Ukraine (1992-1993): Au milieu du gué
Publié le 30/09/2020
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Ukraine (1992-1993): Au milieu du gué
Au début de l'été 1993, l'Ukraine se débattait dans une grave crise économique
et sociale.
Le pays, qui alignait le déficit budgétaire le plus important de
toutes les républiques de l'ex-URSS (près de 37% du produit national brut), ne
parvenait pas à endiguer une hyperinflation (500% mensuels) galopante qui avait
fait suite à l'effondrement du "karbovanets".
Les hypothèses planant sur la vie
politique (affrontements entre un gouvernement "réformateur" et un Parlement
"conservateur" élu en 1989, confrontation entre le président de la République et
le Premier ministre, tensions régionales et nationales), loin d'être levées,
pesaient plus lourdement encore sur l'avenir du pays.
Le 7 juillet 1992, la
confrontation avec le Premier ministre rebondit lorsque le président Leonid
Kravtchouk critiqua le nouveau projet de hausse des prix de l'énergie.
Mais, le
même jour, alors que la tension restait grande en Crimée, après le refus de la
majorité des officiers de la flotte de la mer Noire d'accepter l'accord passé
entre les présidents russe et ukrainien concernant son partage, 17 juin 1993, un
large consensus se dégagea pour déclarer l'Ukraine "État nucléaire".
Au début juin 1993, les 250 puits de charbon du Donbass, en Ukraine orientale,
furent paralysés par une grève des mineurs de fond.
Le mouvement, qui couvait
depuis la décision des autorités d'augmenter massivement (de 2 à 3 fois) les
prix de l'énergie, avait pour but d'accélérer les réformes.
Cette région
russophone a vu sa production baisser d'un tiers en quatre ans, dans un bassin
aux installations obsolètes et de moins en moins rentables.
A partir de 1989, la
corporation des mineurs a régulièrement exprimé son mécontentement par de
nombreux arrêts de travail.
Le 17 juin, dix jours après le début de la grève, le
Parlement ukrainien accédait à l'une des revendications des grévistes: le 26
septembre 1993, un référendum de confiance au président de la République, Leonid
Kravtchouk, et au Parlement devait être organisé.
Un référendum "de confiance"
Mais le doute s'est installé quant aux intentions du pouvoir.
Le Soviet suprême
(Parlement) de Kiev a en effet décidé de donner au référendum un caractère
"consultatif".
Les mineurs sont également restés sceptiques face aux promesses
du président qui a pris, à la suite du décret déclarant "l'état d'urgence
économique", tous les pouvoirs en matière économique, pendant que le Premier
ministre, Leonid Koutchma, était nommé à la tête d'un "comité extraordinaire"
chargé des problèmes de l'économie ukrainienne.
Dans les mois qui ont suivi son indépendance (août 1991), l'Ukraine a cultivé
l'image d'un État stable et mesuré, en particulier lors de la campagne pour le
référendum sur l'indépendance (1er décembre 1991).
Les votants se prononcèrent à
plus de 90% en faveur de l'indépendance et élirent (61,6%) Leonid Kravtchouk,
ancien "numéro un" du Parti communiste ukrainien à la présidence du nouvel État.
La république dont on se plaisait, à Kiev, à opposer la constance et le sérieux
à l'instabilité et à la futilité de la Russie, semblait offrir toutes les
apparences du bien-être, à la différence de son puissant voisin plongé dans la
pénurie, puis dans les affres de la thérapie de choc impulsée par les réformes
économiques de Egor Gaïdar; "grenier à blé de la Russie" dotée d'une puissante.
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