Vénézuela (1983-1984)
Publié le 30/09/2020
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Vénézuela (1983-1984)
Au Vénézuela, l'année 1983 s'est achevée sur une imposante victoire du parti
social-démocrate Action démocratique (AD) aux élections générales du mois de
décembre.
Le "partido del pueblo" a remporté 49,97% des suffrages exprimés et
son candidat, M.
Jaime Lusinchi, a recueilli une majorité absolue de voix:
56,81% contre 34,5% à son principal adversaire, M.
Rafaël Caldera, fondateur du
parti social-chrétien COPEI.
Ce dernier a reculé, et de façon spectaculaire,
pour la première fois de son histoire.
Par ce geste, les électeurs ont
sanctionné la gestion économique et sociale de l'ancien président M.
Luis
Herrera Campins (décembre 1978-décembre 1983), dont la politique d'inspiration
néo-libérale a eu des effets désastreux, en dépit des correctifs appliqués en
fin de parcours.
Le produit national brut, après avoir stagné pendant quatre années consécutives,
a subi en 1983 un recul de 2% tandis qu'on assistait à une montée en flèche du
chômage, qui touche 20% de la population active, estimée à 5 millions de
personnes.
Le pays a traversé par ailleurs une grave crise financière, causée à
la fois par la baisse des revenus pétroliers (14,1 milliards de dollars en 1983
contre 15,6 milliards en 1982 et 19 milliards en 1981) et par l'évasion massive
de capitaux pratiquée par une bourgeoisie peu soucieuse de l'intérêt nationale.
C'est précisément pour y mettre un terme que fut instauré, le 18 février 1983,
qualifié par la presse de "vendredi noir", un contrôle des changes qui a
signifié une dévaluation implicite de la monnaie, du fait de l'adoption d'une
triple cotation du bolivar par rapport au dollar.
Cette mesure visait également
à rétablir la confiance des milieux bancaires à l'égard du Vénézuela, dont la
dette extérieure a grossi jusqu'à atteindre quelque 30 milliards de dollars sur
lesquels la moitié était remboursable à court terme.
Les créanciers, devant
l'argument selon lequel 1983 était placé sous le signe d'une intense campagne
électorale, se sont montrés compréhensifs en accordant quatre moratoires
successifs, renvoyant à 1984 la perspective d'un règlement, mais exigeant la
mise en application des recettes d'austérité dictées par le Fonds monétaire
international.
Les autorités se sont refusées à accepter cette "cure" et le
nouveau chef de l'État, M.
Jaime Lusinchi, s'est fait fort d'obtenir la
renégociation de la dette en des termes favorables sans se soumettre au FMI.
Du programme de gouvernement élaboré par l'AD, et approuvé par la Confédération
des travailleurs du Vénézuela (CTV), puissante organisation syndicale sur
laquelle les sociaux-démocrates ont la haute main, trois objectifs principaux se
dégageaient: obtenir une relance rapide de l'économie en misant sur le secteur
agricole et agro-industriel en vue de réduire les ruineuses importations
alimentaires, et sur le bâtiment ; remodeler le secteur public moyennant le
transfert au privé de certaines entreprises les plus déficitaires, parmi les 400
nationalisées dont dépendent 70% du PNB et où règnent souvent la corruption et
la gabegie ; mettre en oeuvre enfin un "pacte social" entre représentants de
l'État, chefs d'entreprises et travailleurs afin de répartir de façon plus égale
le poids des "sacrifices" que la difficile conjoncture va exiger.
Bien qu'ils
soient confrontés pour la plupart d'entre eux à de sérieux problèmes touchant à
l'éducation, à la santé, au logement, à la malnutrition, les Vénézuéliens, y
compris ceux que l'on appelle les "marginaux" agglutinés à la périphérie des
villes surpeuplées, continuaient de faire confiance aux deux grandes formations
centristes sur lesquelles ils concentrent alternativement leurs votes, mettant.
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