine, en 1328), la Champagne et la Brie (1333, par transaction avec Philippe d’Évreux) et surtout le Dauphiné acheté en 1349 à Humbert II de Viennois, et qui devait devenir l’apanage des héritiers de la couronne, dits « dauphins » à partir du futur Charles V. Marié d’abord à Jeanne de Bourgogne (1348), P. épouse ensuite Blanche de Navarre. Son fils aîné Jean II lui succède.

Bibliographie : R. Cazelles, La Société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois, 1958 ; J. Favier, La Guerre de Cent Ans, 1980.

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