Vietnam (1980-1981): Les difficultés de la paix

« Vietnam (1980-1981): Les difficultés de la paix Moins dramatique qu'en 1979 (année qui fut marquée par l'occupation du Kampuchéa par l'armée vietnamienne et par l'attaque chinoise sur la frontière nord), la situation économique du Vietnam en 1980 a encore été fort difficile et les autorités gouvernementales ont reconnu officiellement que les objectifs du second plan quinquennal (1976-1980) n'avaient pas été atteints et de loin.

Mais, faute de statistiques, il est difficile de donner une description précise de cette situation. Il faut évidemment tenir compte des séquelles durables de quarante années de guerres pratiquement ininterrompues, mais aussi des problèmes qui se posent dans la moitié sud du pays.

Après la victoire militaire de 1975, la réunification du Vietnam, coupé en deux depuis 1954, a constitué évidemment un changement capital.

Mais il a été suivi par l'arrêt de l'aide financière et alimentaire que les États-Unis versaient depuis deux décennies au gouvernement de Saigon (cette aide couvrait 93% des importations à usage civil du Sud-Vietnam).

Le Nord-Vietnam déjà très pauvre (son PNB par habitant est de 150 à 170 dollars par an) n'a pu prendre en charge qu'une partie des besoins de la population du Sud, besoins gonflés par l'urbanisation et la diffusion de certaines formes de la "société de consommation".

Aussi, pour la population du Sud et surtout pour celle des villes, le changement de régime s'est traduit par de multiples frustrations (arrêt de la quasi-totalité des importations) et par un grand désarroi idéologique, particulièrement sensible dans les classes moyennes. Aux difficultés économiques se sont ajoutées les difficultés politiques: plusieurs dizaines de milliers de personnes, surtout des cadres de l'ancien appareil d'État saigonais (policiers, officiers, notables), se trouvent dans des "camps de rééducation".

La libération de ces personnes, solution de ce problème pénible (séquelle de vingt ans de guerre civile), se trouve compliquée et retardée par le conflit avec le gouvernement de la République populaire de Chine, qui s'est efforcé depuis 1975 de créer toutes sortes de difficultés au gouvernement vietnamien, en soutenant des réseaux anti-communistes et en suscitant l'opposition de l'importante minorité chinoise (Hoa) qui se trouve au Vietnam. L'exode de plusieurs centaines de milliers de personnes, surtout à partir de 1978, qui s'est déroulé dans des conditions particulièrement dramatiques (ce sont les tristement fameux "boats people"), traduit pour une part les difficultés économiques et politiques que connaît la partie sud du Vietnam.

Mais il résulte aussi des mots d'ordre de départ donnés aux Chinois du Vietnam par le gouvernement de Pékin, et transmis par le réseau de multiples associations chinoises.

Certes, les mesures de nationalisation des grandes entreprises commerciales (et industrielles) ont particulièrement touché de riches Chinois de Saigon, mais les Chinois du Nord-Vietnam, qui vivaient pourtant depuis vingt ans dans des structures socialistes, ont été aussi poussés à l'exode. La mise en place des structures socialistes a été ralentie ou différée au Sud-Vietnam, et à Saigon le petit commerce privé continue de jouer un rôle considérable, les petites entreprises artisanales se regroupant dans des coopératives qui ne lèsent guère les intérêts privés des patrons qui y. »