Uruguay (1983-1984)
Publié le 30/09/2020
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Uruguay (1983-1984)
Avec le retour des civils au pouvoir à Buenos Aires en décembre 1983, l'Uruguay
a considéré que l'heure de la démocratie avait sonné: les Uruguayens voulaient
faire sauter les derniers verrous imposés par le gouvernement du général
Alvarez, qui entendait restaurer une démocratie au rabais à l'occasion des
élections de novembre 1984.
Depuis le rejet de la Constitution présentée par les
militaires lors du referendum de novembre 1980, l'opposition au régime n'a cessé
de s'amplifier.
Montevideo a connu en 1983 des journées de protestation avec
concerts de casseroles "à la chilienne" qui ont été les rassemblements les plus
importants jamais réalisés dans le pays.
Ce cycle de "protestas" a culminé le 18
janvier 1984 avec une grève générale massivement suivie à l'appel des syndicats
regroupés dans le PIT (Plénum intersyndical des travailleurs).
L'opposition civile a été à l'offensive jusqu'au scrutin de novembre 1984.
La
bataille s'est déroulée sur le front social, contre la politique économique
ultra-libérale du gouvernement (20% de chômage, une dette extérieure de 4,3
milliards de dollars) et sur le front politique pour la démocratisation.
Les
deux formations traditionnelles, le Parti colorado et le Parti blanco, ont pu
tenir leurs conventions nationales.
Mais les partis de gauche de l'ancien Frente
amplio étaient toujours exclus du jeu politique.
Au début de l'année 1984, la
bataille politique s'est élargie à la liberté d'expression (levée partielle de
la censure en février), puis à l'amnistie.
La libération de certains détenus
politiques, comme le général Seregni, ancien candidat du Frente amplio aux
élections de 1971 (il devait faire connaître, après sa libération sa candidature
aux élections présidentielle de novembre 1984), est apparue comme une concession
de dernière minute (mais de nombreux détenus politiques restaient emprisonnés,
parmi lesquels plusieurs des leaders historiques du MLN-Tupamaros, dont Raúl
Sendic, soumis à des conditions de détention effroyables).
A chacun de ces coups
de boutoir en faveur de la démocratie, les autorités ont menacé de modifier le
calendrier politique établi en 1982: on prêtait même au général Alvarez
l'intention de se maintenir au pouvoir au-delà du 1er mars 1985.
Mais ce voeu
allait à l'encontre des positions d'une fraction croissante des Forces armées,
consciente de l'incapacité du régime à gérer l'économie, et désormais favorable
à un retour rapide des civils à la tête du pays..
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