Voltaire l'ingénu - commentaire: Comment Voltaire s’empare-t-il du registre pathétique pour donner à son roman un dénouement cathartique ?
Publié le 20/06/2023
Extrait du document
«
Comment Voltaire s’empare-t-il du registre pathétique pour donner à son
roman un dénouement cathartique ?
Dans notre extrait Mademoiselle de Saint-Yves, au limite de la mort, se
confesse sur l’adultère qu’elle a perpétué contre son gré.
C’est par l’utilisation du registre pathétique, qui donne lieu à des
scènes hyper réalistes appelées hypotypose de conte, que Voltaire nous
décrit cette scène.
C’est d’abord par l’amour d’une femme envers son amant que Voltaire fait
transparaitre le registre pathétique.
Pour exemple, on relève l’actif « A ce
mot d’épouse, elle soupira » qui montre à quel point Mademoiselle de St
Yves se sent déchirée.
Elle ne peut plus être épouse à cause de ses
péchées mais voudrait l’être.
Dans l’extrait elle « le regarda avec une
tendresse inexprimable », on note également l’utilisation de l’épithète
« inexprimable » faisant référence à l’état d’esprit impénétrable et
inaccessible de Saint Yves.
En effet, le narrateur lui-même ne parvient pas
à nous retranscrire, à nous lecteurs, la réalité de ce que pense St Yves,
tant ses tourments sont grands et de l’ordre de l’indicible.
Ceux-ci, justement, se manifestent par l’adverbe « soudain » dans
la phrase « soudain jeta un cri » qui justifie la précipitation de la douleur
de Saint Yves qu’elle ne semble plus maitriser et l’angoisse que cela
génère chez les autres protagonistes, témoins de ce bouleversement.
D’ailleurs, l’empressement de ses cris fait que l’on ne comprend plus ce
qu’il se passe.
Cette impression de chaos est intensifiée avec
l’énumération suivante « l’accablement et l’expression des sens et les
souffrances suspendues laissent à l’âme sa liberté et sa force ».
Les
émotions se mélangent chez la mourante, la rendant confuse.
Elle ne sait
plus si elle est victime ou bien actrice consentante de ses actes.
La
culpabilité et la souffrance engendrent une contradiction si forte qu’elle
se doit de l’extérioriser.
Ainsi, Voltaire parvient à rendre le lecteur
compatissant du sort de la jeune femme.
Et il pousse ses lecteurs à
nuancer le consentement qu’elle aurait donné.
Pour cela, il montre l’état de confusion intense dans lequel se trouve
St Yves, elle-même doutant de sa version des faits.
Dans l’extrait « ces
paroles tendres et terribles ne pouvaient être comprises », on peut voir
une antithèse qui traduit tout le trouble de la scène que les lecteurs,
ainsi que les protagonistes, vivent.
Dans le même registre, on relève l’antithèse « l’effroi et
l’attendrissement » qui joue sur les contradictions de la malade.
On peut
alors se demander si l’état émotionnel souffrant de St Yves est justifié.
Cependant, Voltaire souligne le « courage » de St Yves lorsqu’elle décide
de s’expliquer.
On comprend alors l’état d’esprit de la souffrante qui ne
parvenait pas à exprimer son mal être tant elle était confuse.
En effet, narrer son traumatisme provoque chez Melle de St Yves de vives
émotions.
On a l’impression qu’elle revit une seconde fois l’incident.
Cette
reviviscence traumatique ne nous permet plus alors de douter de sa
position de victime de viol.
On découvre également le thème de la famille vu par Voltaire.
En
effet, Il nous montre l’importance du foyer à son époque.
Il réussit à nous
le prouver à travers les 3 juxtapositions portant sur le champ lexical de
la famille, « Sa tante, (…), Son frère (..), son amant ».
Ces derniers sont
présents et semblent encadrer la mourante, la soutenir.
De plus
l’hyperbole « qu’il baignait de larmes » illustre la tristesse de son amant
qui paraît prêt à lui pardonner tous ses....
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