Turquie (2001-2002): Entre rigidité et adaptation aux critères européens
Publié le 30/09/2020
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Turquie (2001-2002): Entre rigidité et adaptation aux critères européens
Derrière les deux questions qui, en 2001-2002, ont dominé l'actualité turque, la
crise économique et les relations avec l'Union européenne (UE), se profilait un
enjeu de continuité politique : la Turquie pouvait-elle encore opposer
l'exception nationale et la prééminence d'un État autoritaire aux injonctions de
libéralisation de ses interlocuteurs en matière économique (FMI, Banque
mondiale) et politique (UE) pour prix d'une aide indispensable à son
développement ? La crise économique en cours figurait pour la Turquie un état de
quasi-cessation de paiements, où l'économie ne peut plus fonctionner sans une
nouvelle aide extérieure massive, malgré le prometteur plan de stabilisation du
FMI de décembre 1999 (aide de 15 milliards de dollars).
Deux ébranlements
successifs (novembre 2000 et février 2001) ont révélé la défaillance d'un
système bancaire dont l'État se portait caution et qu'il a dû recapitaliser
d'urgence, entraînant une chute de plus de 50 % de la livre turque, la panique
des petits épargnants, une fuite des capitaux estimée à 7 milliards de dollars
et l'annonce de 20 milliards de dollars de pertes par les banques d'État sur
crédits subventionnés.
Ni la capacité productive du pays ni les entrepreneurs
n'étaient en cause mais, pour la première fois, l'État lui-même, qui s'est
accommodé de forts déséquilibres (inflation, déficit public) et a géré
l'économie de manière corruptive et «politicienne».
À partir d'arguments
financiers, c'est un fonctionnement politique qu'incriminent ses partenaires
étrangers, déjà sensibles aux questions de droits de l'homme, de libertés
individuelles et d'absence d'État de droit.
La réponse à la quête d'argent frais a été la mise en place d'un
«super-ministère» de l'Économie et des Finances confié à Kemal Dervis,
vice-président de la Banque mondiale, qui, en quinze réformes, le 14 avril 2001,
a proposé l'indépendance de la Banque centrale (adoptée le 25), une nouvelle loi
bancaire (12 mai), la privatisation de grandes firmes d'État (compagnie aérienne
et Telekom, en avril-mai), la transparence des finances publiques et une
diminution drastique des subventions d'État.
L'accord n'a été trouvé au sein de
la coalition au pouvoir, fin juillet 2001, qu'au prix de la démission de
ministres (Privatisations et Transports) et d'administrateurs (Telekom).
Le FMI
a pesé dans la décision, alternant promesses et menaces.
De fait, l'effort a
restauré la confiance, inversé les tendances, avec une réévaluation régulière de
la monnaie jusqu'au début 2002 face au dollar, permettant au FMI de réinjecter
d'abord 3 milliards de dollars (28 novembre) puis d'annoncer (4 février 2002) un
nouveau programme, sur trois ans, de 16,5 milliards, dont 9 immédiatement
cessibles.
Cette bouffée d'air faisait néanmoins de la Turquie un pays
surendetté (dette interne évaluée à 57 % du PIB et dette externe à 116 milliards
de dollars en 2001), avec une santé économique encore incertaine.
Les chiffres
définitifs de 2001 pointaient une chute du PIB de - 6,2 % et une inflation de 65
%, compensées par un essor des exportations de 15 %.
En mai 2002, c'est au
contraire une hausse imprévue de la production industrielle (+ 18,7 %) qui
faisait espérer une croissance globale de 3,5 % pour 2002.
Et, déjà, le FMI
recommandait une diminution des effectifs du secteur public de 100 000 postes.
Un rôle de stabilisateur régional.
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