Databac

Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline

Publié le 15/05/2020

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline Ce document contient 1680 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline Extrait étudié : Au front, le colonel de Bardamu reçoit un message : De le voir ainsi cet ignoble cavalier dans une tenue aussi peu réglementaire, et tout foirant d'émotion, ça lecourrouçait fort, notre colonel.

Il n'aimait pas cela du tout la peur.

C'était évident.

Et puis ce casque à la mainsurtout, comme un chapeau melon, achevait de faire joliment mal dans notre régiment d'attaque, un régiment quis'élançait dans la guerre.

Il avait l'air de la saluer lui, ce cavalier à pied, la guerre, en entrant.Sous ce regard d'opprobre, le messager vacillant se remit au « garde à vous », les petits doigts sur la couture dupantalon, comme il se doit dans ces cas là.

Il oscillait ainsi, raidi, sur le talus, la transpiration lui coulant le long dela jugulaire, et ses mâchoires tremblaient si fort qu'il en poussait des petits cris avortés, tel un petit chien qui rêve.On ne pouvait démêler s'il voulait nous parler ou bien s'il pleurait.Nos Allemands accroupis au fin bout de la route venaient justement de changer d'instrument.

C'est à la mitrailleusequ'ils poursuivaient à présent leurs sottises ; ils en craquaient comme de gros paquets d'allumettes et tout autourde nous venaient voler des essaims de balles rageuses, pointilleuses comme des guêpes.L'homme arriva tout de même à sortir de sa bouche quelque chose d'articulé : Le maréchal des logis Barousse vient d'être tué, mon colonel, qu'il dit tout d'un trait.

Et alors ? Il a été tué en allant chercher le fourgon à pain sur la route des Etrapes, mon colonel ! Et alors ? II a été éclaté par un obus ! Et alors, nom de Dieu ! Et voilà ! Mon colonel… C'est tout? Oui, c'est tout, mon colonel.

Et le pain ? demanda le colonel.Ce fut la fin de ce dialogue parce que je me souviens bien qu'il a eu le temps de dire tout juste : « Et le pain ? » Etpuis ce fut tout.

Après ça, rien que du feu et puis du bruit avec.

Mais alors un de ces bruits comme on ne croiraitjamais qu'il en existe.

On en a eu tellement plein les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, tout de suite, du bruit, queje croyais bien que c'était fini que j'étais devenu du feu et du bruit moi même.Et puis non, le feu est parti, le bruit est resté longtemps dans ma tête, et puis les bras et les jambes qui tremblaientcomme si quelqu'un vous les secouait de par derrière.

Ils avaient l'air de me quitter, et puis ils me sont restésquand même mes membres.

Dans la fumée qui piqua les yeux encore pendant longtemps, l'odeur pointue de lapoudre et du soufre nous restait comme pour tuer les punaises et les puces de la terre entière.Tout, de suite après ça, j'ai pensé au maréchal des logis Barousse qui venait d'éclater comme l'autre nous l'avaitappris.

C'était une bonne nouvelle.

Tant mieux! que je pensais tout de suite ainsi : « C'est une bien grandecharogne en moins dans le régiment! ».

Il avait voulu me faire passer au Conseil pour une boîte de conserves.

«Chacun sa guerre! » que je me dis.

De ce côté là, faut en convenir, de temps en temps, elle avait l'air de servir àquelque chose la guerre! J'en connaissais bien encore trois ou quatre dans le régiment, de sacrées ordures quej'aurais aidé bien volontiers à trouver un obus comme Barousse.Quant au colonel, lui, je ne lui voulais pas de mal.

Lui pourtant aussi il était mort.

Je ne le vis plus, tout d'abord.C'est qu'il avait été déporté sur le talus, allongé sur le flanc par l'explosion et projeté jusque dans les bras ducavalier à pied, le messager, fini lui aussi.

Ils s'embrassaient tous les deux pour le moment et pour toujours, mais lecavalier n'avait plus sa tête, rien qu'une ouverture au dessus du cou, avec du sang dedans qui mijotait en glouglouscomme de la confiture dans la marmite.

Le colonel avait son ventre ouvert, il en faisait une sale grimace.

Ca avaitdû lui faire du mal ce coup-là au moment où c'était arrivé.

Tant pis pour lui ! s'il était parti dès les premières balles,ça ne serait pas arrivé.Toutes ces viandes saignaient énormément ensemble. Etude : La première partie du Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline montre son personnage-narrateur,Bardamu, engagé volontaire comme simple soldat en 1914.

Cette partie est une féroce dénonciation de l'absurdité etde l'horreur de la guerre.

Le texte que nous devons étudier insiste sur le pathétique de la mort de deux personnes,un colonel et un simple soldat désigné comme le « cavalier à pied ». Ce pathétique apparaît dans la peur qu'éprouve le messager face au colonel.

En effet, ce dernier n'admet aucunrelâchement dans le respect des règles propres à tout militaire puisque « çà le courrouçait ».

Présent au front, touthomme doit se comporter comme à l'exercice avec la tenue réglementaire alors que le cavalier tient son « casque àla main ».

De plus, « le messager vacillant » est mort de peur : « il oscillait (…), la transpiration le long de lajugulaire, et ses mâchoires tremblaient si faire qu'il en poussait des petits cris avortés », il est au bord des larmes.Cette peur émeut le lecteur qui la comprend aisément comte tenu du contexte : le messager et le colonel, debout« sur le talus », sont exposés aux tirs allemands.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles