Vatican (1994-1995)

« Vatican (1994-1995) A mesure que son âge avançait, Jean-Paul II (soixante-quinze ans) a semblé très préoccupé de laisser une trace sur les questions lui tenant à coeur.

Après avoir publié un livre d'entretiens à l'automne 1994 (Entrez dans l'espérance), il a successivement rendu publiques deux encycliques (en mars et en mai 1995). Dans la première (Evangelium Vitae, "Évangile de la vie"), il revient notamment sur la question de l'ordre moral et de ses rapports avec la loi civile.

Il y dénonce une nouvelle fois l'euthanasie, la contraception et l'avortement qui illustrent à ses yeux la "culture de mort" qui se serait emparée des sociétés modernes. La seconde encyclique (Ut unum sint, "Que tous soient un"), publiée peu avant une rencontre avec le patriarche orthodoxe Bartholomée Ier de Constantinople (le 27 juin), présente un intérêt géopolitique certain.

Il y est question de la réunification des Églises chrétiennes (catholiques, protestants, orthodoxes). Elle semble accepter que la primauté du pape soit mise en débat.

Cette prise de position n'a pu cependant suffire à gommer les fortes irritations suscitées - notamment dans l'orthodoxie - par le caractère offensif de certaines interventions papales en direction des chrétiens d'Europe centrale et orientale. La guerre dans l'ancienne Yougoslavie n'aura fait qu'aviver les tensions.

Les Croates sont majoritairement de culture catholique, les Serbes majoritairement orthodoxes et la diplomatie vaticane n'est pas restée inactive dans la période qui a vu la Fédération yougoslave éclater.

Les Églises protestantes ont à plusieurs reprises également exprimé leur exaspération.

En mai 1995, au risque de raviver le souvenir des guerres de religion, Jean-Paul II a ainsi, dans un voyage en République tchèque, canonisé Jan Sarkander, prêtre de la recatholisation lors de la guerre de Trente Ans, qui avait été torturé à mort par les protestants.. »